vendredi 15 février 2019

Pourquoi uniquement en anglais?

«L’anglais des musées à Bruxelles: pour tromper ou égarer des visiteurs?» est le titre d’une tribune publiée par l’un de nos administrateurs  dans le trimestriel «4 millions 7» de décembre 2018. 

«Klimt, et surtout les autres à Bozar»: ce titre de l’article de L’Avenir (24 septembre 2018) apparait comme ironique et quelque peu dénonciateur.
Surtout quand Marie-Françoise Gihousse y détaille: «(...) Un thème un peu trompeur. L’exposition met en avant par son titre «Beyound Klimt», et son affiche, un artiste connu du grand public. C’est de bonne guerre mais, autant savoir, il y a très peu d’œuvres de Klimt à Bruxelles (...)». 

Et on peut en dire tout autant pour Schiele et Mucha, annoncés dans cette exposition à 16 euros l’entrée quand même (les réductions pour les seniors n’étant octroyées chez Bozar qu’aux plus de 67 ans, à l’inverse des autres institutions fédérales où c’est 65 ans, et de nombreux autres diffuseurs culturels belges où c’est 60 ans). 

Pour cette exposition de Bozar (proposée au cœur de Bruxelles, rappelons-le!), pourquoi utiliser un titre en anglais? Pour éviter toute méprise, ou mauvaise surprise, les titres plus explicatifs en français et néerlandais n’auraient-ils pas aussi été indispensables?

Une œuvre de Klimt est omniprésente dans la promotion.
Si Bozar (ex Palais des Beaux- Arts de Bruxelles), cette institution largement subsidiée, avait comme mission indispensable l’information des visiteurs, elle aurait indiqué au moins sur son site internet le nombre d’œuvres exposées de Klimt (et des autres artistes présentés), ce qui correspondrait d’une certaine façon à l’annonce avant achat des ingrédients, celle-ci étant obligatoire et clairement réglementée par notre législation économique, pour tous les produits de consommation courante: https://www.bozar.be/fr/activities/133869-beyond-klimt

Guy Duplat met aussi en garde ses lecteurs dans La Libre du 26 septembre 2018: «Attention, une exposition peut en cacher une autre. À lire trop vite le titre de l’exposition, choisi pour des raisons de marketing, on peut croire que Bozar présente une exposition Klimt pour le 100ème anniversaire de la mort du grand peintre viennois (…)». 

Le diable se niche parfois dans les détails! L’anglais a également l’exclusivité d’une partie du ticket d’une autre institution fédérale majeure située à un jet de pierre: le Musée Magritte Museum (c’est le nom officiel de ce musée des MRBAB pour que le public ne le confonde avec le «vrai» Musée Magritte établi dans le maison de Jette où a vécu l’artiste).

Au dos du ticket (qui constitue le texte du contrat qui lie l’acteur culturel à l’usager), est imprimé en lettres bien lisibles un long texte de communication pour remercier les visiteurs, en français, en néerlandais et en anglais.
Mais le seul texte concret pour le visiteur qui souhaiterait introduire une réclamation se trouve tout en bas, indiqué uniquement en anglais (donc pas dans les langues nationales du pays qui subsidie cette institution fédérale, à l’inverse de ce qui est pratiqué sur le reste du ticket): «By purchassing this ticket you accept the General Terms and Conditions of the Museum».
À noter également qu’aucune adresse précise sur internet n’y est indiquée pour permettre à l’usager de retrouver le texte de ce règlement!

lundi 11 février 2019

Musée Magritte : débat musclé à la télé

BX1, la télévision bruxelloise francophone, a relayé à sa façon les résultats des PRIX LUC ET FLOP, en mettant en exergue le premier PRIX FLOP. 

Elle a organisé un débat contradictoire sur ses antennes, le 25 janvier 2019, à propos du fait que le Musée Magritte Museum de Bruxelles n’indiquait pas sur son comptoir, avant achat des tickets, les titres d’une quinzaine de tableaux non exposés. 

Sur le blog de la L.U.C., à propos de ce sujet, vous pouvez lire trois articles :

- 1 : la plainte déposée sur ce thème auprès du médiateur fédéral :

- 2 : De nombreux témoignages de visiteurs concernant cette pratique :

- 3 : Une seconde séquence où une dizaine d’autres oeuvres de Magritte ont également été retirées :

Jean-Christophe Pesesse, le journaliste de BX1, a choisi d’inviter Isabelle Bastaits, la chargée de communication du Musée Magritte Museum et Bernard Hennebert, l’un des administrateurs de la L.U.C. Il a animé de façon fort équilibré ce débat musclé. 

Sur les réseaux sociaux, les réactions des téléspectateurs sont très majoritairement positives. On peut imaginer qu’il n’en est pas nécessairement de même pour un certain nombre de professionnels. Encore que Bernard Hennebert a éprouvé une vive émotion à la lecture de ce témoignage d’une personnalité de premier plan du monde muséal belge qui lui est parvenu (et que nous publions avec l’accord de l’auteur dont nous tenons à protéger, de là cet anonymat) :

«  J’ai enfin pu regarder dans la « boucle » de nuit ton intervention sur BX1.  L’exercice était périlleux et je te dis bravo ; tu t’en es fort bien sorti et tu as pu dire tout ce qu’il y avait d’essentiel. Qu’est-ce que le public va retenir ? L’image d’un monsieur fort sympathique qui défend nos intérêts de visiteurs.  Chacun retiendra bien la leçon qu’il faut être attentif à ce qui est annoncé ou pas à l’entrée d’un musée. C’est cela que l’on garde du débat : une belle leçon pour les visiteurs de musées et pour les musées eux-mêmes ! ». 

Sur sa page fabebook, le site français qui critique les musées « Louvre pour tous » (http://www.louvrepourtous.fr) a relayé la vidéo de ce débat en ces termes : « Belgique : Bernard Hennebert pointe avec justesse le manque d'info concernant les oeuvres absentes dans un musée, souvent pour prêts, comme au musée Magritte, ce qui peut tourner à la tromperie du public. On lui répond qu'on ne peut pas les nommer pour raison de sécurité... Jamais entendu un tel argument. N'importe quoi ! ».

Voici donc la séquence de BX1 : 

Pour ne pas limiter la réflexion au Musée Magritte Museum (et donc ne pas stigmatiser une seule institution), notre administrateur a tenté à plusieurs reprises d’expliquer dans ce débat qu’il y a une quinzaine d’années, il y avait eu un précédent. Pour non annonce d’une oeuvre emblématique enlevée en cours d’exposition sans que ce soit annoncé aux visiteurs avant l’achat de leur ticket, la ville de Bruxelles a remboursé le prix du ticket d’un visiteur (à l’inverse ce que pratique le Magritte) pour l’exposition Rubens qui se tenait dans l’Hôtel de Ville, Grand-Place à Bruxelles. Pressé par le temps, Bernard Hennebert n'a pas réussi, au cours de ce mini débat, à citer un extrait d’une lettre envoyée à l’époque par Charles Picqué, le ministre bruxellois des affaires économiques. Celle-ci pose clairement, en la matière, la base d’un droit à la protection des consommateurs culturels :

« (…) Un principe de droit exige qu’avant la conclusion de tout contrat, la partie « dominante » doive fournir à son futur cocontractant toutes les informations utiles à une prise de décision en connaissance de cause. Agir autrement enfreindrait la bonne foi. 
Les Cours et Tribunaux ont, depuis longtemps, en effet, reconnu l’existence d’une obligation générale de renseignements à charge des fabricants, vendeurs et prestataires de services professionnels.
Ce principe juridique permet de sanctionner un comportement fautif au cours de la période précontractuelle.
Dès lors, je suis également d’avis que la Ville de Bruxelles aurait dû faire le nécessaire afin que les visiteurs soient avertis de la disparition d’une œuvre maîtresse de l’exposition (Rubens) ».

À l’époque, ce cas « Rubens » fut soumis en France à deux personnalités artistiques de premier plan : Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la culture, puis directeur du Château de Versailles, et Françoise Cachin, directrice honoraire des Musées de France. 

À  la question de savoir s’il ne devenait pas évident que le public devrait être informé avant d’acheter son ticket de ce qui était réellement exposé, ils constatèrent qu’effectivement il n’était plus adéquat de simplement signaler ces décrochages à l’endroit où lesdites œuvres auraient pu être admirées et qu’il faudrait trouver à l’avenir le moyen d’informer, dès le hall d’entrée du musée, de leur accessibilité ou non, au moins pour les œuvres maîtresses.

mercredi 6 février 2019

Tant de millions et pas de gratuité

KANAL n’annonce toujours pas et ne semble pas prévoir dans ses budgets, comme le montre cet article de « L’Écho » du 6 février 2019, qu’il va prévoir, lorsqu’il sera un musée avec un fond permanent, une journée mensuelle de « gratuité pour tous ».
Signez donc la pétition pour lui rappeler que c’est devenu à Bruxelles une habitude, une sorte de droit des visiteurs, pour les institutions subsidiées.
On ne lâchera pas ! Dépassons les 1.700 signatures.