mercredi 22 mai 2024

Nos musées fédéraux : Thomas Dermine et ses promesses !

Le gouvernement fédéral dit Vivaldi est dirigé par le premier ministre Alexandre De Croo depuis le 1er octobre 2020.

Onze jours après sa formation, Le Vif publie une tribune de la Ligue des Usagers Culturels (L.U.C.) intitulée « Quatre propositions pour mieux respecter les visiteurs des musées fédéraux » : http://la-luc.blogspot.com/2020/10/quatre-propositions-pour-notre-nouveau.html

Le nouveau secrétaire d’état Thomas Dermine (PS) qui est chargé des musées fédéraux nous indique par écrit à plusieurs reprises qu’il a l’intention de concrétiser deux d’entre-elles (propositions 1 et 4). Nous relayons au public à plusieurs reprises avec grande satisfaction son positionnement.

À la veille des élections suivantes du 9 juin 2024, il est temps de dresser son bilan. Celui-ci ne nous semble pas bon. Et vous, chers lecteurs, qu’en pensez-vous?

Il ne s’agit pas pour nous ici de nous opposer à un parti précis. Nous l’avons constaté : le PS belge a déjà, à plusieurs reprises, conquis des droits pour les usagers culturels.

En général, tous nos partis démocratiques aiment les droits du public culturel, du moins en théorie. Lorsqu’on passe à la pratique, c’est souvent plus compliqué.

 

Attente de l’arrivée du représentant du cabinet du secrétaire d’État Thomas Dermine… pour un bien bref entretien de 30 minutes afin de débattre de neuf sujets différents.

Le 10 mars 2024, nous envoyons une liste de neuf questions à Monsieur Dermine (étape A).

Les échanges dureront plus de deux mois, s’achevant abruptement au moment où le vrai débat contradictoire pouvait enfin se dérouler (c’est du moins notre avis). 

Dix jours après le premier envoi, nous envoyons un rappel auquel son conseiller «Politique Scientifique » nous répond : « Nous avons bien reçu votre message. Je vous propose d'en discuter avec vous au Cabinet. L'une des dates suivantes vous conviendrait-elle ? Le 10, 11 ou 12 avril, chaque fois à 10h30 ». 

Nous aurions préféré des réponses écrites à nos questions souvent complexes et argumentées. Ce n’est pas le choix de notre interlocuteur.

C’est donc le 10 avril 2024 que nous nous rendons au cabinet, au 61, rue Ducale. Dans une salle vide (voir notre photo), à 10H30, nous avons le temps de préparer tous nos documents et de savourer un café. Un quart d’heure plus tard, un membre du cabinet nous rejoint mais ce n’est pas la personne avec qui nous avons échangé jusqu’à présent. Notre hôte tient en main une série de feuilles de papiers qu’il compulsera au cours de l’entretien (si ce sont les réponses à nos questions, pourquoi ce texte ne nous a-t-il pas été envoyé ?). Il nous demande d’excuser son confrère qui a eu un empêchement en dernière minute. 

Nous nous attendions à un entretien d’une heure environ. Il ne durera qu’une demi-heure (de 10H45 à 11H15 précisément) et commencera par une demande de présentation de la L.U.C. qui aboutira sur un questionnement précis sur notre représentativité : « Combien avez-vous de membres en règle de cotisation ? ».

Nous répondrons avec un grand sourire que notre ASBL née en juin 2010 est composée de bénévoles et que nous n’avons pas de compte en banque, vu la difficulté croissante pour le monde bancaire d’accepter de travailler avec le secteur non marchand. Et que notre façon de faire n’a rien d’illégal. 

Il resta donc environ vingt minutes pour susciter les réponses du cabinet à nos neuf questions complexes dont celui-ci avait eu connaissance par écrit un mois plus tôt. Pas exactement vingt minutes, car l’entretien sera interrompu plusieurs fois, notre interlocuteur étant rappelé à diverses reprises au téléphone pour qu’il se hâte de se présenter ailleurs où il est attendu.

Dès le lendemain, nous envoyons un courriel au cabinet avec notre mise par écrit des réponses qui nous ont été faites de vive voix, et demandons son accord pour les publier. Bien entendu, nous sommes preneurs pour toute rectification ou ajout (étape B).

Le 25 avril 2024, le cabinet nous fait parvenir des réponses écrites bien plus détaillées (étape C). Celles-ci méritent de nombreuses réactions de notre part. Nous les envoyons le 29 avril en espérant qu’enfin, un débat contradictoire va démarrer (étape D).

Notre envoi reste sans réaction. Il est vrai qu’il faut un certain temps de travail pour préparer des réponses à nos nouvelles remarques pointues, et parfois incisives… Le 13 mai 2024, nous envoyons un rappel poli. 

Le 14 mai 2024, le cabinet Dermine nous répond : « Je crains que nous n’ayons pas la capacité dans les prochaines jours et semaines pour refaire une boucle par rapport aux sujets ci-dessous.

Cela est lié au grand nombre de dossiers encore à traiter avant la fin de la législature ainsi que l’absence imprévue de certains collaborateurs. Nous espérons néanmoins que les réponses apportées lors de nos échanges par mail ou en présentiel permettront de bien préparer le bilan. Merci d’avance pour votre compréhension » (étape E).

Pour chacune de nos neuf questions, voici donc les différents échanges. Chacun de nos lecteurs en tirera les conclusions que la lecture leur inspire.

Nos quatre propositions publiées par Le Vif, nous les avions rédigées après les élections précédentes. Tirons en 2024 un enseignement du peu d’effet qu’elles ont eu depuis lors dans la vie de nos musées fédéraux. Ainsi, avant les élections du 9 juin 2024, nous avons demandé à chacun de nos six principaux partis francophones de se positionner sur chacune de celles-ci et nous serons très attentif au volet culture de la prochaine coalition fédérale. 

Voici les différentes étapes de (parfois non) réponses pour chacune de nos neuf questions. Avec, chaque fois, les cinq étapes (A, B, C, D et E).

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1 : Audioguide : dans le prix du ticket 

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Le MIM est un de rares musées où il est souhaitable que la location de l’audioguide soit incluse dans le prix du ticket.

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Il faut savoir que les musées fédéraux belges ne choisissent pas eux-mêmes leur tarification. C’est le membre du gouvernement fédéral chargé de cette matière qui les décide.

Bonne nouvelle : le Secrétaire d’État Thomas Dermine acte la réintroduction dans le prix d’entrée de l’utilisation des guides multimédias au musée des Instruments de Musique (MIM) par un arrêté ministériel signé le 12 février 2021 : http://la-luc.blogspot.com/2022/03/audioguide-dans-le-prix-du-ticket.html

Voici le problème ainsi résolu.

Rendons-nous compte que les ingrédients culturels qu’il convient d’indiquer au public peuvent être innombrables.

Certains parmi eux peuvent avoir une grande importance mais ne concerner que l’activité d’un seul ou de quelques très rares diffuseurs. Ainsi, l’exemple suivant de l’audioguide pour admirer des instruments de musique.

D’abord, de façon plus générale, les musées doivent-il préférer faire payer l’audioguide en supplément ou l’intégrer au prix du ticket d’entrée ?

Certains visiteurs n’ont pas toujours envie de l’utiliser. De plus, le nombre de langues différentes dans lesquelles les audioguides sont disponibles est en général limité.

Si vous ne connaissez qu’une langue, non disponible dans la gamme des audioguides proposés, vous payez pour un service qui ne vous est pas rendu ?

Michel Draguet, le directeur général des musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) reconnait que le prix de l’entrée à l’exposition Andres Serano (14,50 euros) est « cher pour une famille ou des particuliers » dans un entretien qu’il accorde à Jonas Legge pour La Libre du 3 septembre 2016. Et d’ajouter « Et n’oubliez pas que ces 14,50 euros comprenaient un audio guide ». Au journaliste qui lui rétorque que les visiteurs dans d’autres institutions peuvent louer l’audioguide à part, pour 4 ou 5 euros, et ainsi avoir le choix, Michel Draguet déclare de façon étonnante : « Ce qui fait qu’on atteint les mêmes tarifs » … semblant oublier que l’on peut visiter une exposition sans ce soutien sonore, et donc économiser ce coût de location.

Et d’ajouter : « Inclure l’audioguide dans le prix du ticket, cela me paraît aussi évident que de payer une place au cinéma et d’avoir le son et l’image ». En attendant, ce directeur général a utilisé l’argument de l’audioguide pour justifier la cherté du ticket de son exposition.

Il n’est pas le seul à utiliser ce filon et peut-être s’est-il inspiré de l’expérience du Château de Versailles ? Rudy Dejardin publie sur le site de France Télévisions, le 8 avril 2023, l’article « Musées hors de prix ?» où il rappelle que cette institution patrimoniale majeure expliquait qu’en 2006, une hausse de 7,50 euros de son ticket était due à « l’intégration de l’audioguide dans le ticket ». Il est vrai que cette évolution tarifaire se justifiait aussi par de grands travaux de restauration qui ont accru « significativement » le parcours des visites. 

Mais à toute situation, ses exceptions. Par exemple, lorsque l’usage de ce guide sonore s’avère vraiment indispensable à la visite. Alors, il est utile que le prêt de l’audioguide soit comptabilisé dans le prix du ticket, car sinon des visiteurs pourraient ne pas prendre conscience de ce fait et donc ne pas louer l’audioguide pour, ensuite, le regretter amèrement durant la visite.

Le musée des Instruments de Musique (MIM) est un exemple significatif de cette éventualité.

L’audioguide y a été pendant de nombreuses années inclus dans le prix du ticket et cela se justifiait. En effet, il était, et reste d’ailleurs, indispensable pour découvrir les sons des instruments exposés en vitrines. Sans l’écoute de ceux-ci, la visite n’a plus que peu de sens. La directrice de cette institution, Alexandra De Poorter, à juste titre, déclara à Isabelle Plumhans pour un article publié par L’Écho du 13 septembre 2017, qu’ils sont « essentiels ». 

D’ailleurs le slogan de cette institution était « Vous allez voir ce que vous allez entendre ». Celui-ci fut retiré du site internet du MIM sans explication. Pourquoi ? Constatons que lorsque de nouveaux audioguides seront mis en service en 2018, ce musée rendra de façon étonnante leur usage facultatif. La location de ceux-ci coûtera désormais 2 € (en plus du ticket d’entrée qui a fortement augmenté au cours des années qui précédèrent cette évolution).

Ne s’agit-il pas là d’une nouvelle augmentation, indirecte et discrète, de la tarification ?

Le plus affligeant reste que ce fait de rendre facultatif un service indispensable nuit au bon déroulement de la visite pour le public qui ne loue pas l’audioguide. 

Heureusement qu’il existe souvent dans le personnel des institutions culturelles des individualités soucieuses d’un accueil honnête des usagers. Ce fut le cas au MIM. Le nouveau dépliant indiquait simplement « + € 2 audioguide ». Suite à notre constat de la non information au public du caractère indispensable de cette location, le dépliant sera modifié lors de sa réimpression par l’ajout de l’adjectif «conseillé » et deviendra donc « + € 2 audioguide (conseillé) ». Un seul mot en plus, mais qui fait (un peu) évoluer la donne.

Cette réflexion se retrouve dans la « carte blanche » publiée sur près de deux pages dans La Libre, le 12 septembre 2017, sous le titre « Le MIM a retiré ses audioguides: Et le respect du visiteur ? » : https://www.lalibre.be/debats/opinions/2017/09/12/le-mim-a-retire-ses-audioguides-et-le-respect-du-visiteur-opinion-GTOAU27ARRAK3J27XQ3FIXQOLA/

Bien plus tard, ce texte portera ses fruits grâce au Secrétaire d’État chargé de ces matières, Thomas Dermine, qui réintroduit dans le prix d’entrée l’utilisation des guides multimédias au MIM par un arrêté ministériel signé le 12 février 2021. Bravo !

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Confirmation que c’est la décision du secrétaire d’État d’avoir introduit dans le prix d’entrée l’utilisation de l’audioguide car celui-ci est indispensable afin que la visite du MIM se passe de façon adéquate.

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

La discussion dans un contexte plus large porte sur la question de savoir ce qui fait partie intégrante d'une visite de musée ou non (ce qui est essentiel pour avoir une visite complète du musée).

Par exemple, un audioguide pour l'expérience des instruments de musique est un élément essentiel d'un musée d'instruments de musique. Un audioguide pour une exposition temporaire avec des explications supplémentaires sur les œuvres exposées (en plus des textes souvent déjà apposés sur les murs) l'est moins.

Pour le MIM, il a été précisé que les audioguides sont inclus dans le prix du billet. Au MRBAB, vous payez 4 euros de plus pour l'audioguide du circuit des Oldmasters ou du musée Magritte. La logique est que les audioguides ne sont actuellement pas un élément essentiel de la visite d'un musée. Il est donc préférable de ne pas les inclure dans le prix du billet afin que les visiteurs puissent choisir de prendre cet "extra" ou non.

De nombreuses personnes trouvent que la visite des œuvres se fait très bien sans audioguide. 

D : Le 29 avril 2024, la L.UC. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

On est bien d’accord sur ce sujet. Merci !

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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2 : Le Code des Usagers Culturels

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Déjà, en 2007, le patron des MRBAB souscrivait avec ses services aux 15 droits du Code de respect des Usagers Culturels qui venait d’être créé en Fédération Wallonie-Bruxelles au cours de l’année précédente.

 

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Dans nos propositions, vous êtes particulièrement intéressé par deux thématiques dont celle du Code des usagers culturels. 

À plusieurs reprises vous nous l’indiquez (I, II, III). 

I : D’abord dans un courrier que vous nous envoyez le 13 décembre 2021 et auquel nous consacrons l’article suivant : 

http://la-luc.blogspot.com/2021/12/thomas-dermine-secretaire-detat-mon.html

II : Par la suite, vous nous indiquez comment vous préparez sa concrétisation :

« Nous avons également élaboré, à l’issue d’un processus participatif avec toutes les entités de BELSPO, un projet de Contrat d’administration.

Ce contrat prévoit, parmi un grand nombre de réformes visant une meilleure efficience du Département dans son ensemble, le développement d’une fonction de soutien à la politique des publics et des collections de nos musées.

Il s’agit donc d’offrir, au niveau de l’administration centrale, un appui aux Directeurs généraux à la tête des musées, pour améliorer la gestion de leurs publics et celle de leurs collections.

Le plan de personnel du SPP Politique scientifique prévoit déjà le recrutement de personnel pour remplir cette fonction.

Une fois ces personnes recrutées, nous les chargerons de travailler, en réseau avec les musées, aux différents chantiers que vous citez et qui, en effet, me paraissent importants : charte des usagers, livre d’or, … Les conseils des associations d’usagers comme la vôtre seront bien entendu très précieux.

(…) S’agissant des points que vous citez, et qui sont spécifiques à l’un ou l’autre musée, je me permets de vous renvoyer vers leur Directeur général.

Vous pouvez déduire mon point de vue sur ces questions de mon adhésion aux 15 premiers engagements du Code des usagers culturels ». 

III : Enfin, répondant à une question écrite datée du 06/12/2022 (n° 181) du parlementaire Nicolas Parent (ECOLO), vous annoncez la rédaction d’une charte des utilisateurs « comme il en existe en Communauté française, avec les responsables des musées et les associations représentant les utilisateurs ».

En décembre 2022, la Fédération Wallonie-Bruxelles republie et donc pérennise avec une nouvelle mise en page, sur son site « culture.be », le texte composé de 15 points de ce Code des usagers culturels qui fut créé seize ans plus tôt : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

Comme votre cabinet me l’a suggéré, j’ai rencontré longuement le Président du Comité de Direction de BELSPO, Arnaud Vajda, le lundi 6 février 2023, pour approfondir notamment ce sujet. 

Depuis lors, donc voilà plus d’un an, je n’ai plus reçu aucune invitation ou information sur ce sujet, ni de la part de votre cabinet, ni de Monsieur Vajda. 

Puisque c’est bien vous le Secrétaire d’État et que vous tenez à cet objectif, vous serait-il possible de m’indiquer où en est actuellement l’élaboration de ce Code ? S’il se prépare avec des « associations représentant les utilisateurs » ou des experts en la matière ? Lesquels ? Et surtout si ce Code sera prêt, et d’application avant la fin de la présente législature ?

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Il faut savoir qu’au niveau de l’administration centrale de BELSPO (https://www.belspo.be/belspo/organisation/about_fr.stm), a été créé depuis 2023 un appui aux Directeurs généraux à la tête des musées afin d’améliorer la gestion de leurs publics et celle de leurs collections. C’est par ce biais que se concrétisera l’adaptation du Code des usagers culturels, de façon transversale. Ainsi, il s’agira d’un même Code à respecter par chaque musée fédéral.

Confirmation que ce Code sera opérationnel fin 2024.

Maintien, pour cette élaboration, de l’adhésion du secrétaire d’État aux 15 premiers engagements du « Code des usagers culturels » qui existe depuis 2006 en Fédération Wallonie Bruxelles (https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf). 

Pour le secrétaire d’État, cette préparation doit se réaliser avec « les conseils des associations d’usagers comme la vôtre (Il parle de la L.U.C.) qui seront bien entendu très précieux ».

En revanche, aucun détail précis sur le timing de cette préparation qui doit aboutir d’ici la fin 2024, ni sur comment concrètement, et quand, les associations (ou experts ?) se verront impliquées dans ce processus.

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

Il s'agit d'une question légitime : nos musées savent bien indiquer les devoirs des visiteurs, mais moins leurs droits.

Bien entendu, le droit général de la consommation s'applique également aux visiteurs des musées, mais la question est de le préciser.

L'utilisation d'un code général des droits des usagers, comme en Wallonie, pourrait être une source d’inspiration.

Depuis la dernière conversation évoquée par M. Hennebert (janvier 2023), Belspo n'est pas resté inactif. En 2023, tout était prêt pour créer une nouvelle direction générale « Publics et Collections ». Celle-ci a démarré en janvier 2024.

En mars 2024, un plan opérationnel est approuvé pour l'ensemble de Belspo, incluant des objectifs spécifiques pour la DG P&C.

L'un d'entre eux est « Développer une nouvelle approche à l’égard du public de nos institutions, inclusive et proactive, visant à les intégrer comme partie prenante de la recherche et de la valorisation » avec comme objectif poursuivi «Entamer une réflexion transversale sur les publics » et comme objectif opérationnel « Analyse de façon pluridisciplinaire l’accueil et la gestion de nos publics, y inclus l'offre commerciale ». L'action présentée comme la plus urgente est « Créer une charte des utilisateurs », à réaliser d'ici fin 2024.

C'est donc imminent, et pour tous les ESF. Pour ce faire, la contribution des médiateurs culturels des ESF sera également incluse.

D : Le 29 avril 2024, la L.U.C. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

On est bien d’accord sur ce sujet. Mais il manque trois précisions. Pourriez-vous nous les donner ?

I : Tant Michel Draguet que le secrétaire d’État Dermine dans leurs écrits respectifs souhaitent la reprise des « 15 premiers engagements du Code des usagers culturels » (que vous retrouvez ici : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf).

Dans votre réponse, vous parlez d’une « Charte des utilisateurs ». S’agit-il bien de la reprise des points 1 à 15 du Code des usagers culturels ?

II : Le secrétaire d’État Dermine a indiqué au parlementaire Nicolas Parent que ce travail serait fait avec « les responsables des musées et les associations représentant les utilisateurs ».

Dans votre réponse, vous n’indiquez qu’une contribution des médiateurs culturels des ESF, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. 

Des associations représentants les usagers et/ou des experts « usagers culturels» sont-ils associés au travail préparatoire de la Charte ?

Personnellement, j’en connais plusieurs de ces associations ou de ces experts et aucun d’entre eux, au moment où je vous écris, n’a été contacté alors que vous nous confirmez que la Charte doit être concrétisée avec la fin de la présente année. 

III : À la L.U.C. qui est à l’origine depuis 2006 de cette demande de reprise par les musées fédéraux des 15 points du Code des usagers culturels, pouvez-vous indiquer les noms de ces associations représentants les usagers et/ou des experts « usagers culturels » qui sont associés au travail préparatoire de la Charte ? On peut imaginer qu’ils sont au travail actuellement vu les délais annoncés pour la concrétisation de cet objectif. 

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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3 : Les livres d’or sur la toile

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Beaucoup de musées disposent de livres d’or, papier ou sur leur site internet. Le secrétaire d’État Dermine souhaite mettre fin à cette pratique pour nos musées fédéraux.

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Depuis de nombreuses années, la L.U.C. constate diverses malveillances à l’égard des visiteurs de la part de plusieurs institutions muséales fédérales.

Pour y remédier de façon constructive, en tirant enseignement de ce qui s’est passé au musée d’Orsay à Paris, l’association propose la création d’un site internet spécifique qui rassemblerait tous les livres d’or de ces différentes institutions.

Chacun de ces musées devrait, bien entendu, faire la promotion de cette initiative sur son site propre, ce qui permettrait aux visiteurs de découvrir comment l’ensemble des musées réagissent à leurs multiples réflexions. 

Il est intéressant de constater qu’à deux reprises en 2020, vous avez marqué votre volonté de voir aboutir cette proposition qui permettrait aux visiteurs « de laisser une appréciation, positive ou négative, sur (pareil) livre d’or en ligne ».

Puisque c’est bien vous le Secrétaire d’État, et que vous tenez à cet objectif, vous serait-il possible de nous indiquer où en est actuellement l’élaboration de ce projet, et surtout s’il sera d’application avant la fin de la présente législature ? 

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Le secrétaire d’État chargé de la politique scientifique met fin à sa volonté déclarée à deux reprises de voir aboutir cette proposition qui permettrait aux visiteurs « de laisser une appréciation, positive ou négative, sur (pareils) livres d’or en ligne », donc de créer un site qui réunit les livres d’or de tous les musées fédéraux car il considère désormais que, pour avoir le feedback des visiteurs, il suffit de consulter les résultats de sondages de satisfaction. 

La proposition précise que, désormais, le secrétaire d’État refuse était, ici, la proposition N°4 : 

http://la-luc.blogspot.com/2020/10/quatre-propositions-pour-notre-nouveau.html

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

Il n'y aura plus de livres physiques ou virtuels dans lesquels les utilisateurs partageront leurs commentaires sur une exposition.

Aujourd'hui, ces commentaires sont recueillis par des applications en ligne telles que Tripadvisor, Google Review, etc.

Il est logique que le suivi de la satisfaction des visiteurs soit également effectué dans ce cadre, ce que l'Observatoire des publics, qui fait désormais partie de la DG P&C, fait depuis des années.

D : Le 29 avril 2024, la L.U.C. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

Le secrétaire d’État Dermine abandonne ainsi son soutien à notre proposition après avoir exprimé celui-ci par écrit à plusieurs reprises pendant plusieurs années. 

Dans le métier culturel, beaucoup croient agir pour le bien des usagers mais ne se rendent pas compte qu’en fait, ils ne se sont le relais et ne soutiennent que le point de vue des organisateurs. Cela nous apparaît être le cas dans le présent changement radical de cap. 

Notre proposition ne se contente pas d’offrir aux autorités des avis qui permettent de mieux cerner les réactions des visiteurs (ce qui est votre seule option, à vous lire). C’est un objectif bien utile, mais pas le seul. 

Elle aurait aussi permis à ces derniers de découvrir ces multiples données, étant ainsi encouragés à s’exprimer eux-mêmes, et aussi à soutenir l’une ou l’autre revendication déjà émise par d’autres.

L’expérience montre que le mécanisme que nous proposons est utile aux directions des musées d’une façon complémentaire à celle que vous suggérez. Par exemple, en 2010, à Paris, le musée d’Orsay a interdit toute prise de photos à ses visiteurs. Le livre d’or sur son site internet permit à sa direction de prendre petit à petit, progressivement, conscience que l’opposition du public à cette décision était constante et d’importance. Cinq ans plus tard, en 2015, le musée d’Orsay a rétabli l’autorisation des prises de photos. 

Ainsi, pareille initiative a la capacité d’être autant utile aux gestionnaires des infrastructures culturelles qu’à leurs publics.

Et avec même deux « plus ».

Le visiteur qui souhaite s’exprimer à propos de tel musée va, sur ce site, découvrir les autres institutions et la façon dont leurs publics respectifs les perçoivent.

Le gestionnaire économique ne peut qu’être intéressé par pareille façon de faire qui va permettre à des visiteurs de remarquer le dynamisme d’autres musées, ce qui peut leur donner l’envie de les visiter. Cet atout n’existe pas dans la proposition alternative que vous présentez. 

Enfin, la multitude des réflexions à propos d’autant de musées va permettre à une partie du public de mieux comprendre les coulisses culturelles et de devenir plus exigeant, en tenant compte d’une situation plus globale. C’est un plus qui, en fin de compte, ne peut qu’améliorer l’accueil des visiteurs et, réciproquement, l’estime de ces derniers pour nos institutions culturelles fédérales. 

Que pensez-vous de ces nouveaux arguments que nous vous proposons, à la suite de votre revirement ?

Y-a-t-il des raisons de ne pas être convaincu, autre que l’éternel argument économique paravent qu’on a l’habitude d’afficher aux usagers à tout propos ?

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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4 : Activités célébrant le bicentenaire de la Belgique

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Les festivités pour les 200 ans de la Belgique se dérouleront en 2030 principalement dans le Parc du Cinquantenaire.

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Je vous ai indiqué, ainsi qu’à votre cabinet, que la thématique « Lutte européenne contre certains excès à l’égard du public d’une industrialisation trop importante de la culture » pourrait être novateur, et particulièrement original, dans le programme du bicentenaire de la Belgique.

Cette réflexion prendrait plusieurs formes : un colloque, une exposition itinérante, etc. 

Devons-nous rester sans résistance (et, ici, je prends volontairement un exemple sans rapport avec les musées pour élargir le débat) face à des pratiques nouvelles comme la « tarification dynamique » adoptée notamment par l’entourage de Bruce Springsteen pour sa tournée de 2023 ? (pratique qui, d’ailleurs, depuis, arrive en Europe, et chez nous). C’est un exemple parmi bien d’autres. 

Votre cabinet s’est montré sensible à cette proposition et a même organisé une réunion avec Paul Dujardin durant laquelle j’étais invité à développer ma proposition. 

Nous avons attendu longuement l’arrivée à cette réunion de Mr Dujardin qui a pris un très long temps pour, en introduction, présenter ses perspectives n’ayant aucun rapport avec le sujet précis de la réunion. À ma présentation des problèmes d’usagers culturels, il répondait par des détails de son passé d’organisateur, sans actualité avec le sujet pointu de la réunion. 

Je m’attendais à recevoir un compte-rendu détaillé écrit par l’organisateur de cette réunion, votre cabinet. En vain. Par la suite, j’ai envoyé à celui-ci une note détaillée pour tenter d’implanter ce projet. Également en vain.

Comme je suis dans l’incertitude, pourriez-vous m’indiquer si la programmation de ce projet est accepté ou non dans le cadre des activités du bicentenaire de la Belgique ?

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Le cabinet du secrétaire d’État s’engage à transmettre lui-même à l’association qui prépare la programmation culturelle du Bicentenaire la proposition de la thématique « Lutte européenne contre certains excès à l’égard du public d’une industrialisation trop importante de la culture » présentée et détaillée déjà à plusieurs reprises par La L.U.C. lors de réunions de travail organisées par le cabinet, dont une avec Monsieur Dujardin. 

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

La programmation des 200 ans de la Belgique n’a pas encore été élaborée ; tout ce qui a été développé, c'est une union des forces pour créer un prélude à 2030 dans le parc du Cinquantenaire.

La proposition de M. Hennebert peut être partagée avec l’ASBL 50-200 qui coordonne la programmation.

D : Le 29 avril 2024, la L.UC. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

Lors de notre rencontre, il m’a été dit que le cabinet du secrétaire d’État s’engage à transmettre lui-même à l’association qui prépare la programmation culturelle du Bicentenaire la proposition de la thématique « Lutte européenne contre certains excès à l’égard du public d’une industrialisation trop importante de la culture ».

Dans votre nouvelle réaction officielle écrite, votre positionnement est bien plus vague et vous déresponsabilise puisqu’il se résume uniquement au fait que « La proposition peut être partagée avec l’ASBL 50-200 qui coordonne la programmation ». 

Qu’en est-il réellement après toutes ces réunions où vous nous avez invité à élaborer bénévolement ce projet ? Votre implication a-t-elle disparue ?

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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5 : « Shrinkflation » au musée d’Art Ancien

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Pour voir uniquement le musée d’Art Ancien en 2024, vous payerez autant que pour découvrir, les années précédentes, ce musée et le musée Fin de Siècle (ce dernier étant désormais fermé pour une longue période).

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Au cours de l’automne 2023, est apparu tant en France qu’en Belgique l’anglicisme « shrinkflation ». Que signifie-t-il ? En pleine inflation, l’industrie agroalimentaire, tout en ayant déjà augmenté ses prix, se lance dans une seconde étape : réduire discrètement le poids de ses produits vendus pourtant souvent plus cher.

C’est ce qui se passe actuellement au musée d’Art Ancien. 

Puisque c’est vous qui fixez les prix des entrées pour visiter les fonds permanents de nos musées fédéraux, puis-je vous demander de mettre le plus rapidement possible fin à cette pratique ?

Voici l’explication détaillée de cette pratique honteuse mise en place en janvier 2024 au musée d’Art Ancien :

http://la-luc.blogspot.com/2024/01/prix-eexcessif-le-ticket-2024-du-musee.html

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

C’est bien le Secrétaire d’état qui fixe la tarification pour les visites des fonds permanents des musées fédéraux.

Il ne mettra pas fin à cette pratique de « shrinkflation » des MRBAB (continuer à faire payer le même prix alors que l’offre a été diminuée de moitié) à cause des contraintes économiques et même s’il souhaite pratiquer les prix d’entrée les plus démocratiques possible. 

Aucun commentaire sur le fait que cela se passe autrement bien souvent ailleurs (là où les problèmes économiques sont souvent aussi importants).

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

Il est compréhensible que les consommateurs veuillent en avoir pour leur argent.

Il y a également beaucoup à dire sur le fait de rendre les prix d'entrée dans les musées aussi bas que possible, voire gratuits.

Cependant, la tarification finale dépend aussi de la situation financière des musées qui doivent faire face à des coûts fixes croissants, souvent même indépendamment de la surface d’exposition.

Il est vrai qu'en janvier, le musée Fin de Siècle était fermé et que le prix du billet pour la visite du musée Oldmasters n'a pas été réduit à ce moment-là.

Cependant, pour ce qui est encore visible (Oldmasters), 10 euros n'est certainement pas un prix excessif par rapport à beaucoup d'autres musées. De plus, les tarifs n'ont pas été adaptés ou indexés pendant des années.

Le MRAB envisage de proposer à l'avenir un billet par (sous)musée et éventuellement un ou plusieurs billets combinés permettant aux personnes souhaitant visiter plusieurs (sous)musées de le faire à un tarif plus avantageux.

D : Le 29 avril 2024, la L.UC. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

Je découvre que le secrétaire d’État Dermine a ainsi répondu à la question parlementaire (n° 296) de Sophie Rohonyi :

«  (…)  Le musée Fin-de-Siècle a effectivement fermé ses portes début de cette année dans le cadre des étapes suivantes de la rénovation des musées royaux des Beaux-Arts. Cependant, une partie des œuvres qui y était exposée va être redéployée dans les salles du musée Old Masters. Nous allons également tenter d’intégrer une sélection d’art moderne dans notre parcours permanent (…) ». 

Je suis étonné que vous ne nous avez pas rappelé cette information.

Votre positionnement et celui-ci sont-ils complémentaires, ou pas ? De quelle manière ? Avec quelle tarification précise à la clef ?

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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6 : Inimaginable ! Les musées Meunier et Wiertz ont ouvert pendant quelques week-ends

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La pétition est remise dans le musée Meunier le 8 février 2016 au représentant de la direction des MRBAB. Huit ans plus tard, elle reste sans effet alors qu’elle est signée par plus de 3.000 personnes.

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

L’une des pires atteintes aux droits du public culturel, c’est d’empêcher celui-ci de participer structurellement à une activité.

C’est le cas des musées Constantin Meunier et Antoine Wiertz des MRBAB puisqu’il est impossible, à cause des horaires pratiqués, à la population active (soit plus de la moitié de nos concitoyens : travailleurs et étudiants) de ne pouvoir visiter ces deux institutions, sinon en rognant sur leurs jours de congés légaux, ce qui n’est pas normal. 

Ces deux musées sont, en effet, fermés tous les week-ends et jours fériées. Quand, du mardi au vendredi, ils sont accessibles de 10H à 17H, ils sont, en plus, clos pendant le temps de midi.

Courant 2006, j’ai initié la pétition suivante (et constatez-y ses propositions concrètes de solution): https://www.change.org/p/michel-draguet-stop-à-l-asphyxie-de-musées-constantin-meunier-et-antoine-wiertz?recruiter=52544414&utm_source=petitions_show_components_action_panel_wrapper&utm_medium=copylink

En 2024, la pétition a désormais recueilli près de 3.200 signatures (sur un sujet particulièrement pointu). Hélas, la situation n’a pas évolué en près de 18 ans. Aucune négociation positive ne nous a été proposée.

Les éternels arguments « manque d’argent » et « manque de gardiens » nous ont, bien sûr, été opposés, mais c’est le silence qui, ensuite, a accueilli nos réactions argumentées. Tout débat contradictoire et toute négociation s’avère impossible.

Et donc cette situation honteuse qui discrimine plus de la moitié de nos concitoyens se poursuit, malgré le fait que je vous en ai fait déjà part à vous, et à votre cabinet. 

Pareil exemple concret et actuel démontre l’utilité d’un Code des usagers pour tous les musées fédéraux.

À cause de ce qui se passe dans ces deux musées, il serait constructif d’y ajouter un droit des usagers complémentaires : que tous les musées soient obligés de prévoir dans leur horaire mensuel au moins une plage horaire accessible à la population active (en week-end ou, pourquoi pas, sous la forme d’une nocturne mensuelle).

Plus récemment, en avril 2023, j’ai à vous-même et au Président du Comité de Direction de BELSPO écrit pour vous faire part d’un nouveau coup de théâtre dans ce dossier.

Arnaud Vajda m’a répondu : « Puisque vous avez posé les mêmes questions au Secrétaire d’Etat, il est évident que vous aurez une réponse coordonnée ».

Hélas, je n’ai jamais par la suite reçu cette réponse coordonnée annoncée.

Je me permets donc de vous reproduire de larges extraits de cette lettre en vous demandant de m’y répondre. Je vous en remercie vivement.

CONTENU DE CETTE  LETTRE :

OBJET :

À propos des musées Meunier et Wiertz, ENFIN à nouveau accessible le week-end

« (…) Vous nous avez enfin écouté. Grand merci ! Vous avez tenu compte de notre demande d’évolution d’horaire puisque désormais (début mai 2023) et jusqu’au 30 juin 2023, je découvre que les musées Wiertz et Meunier ouvrent leurs portes, chaque week-end, de 11HH00 à 13H00 et de 13H45 à 18H00. La population active est enfin respectée. Bravo à vous et aux MRBAB.

Mais… J’aimerais vous poser les questions suivantes.

1 : Trouvez-vous normal que les MRBAB, ou vous-même, n’ayez pas informé le responsable de la pétition qui a mené à ce début de bonne nouvelle ? 

2 : Puis-je connaître la et les raisons de cette évolution ?

3 : Pourquoi cette évolution est-elle annoncée comme provisoire jusqu’au 30 juin 2023 ? Ne s’agit-il donc pas d’une évolution sur le long terme ? Pourquoi ? 

4 : Le but est-il que les visiteurs ne viennent pas ? Ce jour de Pâques (le 9 avril 2023), j’ai visité les deux musées pour m’assurer qu’ils étaient bien ouverts. C’est le cas. 

Cependant, au musée Meunier, à l’extérieur de la maison, aucun papier ou autre carton n’a été ajouté à la plaque qui continue d’indiquer que le musée est fermé chaque week-end aux visites individuelles. De plus, la porte d’entrée n’était même pas entrouverte. 

La situation est pire encore au musée Wiertz. Sur la partie gauche de la grille à l’entrée, il y a également la plaque qui détaille les horaires devenus caducs mais il y a bien, sur la partie droite de la grille, un panneau d’affichage prévu justement pour les informations complémentaires. Il n’a pas été utilisé pour abriter une simple feuille papier où la bonne nouvelle aurait pu être écrite à la main, puisque l’institution semble manquer tellement de moyens financiers.

À deux groupes de passants, j’ai signalé que le musée Wiertz était bien ouvert et ils furent ravis d’y entamer une visite. À cette occasion, j’ai constaté que, rue Vautier, à hauteur du 62 (adresse du musée Wiertz), l’après-midi du dimanche, il y a beaucoup de monde qui se promène. Un simple panneau sur le trottoir indiquant les heures d’ouverture du musée vous ferait probablement multiplier par dix sa fréquentation de week-end !

J’ose imaginer que la fréquentation des deux musées pour le week-end de Pâques a été des plus médiocres. C’est regrettable qu’après tant d’années de non-accès aux visites individuelles de ces musée pendant les week-ends, les MRBAB n’aient pas fait précéder une campagne de communication d’envergure la concrétisation de cette mesure.

Personnellement, si j’avais été informé, j’aurais fait parvenir volontiers des courriels en ce sens aux plus de trois mille pétitionnaires.

Les MRBAB paraissent bien mieux organisés lorsqu’il s’agit de communiquer sur leurs institutions aux entrées payantes. Et ce n’est pas nouveau. Les MRBAB semblent donc poursuivre cette façon de sous-informer qui est systématique, et depuis longtemps, concernant ces deux petits musées. La seconde moitié du texte de la pétition est justement consacrée à cette problématique de non-information quasi structurelle du public.

On comprend mieux ainsi pourquoi leur fréquentation est si problématique. 

Durant les années qui viennent, puisque de lourds travaux vont forcer des fermetures provisoires pour différents musées aux entrées payantes du MRBAB, le redéploiement en tranches horaires et en médiatisation de ces deux musées aux entrées gratuites serait un moyen bien utile et sans doute fort peu onéreux pour que les MRBAB restent en visibilité auprès du public, des médias et des décideurs politiques. 

Pouvez-vous nous indiquer de quelle façon les MRBAB vont-ils à l’avenir mieux médiatiser, sur la durée, l’existence et les activités de ses deux musées aux entrées gratuites ?

Dans l’espoir de découvrir vos réponses à ces cinq questions, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments les plus cordiaux ». 

Donc, si on résume l’affaire, les deux musées ont ouvert pendant le week-end durant quelques semaines et nous, public, même quand on le demande, on ne nous explique pas pourquoi. Et ensuite, ils sont revenus à leur ancien horaire anti démocratique. 

Mais pire, pendant les premières semaines salvatrices, ils laissent sur leur porte d’entrée uniquement les avis indiquant qu’ils sont fermés… alors qu’ils sont ouverts.

Du sabotage donc. Pourquoi ?

Et ceux qui prétendent pendant tant d’années que les mauvais horaires sont dus au manque d’argent… financent ainsi donc des heures de gardiennage onéreuses en week-end de façon absurde puisqu’ils laissent croire que les deux musées continuent d’être clos.

Monsieur le secrétaire d’État, avant les prochaines élections, ces deux musées vont-ils adopter au moins une tranche horaire mensuelle (en week-end ou en nocturne) qui permette à la population active de les visiter ?

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Le représentant du cabinet ne répond pas aux différents éléments de cette question.

Silence par rapport au fait que notre plainte envoyée au secrétaire d’Etat et à Belspo n’a reçu jusqu’à présent aucune réponse alors que Arnaud Vajda, le responsable de Belspo, à propos de cette plainte précise, nous a répondu par écrit : « Puisque vous avez posé les mêmes questions au Secrétaire d’État, il est évident que vous aurez une réponse coordonnée ».

C’est, jusqu’à présent, le silence coordonné. 

Au cours de la discussion, le représentant du cabinet découvre que notre solution (proposée depuis longtemps déjà par la L.U.C.) est vraiment minimaliste, dans son aspect financier.

La position du Secrétaire d’État va-t-elle évoluer ? 

Voici cette proposition minimaliste. Pour mettre fin au fait (dénoncé par une pétition de plus de 3.000 signatures) que, depuis une quinzaine d’années, la population active - travailleurs et étudiants - est mise dans l’impossibilité de visiter ces deux musées, on pourrait prévoir un seul créneau horaire régulier de quelques heures par mois pour cette population active (soit + de 50% de nos concitoyens).

Pourquoi pas ouvrir un dimanche par mois (par exemple chaque premier dimanche du mois) le musée Wiertz, de 10 à 12H, et le musée Meunier, de 15H à 17H, avec donc des frais réduits au minimum de gardiennage (ces deux musées étant établis dans la même commune, Ixelles). 

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

Faute de moyens, tant financiers que de personnel, ces musées sont fermés pendant quelques week-ends. En revanche, ils sont ouverts gratuitement en semaine ! Et le week-end pour les groupes.

Il est regrettable que les heures d'ouverture ne soient pas indiquées sur le site alors que les musées étaient ouverts le week-end. Le site web et les autres canaux en ligne affichaient correctement cette information. Les MRBA vérifieront ce qui est affiché à l'entrée des deux musées et, si cette information n'est pas correcte, la feront modifier.

Au cours du premier semestre, le musée Magritte a été fermé pour des travaux de rafraîchissement ; il y avait alors temporairement suffisamment de gardiens pour ouvrir les musées Meunier et Wiertz également les week-ends. Actuellement, les effectifs ne permettent pas une ouverture systématique le week-end.

Les MRBA ont l'ambition d'ouvrir les musées Wiertz et Meunier un soir ou un jour de week-end par mois, mais cela ne peut être promis compte tenu des ressources disponibles. La question est toutefois justifiée. 

D :  Le 29 avril 2024, la L.U.C. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

I : La L.U.C. est heureuse de découvrir pour la première fois que vous présentez son projet de solution comme une ambition à concrétiser : à savoir « la MRBA a l'ambition d'ouvrir les musées Wiertz et Meunier un soir ou un jour de week-end par mois, mais cela ne peut être promis compte tenu des ressources disponibles. La question est toutefois justifiée ».

II : Pensez-vous que le public belge est différent de celui d’autres pays et serait « près de ses sous » ?

Pourquoi ne lui faites-vous pas confiance ? Serait-ce une forme de cynisme ? Pourquoi ne pas prévoir une tirelire attrayante à la sortie de ce créneau horaire mensuel praticable pour la population active qui reste à créer, ce qui vous permettrait d’éviter l’éternel alibi économique ?

Les MRBAB incitent le public à soutenir l’achat ou la restauration d’œuvres d’art. Pareille façon de faire est apparemment interdite lorsqu’il s’agit de mettre fin à une discrimination qui touche depuis tant d’années notre population active. 

Et il y a d’autres solutions lorsqu’on veut vraiment une simple évolution démocratique, objectivement peu coûteuse, si on la compare à tant d’autres projets. 

Nous suivons depuis début 2022, l’opération tirelire du musée d’Art et d’Histoire de Genève :http://la-luc.blogspot.com/2022/02/payer-avant-ou-apres-et-combien-on-veut.html

De premiers résultats ? L’expérience dure depuis plus de deux ans lorsque Jean-Marie Wynants vient d’interviewer le directeur du MAH pour La Soir de ce 24 avril 2024 et il conclut ainsi son article : « Une politique audacieuse mais qui porte ses fruits. Un exemple à suivre ? ». 

Pourquoi pas aux MRBAB ? Allez, l’imagination au pouvoir ! 

Marc-Olivier Wahler, le directeur du MAH de Genève, a en effet déclaré au journaliste du Soir : « Les visiteurs paient ce qu’ils veulent, tout simplement. Bien sûr, certains craignaient que nos finances s’en ressentent. C’est le contraire qui se passe. D’une part, avec les réductions de toutes sortes, il y avait finalement peu de gens qui payaient le prix plein. D’autre part, si désormais, certaines personnes décident de ne rien payer, elles sont plutôt rares. La plupart des visiteurs choisissent de verser quelque chose. Mais le plus frappant, c’est que certains paient à la sortie et n’hésitent pas à donner parfois beaucoup plus que l’ancien prix d’un ticket d’entrée. Du coup, nos recettes ont nettement augmenté ! ».

Donc des solutions existent. D’autant plus qu’il ne s’agit ici non pas de restaurer une toiture mais simplement d’un seul créneau horaire mensuel de quelques heures à créer (ce peu d’heures tient justement compte des difficultés financières des MRBAB), à haute valeur symbolique.

Ce serait au moins une décision concrète, avec application immédiate, avant la fin de la législature qui rendrait plus flamboyant votre bilan « usagers culturels » … 

III : Vous écrivez que ces musées sont gratuits en semaine. Cet élément n’a rien à voir avec le problème que nous soulevons. Le seul sujet ici est de trouver inadmissible qu’un musée, que son entrée soit payante ou pas, se choisisse depuis tant d’années un horaire dans lequel il n’y a aucune tranche horaire régulière (au minimum mensuelle) qui permette à la population active d’y venir sans devoir demander un jour de congé au patron, voilà écrit clairement. 

IV : Votre phrase « Faute de moyens, tant financiers que de personnel, ces musées sont fermés pendant quelques week-ends » me semble erronée puisque ce n’est pas « quelques week-ends », mais tous les week-ends, et depuis tant d’années.

Il faut peut-être prendre conscience de l’ampleur du problème et décrire simplement la situation telle qu’elle est.

V : Vous écrivez ensuite : « Et le week-end (accessibles) pour les groupes ».

Vous ne mentionnez pourtant pas que ces ouvertures aux groupes n’existent en week-end que lorsque ceux-ci achètent une visite guidée, ce qui me semble quelque peu mieux nuancé. 

Et là, votre réflexion me mène à la découverte d’une autre faute des MRBAB, par rapport à nos lois économiques qui garantissent le droit du public à avoir accès à une tarification détaillée. En effet, au moment de vous répondre ici, je souhaite découvrir si le prix de cette visite guidée pour ces deux musées précis, en week-end, qui était naguère fort onéreuse, l’est toujours à l’heure actuelle. J’ai beau chercher sur le site des MRBAB, nulle part la tarification de cette visite n’est indiquée. Trouvez-vous ceci normal ? Pourriez-vous demandez aux MRBAB d’indiquer ce prix de la visite guidée sur tout leur matériel promotionnel ? Vive le droit des visiteurs à être simplement correctement informés.

VI : Tout ceci ne vous fait pas une bonne promotion, et même auprès des touristes. Jusqu’avant le confinement, un bus touristique passait deux fois, chaque dimanche, devant le musée Meunier, pour montrer à ses passagers que celui-ci était fermé tous les week-ends. C’était le TURPITOUR, le « Tour des turpitudes bruxelloises ». Son objectif consistait à montrer ce qui ne va pas dans la capitale européenne, et le musée Meunier en était un exemple qu'il avait sélectionné. Le guide était un savoureux comédien, Jean-Michel Briou.

VII : Vous n’avez pas réagi dans votre réponse au fait que les MRBAB n’ont même pas fait un communiqué de presse pour annoncer que, exceptionnellement, pendant deux mois, ces deux petits musées consacrés à des artistes précis (il s’agit de leur lieu de vie ou leur atelier réaménagés en musée) seront enfin accessibles chaque week-end au public (ce type de musées a un succès public important notamment à Paris, ils y dépendent de la Ville de Paris qui les promeuvent très bien). 

C’est dommage. Peut-être pouvez-vous réagir maintenant, surtout en découvrant ce qui suit. 

Vous semblez oublier que ce manque de promotion de ces deux musées est chronique depuis tant d’années, et donc se poursuit malgré le fait que plus de 3.000 citoyens (ce qui est énorme pour une plainte aussi pointue) l’ont dénoncé en ces termes précis : « Nous voulons que, pour leur médiatisation auprès du public, ces deux musées disposent enfin de moyens analogues et de la même imagination que ceux déployés pour populariser les activités de leurs trois grands frères».

C’est à lire ici : https://www.change.org/p/michel-draguet-stop-à-l-asphyxie-de-musées-constantin-meunier-et-antoine-wiertz?recruiter=52544414&utm_source=petitions_show_components_action_panel_wrapper&utm_medium=copylink

N’oubliez pas que les MRBAB ont fêté leurs 215 ans par une grande journée de gratuité, le 27 novembre 2016. Les deux petits musées étaient fermés, ce jour-là. Ils étaient, à nouveau, en punition ?

J’ai, personnellement, au cours de l’automne 2023, revisité le musée Constantin Meunier. J’étais très content car j’ai découvert qu’enfin de vastes travaux d’aménagement et de restauration y avaient été accomplis. Hélas, à nouveau, aucun communiqué de presse n’a informé le public de cette quasi-renaissance. 

On sait que la fréquentation de ces deux musées est préoccupante (à lire tout ce qui précède, on peut comprendre pourquoi). Cette non information quasi systématique au public des évolutions de ces musées depuis tant d’années est dès lors particulièrement inappropriée, à moins que l’objectif serait-il de chercher un argument pour programmer, dans quelques années, un accès encore plus difficile, voire une fermeture ?

Une fermeture ? Ceci n’a rien d’extravagant. On voit comment certains services publics agissent, en ce qui concerne les horaires, parfois avec nocivité dans notre pays. Par exemple, à la RTBF, sa direction avait changé l’horaire de son émission quotidienne pour les enfants, Blabla. Nouvel horaire : du lundi au vendredi, le programme commençait alors que les enfants n’étaient pas encore rentrés à la maison, après l’école. D’où une forte perte bien logique d’audience, et finalement arrêt de l’émission. Il faut savoir que ce programme déplaisait à certains annonceurs car il proposait chaque jour sa chanson fétiche «Beurk, la pub». Comme quoi, les choix d’horaires peuvent être parfois meurtriers ! 

Le public a droit à être informé, et nos institutions fédérales ainsi que notre gouvernement semblent l’ignorer.

Pourriez-vous nous indiquer quand précisément enfin les MRBAB tiendront compte cette demande précise de plus de 3.000 signataires ?

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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7 :  Le service juridique a dit que …

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Les musées fédéraux adorent ces phrases bien intimidantes… alors qu’ils ne les appliquent pas toujours dans le réel. Une forme de mensonge? Pour trois de ces musées, c’est : « ni repris, ni échangés » (première photo). Pour le KBR museum, c’est « ni échangés, ni remboursés » (deuxième photo).

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Chacun de vos musées indique sur son site qu’il répond aux plaintes. Mais, bien souvent, ce n’est pas de façon circonstanciée et, dès que l’on quitte la phase « de com » (de communication) et que le débat enfin contradictoire commence à s’engager, il y est souvent mis fin de façon unilatérale par vos institutions muséales. 

Bien entendu, cela ne pourra plus être le cas si les musées fédéraux sont obligés d’appliquer le point 15 du Code des usagers culturels : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

Exiger le changement de ces phrases qui indiquent sans nuance que l’organisateur culturel ne remboursera ou n’échangera pas un ticket me semble constituer un combat prioritaire, tant concret qu’à valeur hautement symbolique.

Il convient de le mener plus particulièrement auprès d’organismes qui ne souffrent pas d’être à une contradiction près puisque, lorsqu’on les interroge, ils mentionnent dans leur défense qu’il leur arrive bel et bien de rembourser, et donc de faire l’inverse de ce qu’ils jugent indispensable d’affirmer ainsi par écrit, notamment sur leurs tickets.

Et il s’en faut de peu qu’en plus, ils attendent que le public les félicite. En effet, puisqu’il est écrit qu’ils ne remboursent pas, s’ils pratiquent l’inverse, cela laisserait entendre qu’ils ont beaucoup d’empathie pour le public. 

De plus, il ne leur viendrait même pas à l’idée de prendre l’initiative d’indiquer à tout leur public, par exemple sur leur site internet, les cas concrets où les usagers ont droit à un échange, et les autres cas où le remboursement est préférable. Quand l’un ? Quand l’autre ?

C’est donc le règne du flou qui permet d’imposer, pour les organisateurs, de façon excessivement autoritaire, leur volonté à l’usager, en sachant pertinemment que celui-ci, dans la grande majorité des cas, s’écrasera car il n’a pas l’intention d’engager des frais d’avocat pour retrouver quelques euros. 

Écrire donc le faux s’avère normal, voire banal, pour un certain nombre d’acteurs culturels, et même parmi les plus subventionnés.

Entre le 24 mai 2022 et le 27 octobre 2023, durant donc plus de dix-sept mois, cette thématique a été abordée dans mes échanges écrits que j’ai eu avec votre musée KBR (des courriels et une lettre en envoi recommandé).

Ma plainte concerne cette institution muséale, à propos du fait qu’elle propose sur ses tickets la phrase suivante en trois langues (français, néerlandais, anglais): « Les tickets ne seront ni échangés, ni remboursés ».

Le 15 juillet 2022, il m’est répondu que les informations se trouvant sur les tickets avaient été relues et validées par le service juridique de BELSPO : « La mention étant surtout destinée aux personnes qui réservent un billet et qui ensuite souhaitent changer la date pour de futiles raisons. Lorsque des personnes ayant réservé leurs tickets nous contactent pour nous faire part d’un problème, d’un désistement, d’une erreur de manipulation, d’une erreur de notre part, etc., nous mettons toujours tout en œuvre pour trouver une solution qui satisfasse nos usagers. Cela n’est pas une obligation mais en tant que service public, nous y mettons un point d’honneur ».

Par la suite, une réunion de service du KBR museum a décidé de suivre l’avis juridique de BELSPO « et donc la mention est restée telle quelle sur les tickets en question ».

Voici la présentation de ce musée de notre bibliothèque nationale : https://www.kbr.be/fr/museum/

L’erreur fondamentale dans ce raisonnement est le fait que la mention que je conteste n’est pas surtout destinée « aux personnes qui réservent un billet et qui ensuite souhaitent changer la date pour de futiles raisons », mais bien à l’ensemble des usagers qui reçoivent ce ticket et peuvent avoir des raisons autres, tout-à-fait valables, et des plus variées, pour exiger un remboursement ou un changement de dates, et qui, à cause de ce texte sans nuance, éviteront peut-être de le faire.

De plus, certains organisateurs utilisent la présence de cette phrase pour prétexter un non-remboursement alors que certaines réclamations d’usagers sont entièrement justifiées. 

Insatisfait donc par cette réponse reçue, je lance une dernière riposte par courriel, le 21 août 2023, avec des questions qui me semblent légitimes, constructives, et que je n’avais pas encore posées jusqu’alors au musée KBR.

Comme je ne reçois aucune réponse à ce courriel, et au rappel envoyé un mois plus tard, je me vois dans l’obligation d’adresser à la direction de KBR un recommandé postal, le 9 octobre 2023.

Finalement, le 27 octobre 2023, Madame Sara Lammens m’écrit en tant que « Directeur général ». 

Elle commence par me détailler à nouveau l’argumentation déjà présentée lors des échanges précédents, et que justement je conteste avec des arguments précis dans mon envoi en recommandé auquel elle est censée répondre.

Voici cette explication : «L'achat d'un billet constitue un accord qui est soumis aux termes et conditions imposés par le vendeur du billet ; non remboursable ou non échangeable sont des termes juridiquement valables. Le fait que le musée y déroge ou non dans des circonstances spécifiques n'y change rien ; dans ce dernier cas, cela relève du pouvoir discrétionnaire de l'institution. Le précédent mentionné ne peut être utilisé pour invalider l’inscription. ».

Constatons que cette explication passe sous silence ma proposition de faire évoluer, de nuancer, de compléter la fameuse injonction afin qu’elle n’indique pas au public le contraire de ce qui se passe parfois. C’est de la part de la direction du musée KBR la politique du tout ou rien, bien peu humaniste. 

Mon interlocutrice réagit ainsi à mon ultime lettre :« (…) Notre réponse étant toujours la même, il nous a semblé inutile de répéter éternellement les mêmes choses ».

Cette déclaration est particulièrement piquante lorsqu’on découvre que, justement, dans cette réponse, elle ignore complètement les questions totalement inédites que cet envoi de ma part renferme.

Voici ces trois nouvelles questions qu’elle refuse donc de traiter. 

1 : Avez-vous conscience que la phrase que vous vous obstinez à maintenir peut avoir pour votre musée l’effet contreproductif suivant ?

Certains de vos usagers ne vont, à la lecture de cette phrase, même pas prendre la peine de déposer des plaintes qui sont peut-être entièrement justifiées.

Or, celles-ci pourraient vous avertir d’éventuels dysfonctionnements de votre institution et elles vous permettraient ainsi d’y porter rapidement remède afin de mieux respecter le confort de vos visiteurs suivants.

2 : Puisqu’elle travaille sur une matière à supplément d’âme et pas uniquement sur une matière de type commerciale, la direction du musée KBR, concernant le présent dossier, va-t-elle coupler ses demandes bien légitimes de conseils auprès d’un service juridique (ce qui est fait), à d’autres demandes de précieux points de vue auprès de chercheurs spécialisés dans l’étude de la démocratisation de la culture (ce qui apparemment n’a pas été entrepris jusqu’à présent) ?

Cette question qui pourrait paraître accessoire à certains me semble tout au contraire essentielle. Je ne doute pas de recevoir votre réponse étayée puisque dans votre courrier de ce 4 août 2023, vous m’écrivez que vous êtes « toujours particulièrement attentive à (mes) remarques », ce dont je vous remercie. Et d’autant plus que vous affirmez, à la fin de votre lettre, que vous mettez vos visiteurs toujours au cœur de vos préoccupations.

3 : Enfin, je garde le plus constructif pour la fin, et peut-être le plus innovant.

Dans l’absolu, il n’existe jusqu’à présent aucune règle sur ce qu’il faut écrire au dos d’un ticket. Il y a donc une sorte de champ libre. 

Pourquoi donc y imprimer une phrase qui ne doit pas beaucoup plaire au public et que vous n’appliquez même pas strictement ?

Le but des textes des tickets, c’est aussi faire de la communication. Certains y renseignent l’horaire de leur cafétéria, par exemple.

Vous disposez d’un formidable shop. Silence sur le ticket à propos de celui-ci ?

Ne serait-il pas plus efficace que vous utilisiez cet espace unique pour vous faire encore davantage apprécier par votre public ? Afin qu’il revienne … Être plus positif, plus constructif ? Et cela ne vous contraint nullement à rembourser ou échanger moins ou plus de tickets, que je sache.

Donc, plutôt que faire peur, faire plaisir. Plutôt que la tentation d’une forme de répression ou d’interdiction (lorsqu’on y pense bien) grotesque par son excès, des propositions constructives.

Une proposition concrète adaptée à votre institution ? À votre place, j’utiliserais le ticket pour rappeler au public que, vu la fragilité des parchemins que vous exposez, le musée KBR doit changer fréquemment le contenu de ses vitrines. Comme vos archives à admirer sont fort nombreuses, les visiteurs intéressés ont intérêt à revenir régulièrement pour découvrir les nouvelles œuvres présentées. Et pourquoi ne pas alors indiquer aussi dans la foulée sur le ticket un courriel à utiliser pour demander à recevoir votre newsletter. Fidéliser les visiteurs qui souhaitent l’être. Voilà un type de proposition qui aurait, selon moi, des effets bénéfiques dans votre relation avec vos usagers, et sans doute que le développement de la fréquentation de votre institution pourrait être au rendez-vous. Qu’en pensez-vous?

D’autres institutions agissent comme vous actuellement, hélas. Vous deviendriez précurseur et prouveriez que, sur ce point, vous mettez effectivement vos visiteurs toujours au cœur de vos préoccupations.

Voilà les trois questions zappées par la direction du musée KBR. Et ce n’est pas par hasard que j’ai entamé l’ultime question par un « Enfin, je garde le plus constructif pour la fin, et peut-être le plus innovant ». C’était, bien sûr, pour attirer l’attention de la direction du musée.

S’il y avait une question prioritaire dans ma lettre, c’était bien celle-là. Car elle ouvre un dialogue qui peut amener à une évolution constructive de l’institution, en faveur du bien commun.

Ignorer cette question m’envoie le message que l’usager n’est là que pour consommer, contempler, mais le plus passivement possible. À la limite, on peut lui rembourser 10 ou 20 euros, mais qu’il ne se mêle surtout pas du fonctionnement administratif de la culture si largement subventionnée. C’est un pied de nez à un acte de citoyenneté. 

Notre Directeur général Lammens conclut ainsi sa réponse, et sans aucune formule de politesse finale : « Par ce courrier-réponse, je vous confirme donc la position de KBR que nous vous avons longuement détaillée dans nos différents échanges. Nous suivons et respectons l’avis émis par le service juridique compétent en la matière. La phrase « Les tickets ne seront ni échangés, ni remboursés » sera donc bien mentionnée sur les tickets du KBR museum. Si vous n’êtes pas satisfait de notre réponse, vous pouvez vous adresser au Médiateur fédéral. Cet organisme indépendant ne fait pas partie de l’administration fédérale et examinera votre plainte sans frais et en toute impartialité ».

Je ne suivrai pas ce conseil. Ce n’est pas au Médiateur fédéral de traiter ces trois questions auxquelles Madame Lammens refuse ostensiblement de répondre.

Elle n’a pas à refiler la patate chaude à une tierce personne et n’a qu’à assumer elle-même, sans faux fuyant, son refus de dialoguer.

Pour moi, il s’agit là d’une prise en otage inadmissible du Médiateur fédéral.

Je pense que le processus démocratique est différent de ce qu’elle tente de me faire croire. 

Elle devrait respecter le débat contradictoire entamé et donc répondre à ces questions (et même avant que je sois contraint d’envoyer une lettre en recommandé, après deux rappels qui n’ont éveillé que son silence).

Et si ses réponses me semblaient insatisfaisantes, c’est dans ce cas-là que je pourrais utiliser ce recours bien utile à la médiation.

Monsieur le Secrétaire d’État, partagez-vous mon sentiment que Madame Lammens aurait dû répondre à ces trois questions (voir ci-dessus) et qu’il n’est pas normal qu’elle refile ainsi sa responsabilité à répondre au médiateur fédéral, d’une telle manière ?

Et, d’autre part, quel est votre volonté par rapport à cette phrase léonine « Ce ticket n’est ni remboursé, ni échangé » qui est utilisée par divers musées fédéraux ?

 

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Comme l’entretien n’a duré qu’une demi-heure (de 10H45 à 11H15 précisément, présentations comprises) et que mon interlocuteur a déjà été rappelé par deux fois au téléphone pour se présenter ailleurs, il devient très bref, et n’apporte plus vraiment de réponses. 

Pour ce point 7, il dira simplement que le cabinet soutient la direction du musée KBR.

Donc aucune réponse aux deux questions précises :

-1 : Monsieur le Secrétaire d’État, partagez-vous mon sentiment que Madame Lammens aurait dû répondre à ces trois questions (voir ci-dessus) et qu’il n’est pas normal qu’elle refile ainsi sa responsabilité à répondre au médiateur fédéral d’une telle manière ?

-2 : Et, d’autre part, quel est votre volonté par rapport à cette phrase léonine « Ce ticket n’est ni remboursé, ni échangé » qui est utilisée par divers musées fédéraux ? 

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

La KBR choisit de suivre les conseils du service juridique et n'accepte pas les suggestions de faire autrement. De plus, elle a clairement indiqué que le plaignant peut s'adresser au service de médiation s'il n'obtient pas satisfaction de la part de la KBR.

D :  Le 29 avril 2024, la L.U.C. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

Vous soutenez la KBR qui refuse de répondre aux trois questions que je vous ai détaillées. 

Alors, pourquoi le Fédéral ose-faire croire au visiteur qu’il peut déposer des plaintes (c’est clairement indiqué sur les sites des différents musées) alors qu’en même temps vous soutenez un musée qui refuse de répondre, dans le cas présent, à trois questions précises ?

Ne trouvez-vous pas ainsi votre attitude malhonnête à l’égard de vos visiteurs ? « Plaignez-vous, mes amis, mais on n’est pas obligé de vous répondre, et on ne vous donne pas cette dernière information au moment où on vous incite à exercer votre droit de critique ». 

Ayez alors l’honnêteté d’écrire clairement, là où vous invitez les visiteurs à déposer plainte, que les musées ne répondent pas à certaines questions. Expliquez au public clairement vos règles du jeu. 

Votre attitude aura pour conséquence que les directions de chacun de vos musées pourront désormais refuser de répondre à leurs usagers en renvoyant la patate chaude au médiateur fédéral. 

Il me semble que vous détournez dangereusement le rôle du médiateur avec de graves conséquences possibles à l’avenir. 

Le médiateur est là pour effectivement faire une médiation lorsqu’un musée répond à un usager et que ce dernier n’est pas d’accord avec la réponse reçue.

Ce n’est pas du tout le cas présent. Êtes-vous d’accord avec l’analyse de la L.U.C. sur ce point précis ? Avez-vous une objection ? Pouvons-nous savoir laquelle ?

Avec votre décision présente, supprimez donc pour vos visiteurs la possibilité de se plaindre aux institutions elles-mêmes et demandez à celles-ci de ne renseigner que l’adresse du médiateur… et, en conséquence, augmentez le nombre de personnes qui travaillent pour ce dernier. 

Si vous trouvez mes trois questions adressées au musée injurieuses, stupides, inappropriées ou pas constructives, dites-le-moi. Je prends le risque ici de vous le demander. 

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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8: Refus du paiement en liquide

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Dans le grand hall des MRBAB, le 6 mars 2024, il fallait faire en début d’après-midi la file pendant très longtemps pour découvrir cet avis sur le comptoir (cette indication n’étant pas mentionnée au début de la file).

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

Depuis janvier 2016, le musée Royal de l’Armée refuse que le visiteur puisse payer en liquide son ticket au comptoir où l’accueille le personnel dans le hall d’entrée. Je mène en vain jusqu’à présent un combat pour que le public ait le choix entre le paiement en liquide ou par carte dans ce lieu fédéral. 

De plus, il faut savoir que pendant plusieurs années, depuis justement 2006, ce musée a distribué partout en Belgique un dépliant promotionnel où il indiquait sa nouvelle tarification (en effet, avant 2006, ce musée pratiquait la gratuité quotidienne pour chaque visiteur) … mais il omettait d’y mentionner qu’il refusait à sa caisse l’argent liquide. Point de mention « N’oubliez pas de vous munir de votre carte bancaire ». 

Voici davantage de détails sur ce long combat non abouti jusqu’à présent : http://la-luc.blogspot.com/search?q=Armée

Je sais qu’il s’agit là d’un musée qui ne dépend pas du département placé sous votre autorité mais je voulais vous montrer une situation détestable généralisée à un niveau fédéral…

Or, c’est justement le fédéral qui légifère sur ce sujet à un niveau national grâce à son ministre des Affaires économiques. Heureusement, il y a quelques temps votre confrère le ministre Dermagne (des Affaires économiques) a réussi à faire adopter l’obligation pour les entreprises privées comme publiques d’accepter les paiements en espèces.

Voici ce qui s’est passé le 6 mars 2024 dans le grand hall d’entrée des MRBAB, rue de la Régence. Il fallait faire la file pendant une bonne heure pour finalement découvrir au comptoir que le paiement en liquide est refusé. Se pose donc à vous deux problèmes. 

Le premier est l’illégalité de cet avis affiché. Ce n’est d’ailleurs pas le seul musée qui dépend de votre département et où le visiteur ne peut pas payer avec du liquide. J’ai déjà dû déposer une plainte concernant le musée de la KBR où j’avais constaté ce fait, après la période Covid. Pouvez-vous nous indiquer comment vous envisagez de mettre fin à cette situation ?

Le second problème me semble tout aussi grave. La direction des MRBAB est censée savoir qu’elle transgresse la décision politique en refusant le paiement en liquide… et en plus, elle ne place pas un avis pour le signifier au début de la file d’attente. Quel irrespect pour tant de futurs visiteurs dont elle ne respecte pas les droits. 

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Les MRBAB préfèrent favoriser le moins possible le paiement en cash à cause des contraintes économiques.

C : Insatisfait par la mise par écrit de sa réponse verbale par la L.U.C., le cabinet Dermine lui envoie par écrit sa réponse officielle, le 25 avril 2024:

Le WHI ne relève pas de la compétence du secrétaire d’État.

Mais le problème est réel : continuer à recevoir de l'argent liquide est très coûteux et plusieurs musées vont déjà plus loin et n'acceptent que les commandes en ligne ou les commandes à un distributeur automatique, également sans argent liquide. En Belgique, c'est le cas du KMSKA. Aux Pays-Bas, le Rijksmuseum. Cette mesure est contrebalancée par l'obligation d'accepter les paiements en espèces.

Là encore, la contrepartie est claire : continuer à recevoir de l'argent liquide et, par extension, installer des caisses enregistreuses dans chaque musée, coûte de l'argent. Si cela doit être maintenu, des économies devront être réalisées dans d'autres domaines.

Le MRBAB sera informée de la plainte de M. Hennebert.

D :  Le 29 avril 2024, la L.UC. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

De quel droit pourriez-vous envisager d’interdire ainsi l’accès de vos musées à des visiteurs à qui les banques refusent l’octroi d’une carte ?

Pourtant, il s’agit d’être attentif chaque jour à l’application de l’article 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent ».

Qu’en pensez-vous ?

Voulez-vous à terme que la culture ne soit qu’un produit sans supplément d’âme? 

On respecte ou on ne respecte pas l’esprit de cet article 27…

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.

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9: Une personne ressource dans chaque musée

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Pour payer votre ticket pour le musée Magritte, vous devez cliquer sur le petit panneau «COLLECTIONS» qui est illustré par une reproduction de l’œuvre la plus connue dudit musée, « L’Empire des Lumières », sur le site des MRBAB (voir notre photo prise à la mi mai 2024).
C’est une forme de tromperie, pour la période du 21 février au 21 juillet 2024, car cette peinture parmi les plus célèbres n’est pas accessible dans ce musée. Elle est partie s’offrir aux regards des visiteurs dans une exposition temporaire où il faut payer 18 euros pour pouvoir y avoir accès. Ni à l’accueil du Musée Magritte, ni sur son site, l’absence de son œuvre maîtresse n’est indiquée.
 

A : La question écrite de la L.U.C. (envoyée le 10 mars 2024) :

C’est le 11 octobre 2020 que Le Vif publie notre « opinion » qui détaille les quatre propositions que le nouveau ministre fédéral des institutions scientifiques Thomas Dermine (PS) pourrait mettre en œuvre afin que les musées fédéraux respectent mieux leurs visiteurs : http://la-luc.blogspot.com/2020/10/quatre-propositions-pour-notre-nouveau.html

En voici la seconde proposition : « Au sein de chaque institution, la création de la fonction d’une personne ressource dont le travail consistera à défendre en interne les droits des usagers de façon transversale, dans tous les départements, y compris auprès de la direction et du conseil d’administration. Si l’intérêt pour le public est évidemment dans toutes les pensées des membres du personnel de ces institutions, la surcharge du travail, la priorité prise désormais presque partout par le besoin de faire de la communication ainsi que la recherche effrénée bien souvent d’une rentabilité immédiate ne permettent plus vraiment de concrétiser, jour après jour, cet intérêt. Il convient donc de retrouver au sein des diverses institutions le moyen de rendre incontournable cette préoccupation ».

Le 10 novembre 2020, vous réagissez ainsi à propos de cette seconde revendication : « Les usagers doivent pour nous être au centre des préoccupations des acteurs culturels (…) Nos musées fédéraux ont déjà des services en charge des publics. Ils jouent pour moi un rôle essentiel et doivent être mis au centre de la gestion des Institutions dès lors qu’un très grand nombre d’aspects de cette gestion ont un impact direct ou indirect sur le public (programmation artistique, horaires, tarifs, aménagements des bâtiments, communication, …) ».

Donc, pour vous, les usagers doivent être au centre des préoccupations des acteurs culturels mais vous ne souscrivez pas à notre revendication de créer la fonction, au sein de chaque institution, d’une personne ressource dont le travail consistera à défendre en interne les droits des usagers, et de façon transversale. Pour vous, « Nos musées fédéraux ont déjà des services en charge des publics ». 

Nous voilà quatre ans plus tard et l’expérience démontre que votre option ne fonctionne pas.

Je pense que c’est parce que ces services en charge des publics sont dépassés par d’autres charges très estimables et indispensables qui ne leur permettent pas de s’occuper des excès de type économique l’industrialisation croissante de la culture à un niveau mondial, régional et local. 

Je vous demande de réenvisager votre jugement, notamment grâce à la lecture de la présente lettre. Elle stigmatise un grand nombre de dérégulations et j’ai choisi les plus exemplaires. 

N’oublions pas qu’il s’agit ici de la récolte faite par un nombre extrêmement réduit d’observateurs bénévoles car aucune enquête d’envergure n’a été jusqu’à présent mise en place concernant cette thématique. Les exemples à vous présenter pour nuancer votre opinion sont donc sans doute bien plus nombreux et signifiants.

Voici deux faits découverts dans une seule des institutions sous votre autorité durant l’après-midi de ce 6 mars 2024. On peut être difficilement plus d’actualité. 

Ils révèlent que, contrairement à votre volonté, les usagers ne sont pas (assez) au centre des préoccupations de vos institutions muséales fédérales, et ce, malgré « leurs services en charge des publics ».

1 : Le musée Magritte a osé ajouter le texte suivant récemment dans son article 3 figurant dans son « Règlement du visiteur »: « L’absence ponctuelle de certaines œuvres d’art (en déplacement ou en restauration) ne donne droit ni au remboursement, ni à une réduction du prix du billet d’entrée ». https://fine-arts-museum.be/uploads/pages/files/20220614_reglement_du_visiteur.pdf

Ce texte l’autorise à bien des abus, dont le suivant. Du 21 février au 21 juillet 2024, la toile « L’Empire des lumières » quitte le fond permanent du musée Magritte pour se faire admirer par les visiteurs de l’exposition temporaire « Imagine! 100 Years of Internationale Surrealism » établie à la même adresse, dans d’autres locaux, avec une entrée payante spécifique à 18 euros.

Lorsque vous payez votre ticket pour le musée Magritte lui-même, soit 10 euros, vous n’avez donc pas l’occasion d’être informé, sur son site, ni à son accueil, du fait que cette œuvre que beaucoup considèrent comme majeure, une sorte d’emblème du musée, est absente durant cinq mois.

Hélas, ce n’est pas tout. En plus, le musée Magritte vous trompe énormément et sans vergogne de la façon suivante. Voulant acheter votre ticket, quand vous naviguez sur sa page « billetterie en ligne » où vous allez planifier votre visite, vous devez choisir par un clic entre les rubriques « Exposition » ou « Collection ». Ces deux mots sont mentionnés au cœur de petites vignettes. Celle qui est intitulée « Collection » propose une photo de « L’Empire des lumières » et elle mène donc à l’achat du ticket pour le musée Magritte qui, justement, est orphelin actuellement de ce chef d’œuvre. https://fineartsmuseum.recreatex.be

Il s’agit là non plus d’une absence d’information mais bien d’une donnée bien là, en évidence, et qui a forte chance d’induire en erreur des dizaines de milliers de visiteurs potentiels.

Un simple respect du public qui ne se limiterait pas aux déclarations de principe qui ne mangent pas de pain ainsi qu’un peu de bonne volonté permettraient de prévoir des fonds plus neutres pour ces vignettes. Mais il est vrai qu’une photo d’une œuvre aussi populaire peut frapper davantage le regard.

Voilà donc un nouvel exemple concret qui montre certains excès condamnables des tout puissants, et souvent inconscients, services de communication de l’industrie culturelle. Le « service en charge des publics » des MRBAB semble donc bien démuni par rapport à ce type de problèmes. 

2 : On retrouve un autre excès des service de communication des MRBAB dans la configuration du dépliant qui assure la promotion de l’exposition temporaire actuelle intitulée « Imagine! 100 Years of Internationale Surrealism » (21.02 au 21.07 2024). 

La législation économique fédérale indique l’obligation de faire découvrir la tarification détaillée au public. Il ne faut pas me répondre que cette tarification est sur internet. Elle doit aussi l’être sur ce dépliant, et d’ailleurs elle y figure. Le problème consiste dans ce qui n’y est pas détaillé. Mais à quoi sert t-il d’indiquer les montants des réductions s’il n’est pas mentionné à quelles catégories de personnes celles-ci s’adressent ?  C’est pourtant le cas. 

Cet exemple est à ajouter à l’argumentaire d’un de mes articles qui démontre combien petit à petit on réduit le droit du public à être informé sur les prix des activités ou des services culturels : http://la-luc.blogspot.com/2023/09/comparer-les-prix-culturels-de-en.html

Refrain : Le « service en charge des publics » des MRBAB semble donc bien démuni par rapport à ce type de problèmes. 

B : Mise par écrit par la L.U.C. de la réponse donnée verbalement lors de l’entretien au Cabinet Dermine, le 10 avril 2024 :

Le représentant du cabinet, déjà debout pour partir à son rendez-vous suivant, ne commente aucun des deux exemples détaillés dans ce point 9.

Il dit uniquement que l’application de la future Charte des usagers devrait permettre de résoudre les problèmes évoqués dans la question, évitant de se positionner sur chacun de ceux-ci.

C : réponse officielle donnée par le cabinet Dermine (26 avril 2024) :

Les musées sont conscients des défis à relever. Cependant, ils estiment qu'une personne distincte dotée d'un statut spécial n'apportera pas les améliorations nécessaires.

D :  Le 29 avril 2024, la L.UC. réagit par écrit à la réponse écrite du Cabinet Dermine :

Dans votre réponse, vous ne niez pas l’existence et l’intérêt des exemples que la L.U.C. a pris le temps de découvrir, d’analyser et de vous décrire. Heureusement, vous reconnaissez, au moins implicitement, qu’il y a un vrai problème. 

Quand existe un problème, il faut chercher des solutions, et d’autant plus lorsque vos musées sont financés bien majoritairement avec de l’argent public, ce qui nous semble devoir renforcer leur obligation à agir de façon constructive à l’égard de leurs usagers. 

Nous nous relayez que vos musées trouvent notre proposition de solution inefficace. Ils ont peut-être raison, vos musées. Mais pour nous, il est impossible de le comprendre puisque vous n’étayez d’aucun argument concret ce positionnement présenté de façon autoritaire. Ainsi, vous empêchez un débat démocratique contradictoire. 

Pourriez-vous revenir sur cette façon de faire et permettre enfin que vous et nous argumentions en honnêtes hommes et femmes ?

Enfin, constatez que c’est un non… mais il n’est assorti d’aucune proposition de solutions suggérées par vos musées. C’est là, le pire constat.

Nous vous prouvons que la situation est pénible. Vous répondez donc : Circulez, il n’y a rien à voir. Au moins, il faut reconnaître que vous le faites clairement. Mais votre réaction nous semble pourtant être indéfendable. 

E : Le Cabinet Dermine met fin à nos échanges, le 14 mai 2024.