lundi 12 octobre 2020

Quatre propositions pour notre nouveau ministre.

 Le 11 octobre 2020, Le Vif publie notre «opinion» qui détaille les quatre propositions que le nouveau ministre fédéral des institutions scientifiques Thomas Dermine (PS) pourrait mettre en oeuvre afin les les musées fédéraux respectent mieux leurs visiteurs :

Sur le site du « Vif", ce 11 octobre 2020

Quatre propositions pour mieux respecter les visiteurs des musées fédéraux

Début juillet 2020, David Clarinval, ministre chargé de la Politique Scientifique, a permis le déblocage de moyens financiers issus des réserves financières de 2019. Hélas, au même moment, sous ses yeux, se détricote un des rares acquis des visiteurs : la « gratuité  du premier mercredi du mois » instaurée à la demande des autorités de tutelle depuis vingt-trois ans. Ce mercredi 7 octobre 2020, elle ne sera plus appliquée que par cinq sur quatorze institutions fédérales.

Depuis le déconfinement, nombre de musées ont perdu près des deux tiers de leur public. L’absence de touristes étrangers les poussent à (re)conquérir les visiteurs de chez nous. Rabougrir cette gratuité mensuelle n’est pas l’idéal pour valoriser leur image.

Et c’est loin d’être le seul problème. Le prix de l’entrée du musée de la KBR (anciennement Bibliothèque Royale de Belgique) qui vient d’être inauguré est plus cher que celui pratiqué au musée Magritte voisin. Aucune date de réouverture des musées Wiertz et Meunier n’est annoncée, ni celle d’une évolution de leurs horaires auxquels plus de 3.000 signataires d’une pétition reprochent qu’ils ne soient pas accessibles à la majorité des citoyens (travailleurs et étudiants), car fermés tous les week-ends, les jours fériés, et lorsqu’ils sont accessibles, ils referment leurs portes pendant la pause de midi.

Les touristes étrangers ne sont pas prêts de revenir et il faut donc élaborer au moins pour le moyen terme l’avenir des musées fédéraux d’une autre manière. Restaurer une image qui met en valeur leur accueil et leur respect du public constituerait un atout indéniable et coûterait sans doute bien moins cher qu’une campagne de communication.

Voilà pourquoi l’asbl « La Ligue des Usagers Culturels » demande au prochain gouvernement fédéral à la fois de mieux soutenir financièrement ses établissements scientifiques et culturels mais également de mettre en place quatre mesures indispensables pour redéployer les droits des visiteurs en leur sein :

  1. L’adaptation au fédéral du « Code de respect des usagers culturels » initié en Fédération Wallonie-Bruxelles. Qu’il existe enfin des règles communes (chaque musée ayant jusqu’à présent son propre règlement) afin que les institutions fédérales respectent mieux les droits de leurs visiteurs.

    Il est intéressant de rappeler que Michel Draguet qui dirige les cinq institutions des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) avait fait part par écrit, après analyse par ses services, de son intérêt pour adapter à un niveau fédéral toutes les obligations concrètes de ce Code.


  2. Au sein de chaque institution, la création de la fonction d’une personne ressource dont le travail consistera à défendre en interne les droits des usagers de façon transversale, dans tous les départements, y compris auprès de la direction et du conseil d’administration.

    Si l’intérêt pour le public est évidemment dans toutes les pensées des membres du personnel de ces institutions, la surcharge du travail, la priorité prise désormais presque partout par le besoin de faire de la communication ainsi que la recherche effrénée bien souvent d’une rentabilité immédiate ne permettent plus vraiment de concrétiser jour après jour cet intérêt.


    Il convient donc de retrouver au sein des diverses institutions le moyen de rendre incontournable cette préoccupation.


  3. L’organisation par et dans chaque institution d’une rencontre annuelle sur les droits de ses usagers. Tous les membres de la direction et autres personnes à responsabilité devraient assister et participer à l’intégralité de ce rendez-vous qui devrait être interactif, enregistré, puis rendu public sur le long terme.

  4.  Le déploiement d’un site internet spécifique où se retrouveraient les «livres d’or» de tous les musées fédéraux (et autres institutions scientifiques). Ainsi, tous les usagers seraient invités à commenter leurs visites et à découvrir les commentaires des publics de toutes les institutions.

ANNEXE
Voici les 15 points du « Code de respect des usagers culturels » en vigueur en Fédération Wallonie-Bruxelles : http://www.culture.be/index.php?id=5235#:~:text=Une%20première%20en%20Communauté%20française%20%3A%20en%20avril,que%20tous%20sortent%20gagnants%20au%20bout%20du%20compte

mercredi 7 octobre 2020

Du ministre Clarinval au ministre Dermine

La chaîne LN24 a capté en direct le moment où  Thomas Dermine (PS),
 le nouveau ministre qui s’occupe notamment des musées fédéraux,
prête serment devant le Roi. 


Le ministre David Clarinval (MR), ministre de la politique scientifique, s’est positionné sur le fait que quasi deux tiers des institutions fédérales n’appliquent plus la demi-journée mensuelle de « gratuité pour tous » du premier mercredi du mois. 

Il a répondu, le 8 septembre 2020, sur ce sujet, à l’interpellation de La Ligue des Usagers Culturels. 

D’autre part, il a réagi, également par écrit, le 29 septembre 2020, aux questions posées par les députés fédéraux Séverine de Laveleye (Écolo-Groen) et Jean-Marc Delizée (PS).

Ses réponses sont quasi identiques et suscitent nos réactions suivantes qui, nous l’espérons, seront prises en compte par son successeur, Thomas Dermine (PS). 

Voici le texte de notre alerte « Musées fédéraux: vers la fin de la gratuité mensuelle? »:

https://www.lalibre.be/debats/opinions/musees-federaux-vers-la-fin-de-la-gratuite-mensuelle-5f5e409b9978e2322feb1065?fbclid=IwAR0eDIhQDNxJCZDtuw8yEaSoKWG_OsKzzoK-O98drruBM9YkqNqGf762gJ0


Les quatre réponses du ministre

1 : Le ministre Clarinval justifie ainsi l’arrêt de la gratuité mensuelle notamment au Musée des Sciences Naturelles : « Cette décision a été prise en raison du contexte sanitaire. Elle vise à éviter l’afflux massif de visiteurs que cette gratuité entraîne habituellement et ainsi garantir le strict respect des mesures sanitaires, dont la distanciation sociale, dans l’intérêt de l’ensemble des visiteurs ». 

Notre réaction :

Bien entendu, La Ligue des Usagers Culturels ne peut admettre qu’une gratuité mensuelle pour tous ait pour conséquence, vu sa réussite, un afflux trop grand de visiteurs.

Cet argument nous a déjà été fourni par les musées pour ne pas envisager une gratuité le premier dimanche au lieu du premier mercredi du mois. Nous leur avons toujours répondu : il suffit de permettre, ce jour-là, la réservation, comme vous l’organisez les autres jours. Généralement, face à cette réponse, les musées se mettent à parler d’autre chose… 

La réaction du Musée des Sciences Naturelles nous semble d’autant plus absurde que justement, dans cette période de crise sanitaire, la réservation est devenue le plus souvent obligatoire. Le public s’y habitue. Il suffit de l’appliquer à la gratuité mensuelle pour tous. 

Apparemment, on ne réfléchit et on n’argumente pas de la même façon quand on est un représentant du peuple ou un usager culturel.

Pourquoi pour éviter l’afflux massif de visiteurs n’insisterait-il pas justement sur le maintien par toutes les institutions de cette gratuité plutôt que d’accepter de rassembler le public intéressé par cette aubaine seulement dans un nombre minimum de lieux, cinq au lieu de douze (en ne comptant pas dans ce chiffre les musées d’Extrême-Orient et le musée des Instruments de musique, en restauration)? 


2 : Le ministre Clarinval explique : « Pour le Musée royal de l'Afrique centrale, il a été décidé, en décembre 2018 lors de sa réouverture, de réduire la proportion d'entrées gratuites et d'entrées à tarif réduit mais de maintenir le prix du billet d'entrée à un niveau bas. Dans le même temps, il a été décidé d'offrir à tous les jeunes jusqu'à 18 ans la gratuité du musée ».

Notre réaction :

- A : Si l’on compare la tarification en 2020 de ce musée avec celle du Musée Magritte, on découvre que ce fameux « billet d’entrée à un niveau bas » est au contraire à un niveau plus élevé : 12 euros alors que le ticket du Musée Magritte est fixé à 10 euros. Cela ne peut donc nullement justifier l’arrêt de la gratuité mensuelle (que d’ailleurs le Musée Magritte continue d’appliquer). Il faudra donc essayer de trouver une autre justification plus plausible!

Quant aux gratuités pour les jeunes, ce n’est pas une particularité du Musée royal de l'Afrique centrale : c’est une évolution récente appliquée dans de nombreux musées belges. Constatons que les musées de la ville de Liège sont bien plus courageux car ils accordent cette gratuité aux moins de 26 ans sans pour autant supprimer leur gratuité pour tous de la journée entière du « premier dimanche du mois ».

- B : Dans la plupart des musées , il y a deux catégories d’avantages : d’une part, des gratuités pour tous (que peuvent également utiliser les publics fragilisés) et, d’autre part, des gratuités ou réductions pour des public précis. 

Il nous semble inapproprié de justifier la suppression d’un avantage réservé à la première catégorie par le maintien de la seconde catégorie.


Le panneau de la tarification du Musée royal de l'Afrique centrale.



3 : Le ministre Clarinval poursuit, à propos des MRBAB (le musée Magritte, le musée d’Art Ancien, le musée Fin de Siècle) : « Enfin, pour les MRBAB, ils ont maintenu la gratuité du premier mercredi après-midi du mois. Ils me signalent toutefois que la crise du Covid a fortement réduit leurs revenus en 2020 et que, dans ce contexte, le maintien de cette mesure de gratuité ne contribue évidemment pas à améliorer la situation financière de l’institution ».

Notre réaction :

L’argent est le nerf de la guerre. C’est souvent le prétexte pour justifier la suppression d’un droit du public (la gratuité mensuelle existe depuis 23 ans et elle a été mise en place comme contre partie à la suppression de la gratuité quotidienne des fonds permanents).

Constatons qu’il y a d’autres gratuités qui coûtent bien chères qui, elles, ne sont jamais remises en question: les vernissages bien arrosés, par exemple.

Si la gratuité mensuelle pour tous constitue, bien sûr, un manque à gagner en terme d’entrées, elles peuvent aussi rapporter. Bizarre ici le silence sur les bénéfices, ces jour-là, des shops et des bars ou restaurants. Le plus grand musée privé wallon, le musée Hergé de Louvain-la-Neuve, a pris l’initiative de pratiquer la gratuité du premier dimanche justement pour ces raisons-là.

Il est quand même étonnant que le ministre Clarinval ne réagisse pas à cet extrait de notre carte blanche: « On oublie les tirelires ? (Pour qu’on) n’égratigne pas l’économie fragile de nos musées, il conviendrait notamment de développer le projet de la tirelire. Celle-ci est proposée à la sortie des activités gratuites, comme le font notamment la quinzaine de musées gratuits (tous les jours) de la ville de Paris dont le célèbre Musée d’Art moderne.

À Gand, une enquête réalisée au Smak, le Musée municipal d’Art actuel, a montré que les montants récoltés par ces dons dépassaient la somme des tickets tarifés à leur prix moyen. Le public donne un euro de plus si la tirelire est placée à la sortie plutôt qu’à l’entrée. Les visiteurs sont plus généreux pendant les week-ends ».

Il y a bien d’autres retombées économiques positives aux « gratuités mensuelles pour tous ». Nous sommes prêts à participer à pareille réflexion. 

N’oublions pas que quelques musées traitent plutôt mal cette gratuité. Il faut faire preuve de bonne volonté et d’imagination. Ce n’est pas toujours le cas.

Dans la même carte blanche nous écrivions : « Promouvoir une gratuité est capital puisque l’une des raisons invoquées pour leur instauration est la recherche de nouveaux publics. La gratuité concurrente, celle du "premier dimanche du mois" qui est pratiquée par 150 musées belges, l’a assimilée : un site internet et une newsletter mensuelle touchant des dizaines de milliers de visiteurs potentiels, une brochure annuelle d’une cinquantaine de pages insérée dans la presse et diffusée en bibliothèques et salles d’attente de médecins, etc. Rien de semblable au fédéral, où on en vient même jusqu’à oublier un geste qui coûte zéro euro : l’indiquer dans les dépliants de présentation. Par exemple, celui du Musée Magritte qui fut diffusé à plus de 500 000 exemplaires ».


4 : Enfin, le ministre Clarinval annonce la constitution d'un groupe de travail sur la gratuité des musées afin « d'objectiver la réflexion à ce sujet ». 

Notre réaction :

Voilà une décision qui sera reprise, espérons-le, par le nouveau ministre Thomas Dermine.

On se demande bien qui fera partie de ce groupe de travail et comment seront définis ses objectifs… Et comment les visiteurs y seront représentés? 


Annexe :

La réponse du 29/09/2020 aux deux députés du ministre David Clarinval (MR), ministre de la politique scientifique.

Madame de Laveleye, 

Monsieur Delizée,

Ayant reçu plusieurs questions concernant la politique de gratuité des musées fédéraux, je me permets d’y apporter une réponse commune. Nous allons donc faire le point sur la situation dans les différents établissements scientifiques fédéraux (ESF) suivants : 

- L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique

- Les Musées royaux d'Art et Histoire

- Le Musée royal de l'Afrique centrale

- Le KBR museum

- Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

Concernant L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, il a, en effet, temporairement suspendu la gratuité du premier mercredi du mois dès 13h depuis sa réouverture le 19 mai.  Cette information a été communiquée via la page d’accueil de son site internet. 

Il s’agit d’une mesure prise dans le cadre de l’autonomie de gestion de l’Institut. Cette décision a été prise en raison du contexte sanitaire. Elle vise à éviter l'afflux massif de visiteurs que cette gratuité entraîne habituellement et ainsi garantir le strict respect des mesures sanitaires, dont la distanciation sociale, dans l’intérêt de l’ensemble des visiteurs. 

En effet, leur parcours de réouverture est conçu pour des petits groupes de 5 personnes maximum. La réintroduction de la gratuité entraînerait la réservation de tickets par des groupes plus importants, ce qui pourrait retarder sérieusement la durée de la visite, fixée à 2 heures maximum. Par ailleurs, cela rendrait le respect des mesures de distanciation sociale difficile.  

Dès lors, la gratuité des premiers mercredis du mois est actuellement suspendue. Pour cette même raison, le musée n'organise actuellement pas de visites guidées pour les groupes.

En outre, il convient de préciser que toutes les autres gratuités ont été maintenues et que l'exposition temporaire a été intégrée au parcours de réouverture sans aucun supplément de prix. 

Les Musées royaux d'Art et Histoire ont également décidé de suspendre l'entrée gratuite le premier mercredi après-midi du mois en raison du contexte sanitaire. Il s'agit, là encore, d'une mesure temporaire prise afin de garantir la distanciation sociale.

En ce qui concerne le Musée royal de l'Afrique centrale, la décision de mettre fin à la gratuité le premier mercredi après-midi du mois date de sa réouverture en décembre 2018. Dans le même temps, il a été décidé de maintenir le prix du billet d’entrée à un niveau bas. Le musée travaille également avec une politique de groupes cibles. Il accorde ainsi l’entrée gratuite aux jeunes de moins de18 ans. Par ailleurs, sous certaines conditions, des taux très fortement réduits sont pratiqués pour les groupes socialement plus défavorisés.

Comme vous le savez, le KBR museum a ouvert ses portes le 18 septembre 2020 et ne pratique pas la politique de gratuité du mercredi après-midi. Plutôt qu'une règle "générale", l’établissement a opté pour une politique de prix dans laquelle l'entrée est gratuite pour certains groupes cibles. Par exemple, le musée sera accessible gratuitement et en permanence aux moins de 18 ans, aux personnes handicapées (+1 accompagnateur), aux demandeurs d'emploi et aux enseignants. Il est également possible de visiter le musée de la KBR avec une carte ICOM et un pass pour le musée. 

Enfin, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique ont maintenu la gratuité du premier mercredi après-midi du mois. Ils signalent  toutefois que la crise du Covid-19 a fortement réduit leurs revenus en 2020 et qu’il est certain que, dans ce contexte, le maintien de cette gratuité ne contribue pas à améliorer la situation financière de l’institution.

De manière plus générale, je suis pour un accès le plus large possible aux collections fédérales. De même, je suis favorable à toutes initiatives qui permettent de donner goût à la culture au plus grand nombre et de la rendre accessible au public le plus vaste possible. La gratuité participe bien entendu à cela. 

Toutefois, les réalités financières des établissements scientifiques fédéraux doivent être prises en compte. La crise du Covid-19 a sérieusement impacté les musées. Leur taux de fréquentation a drastiquement chuté et certains sont désormais dans une situation budgétaire très précaire. 

Comme ministre fédéral chargé de la Politique scientifique, cela me préoccupe énormément. C’est notamment pour les aider que j’ai autorisé certains projets d’investissement, ou le recours aux recettes historiques. 

L’avenir de la gratuité ne peut donc être réfléchi seul, il faut l’englober dans une réflexion d’ensemble sur la meilleure façon d’aider nos musées à retrouver un nouveau souffle. Il est important de trouver un juste équilibre entre la santé financière de nos ESF et la poursuite d’une politique d’ouverture de la culture au plus grand nombre.

Un groupe de travail va d’ailleurs être lancé pour objectiver la question de la gratuité, sur base de données concrètes. Ses résultats devront nourrir une réflexion d’ensemble.

jeudi 1 octobre 2020

Mieux vaut lire le ticket du Marni !

 Un homme averti en vaut deux : voilà la conclusion au conflit détaillé dans le présent article.

On pourrait écrire également : il est utile que le spectateur soit attentif aux «conditions d’utilisation» imprimées sur son ticket.


Le Théâtre Marni questionné

Le 20 septembre 2020, «La Ligue des usagers culturels» a envoyé le courriel suivant à la direction du Théâtre Marni :

« Mesdames, nous tenons tout d’abord à vous dire que nous apprécions beaucoup des lieux comme le vôtre, fort implantés dans des disciplines artistiques (le jazz, ici, surtout) et aussi dans une commune (Ixelles) et nous saluons le courage que vous avez à poursuivre vos activités dans la période difficile que nous subissons actuellement, en plein déconfinement. 

D’autre part, par la presse (Sudpresse, un article de J.T. publié le 19 septembre 2020), l’ASBL «La Ligue des usagers culturels» découvre qu’un habitant de Binche (ville située à environ 60 km de votre lieu de spectacle) accompagné de deux autres personnes de sa famille s’est vu refuser l’entrée d’un spectacle du Théâtre Marni.

La raison serait le fait que ces spectateurs avaient environ dix minutes de retard. Selon Sudpresse, «La directrice du théâtre se justifie en invoquant notamment la crise sanitaire». 

Nous avons vérifié si ce motif d’interdiction d’entrée était indiqué clairement dans les informations écrites reçues par vos public avant l’achat des tickets. 

Sur votre site internet, à la rubrique billetterie, le Marni a mis en évidence un texte «Infos Covid» qui propose des consignes à respecter « sur place » aux futurs spectateurs : «(…) Le port du masque est obligatoire dans tout le bâtiment et vous êtes tenu de le garder pendant la représentation. Nous vous remercions de veiller à respecter au mieux les règles de distanciation physique en vigueur (…)».

Hélas, ce texte ne mentionne pas l’élément qui a mené au refus d’entrée au concert. 

Pouvons-nous savoir si le Marni indique ailleurs cet élément de réglementation, comme, par exemple, sur ses tickets? 

Ce problème est récurrent dans le monde du spectacle, comme en témoigne justement le ticket de la Cinematek (ancien Musée du cinéma à Bruxelles) qui utilise tout son verso pour mentionner en néerlandais et en français «Ce billet n’est plus valable dès que la projection a commencé. Aucune réclamation ne sera admise» (voir photo).

Soyons constructifs: afin d’éviter d’autres mésaventures analogues, pourriez-vos ajouter dans votre texte «Info Covid» une information en ce sens? 

Dans l’attente de vous lire, nous vous souhaitons un franc succès dans la suite de vos multiples activités».


La réponse du Théâtre Marni

Le 23 septembre 2020, Joëlle Keppenne, la directrice du Théâtre Marni, répond : «Bonjour, comme vous le soulignez, la situation est en effet complexe pour nous tous. Ce n’est bien évidemment pas à cause des raisons sanitaires que nous n’avons pas pu faire rentrer les retardataires, l’accueil du public est juste actuellement plus encadré jusqu’au début de nos représentations.

Le Théâtre Marni utilise le système de billetterie utick. Les conditions d'utilisation sont reprises sur chacun des tickets reçus et imprimés par le spectateurs comme nous sommes tenus de le faire. 

Voici l'information correspondant à l'entrée en salle pour les concerts et spectacles:

« Ce billet codé est uniquement valable pour le lieu, la séance, la date et l'heure précisés ci-dessus. Dans les autres cas, ce billet ne sera pas valable. Il est recommandé d'occuper sa place au moins 15 minutes avant le début de l’événement.

L'accès à la salle n'est pas garanti 5 minutes avant le début de l’événement et ne donne droit à aucun remboursement ».

Nous avons en effet ajouté une rubrique liée au Covid sur le site du Marni. Cette rubrique permet de répondre aux questions fréquemment posées par les spectateurs concernant les mesures sanitaires mais ne concerne pas les conditions d’accès à la salle qui sont reprises sur nos tickets.

 Le Théâtre Marni est une des premiers à avoir ouvert ses portes au public avec une programmation ajustée et une jauge réduite. Nous nous réjouissons de pouvoir accueillir les artistes et le public qui nous ont manifestés un réel soutien». 


Dernière réaction de la L.U.C.

«Merci pour votre réponse rapide et détaillée. Elle nous semble tout-à-fait satisfaisante et permet de mieux réfléchir à ce problème concret (qui revient régulièrement). Bien cordialement».