samedi 27 mai 2023

Ce «Moustique» qui pique

Il a eu un sacré effet, l’article posté sur notre blog, le 3 avril 2023.
C’est celui qui félicitait la ville de Liège qui a commencé à afficher à l’entrée et à la sortie de ses musées une nouvelle affiche qui détaille les 15 droits du Code du public culturel en Fédération Wallonie Bruxelles : http://la-luc.blogspot.com/2023/04/liege-ressuscite-nos-15-droits.html

En effet, «Moustique» a enquêté sur cette thématique et a publié un article de trois pages de Thomas Depicke intitulé «Exposition des droits», illustré par Kanar, dans son numéro 5.070 du 26 avril 2023 (pages 42 et suivantes).

Ce «Moustique» qui pique est un rendez-vous culturel de qualité depuis de très nombreuses décennies pour ses lecteurs, une référence de sérieux, et donc un lieu d’exposition idéal pour des revendications d’usagers culturels belges.
Pour nos lecteurs de France, on pourrait dire qu’il s’agit à peu près d’un alliage quasi surréaliste de leurs hebdos «Télérama» et «Télé 7 jours».

Moustique a ajouté cet article sur son site au cours du premier week-end de mai 2023. On peut le lire dans son intégralité et gratuitement.
Le titre initial a été modifié et remplacé par : « Les usagers culturels ont des droits : quel est ce Code que personne ne connait? ».
À découvrir (et partager…) ici. Ne vous privez pas!
https://www.moustique.be/culture/2023/05/06/les-usagers-culturels-ont-des-droits-quel-est-ce-code-que-personne-ne-connait-261495

Nourrie par plusieurs révélations de cette enquête, la lettre suivante a ensuite été adressée par la L.U.C. à différents parlementaires de chaque parti démocratique, ceux qui animent la commission « culture » au Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles.
Bien entendu, nous vous publierons ultérieurement les éventuels et espérés résultats de cette action de sensibilisation après d’eux.
Voici le texte intégral de cette lettre envoyée le 2 mai 2023.

Quatre questions

Cher parlementaire, vous trouverez ci-dessous en PDF un article courageux paru cette semaine (ce mardi, dernier jour en librairie) dans l’hebdomadaire «Moustique» qui pourrait vous interpeller.

Et nous nous permettons de vous poser 4 questions.
Nous espérons que vous nous y apporterez des réponses détaillées que nous avons l’intention de publier.

Nous aimerions également que ce sujet puisse être abordé par la commission
qui traite de la culture au Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles.

«Exposition des droits» est le titre d’une enquête de trois pages réalisée par Thomas Depicker, et publiée dans les pages «Grands formats - L’analyse» de l’hebdomadaire belge «Moustique» du 26 avril 2023.

Sachez que ce n’est qu’une minorité d’opérateurs culturels en Belgique à qui il arrive de ne pas respecter les droits de leur public. Mais elle existe… comme le démontre encore le nouvel article publié sur notre blog, ce 7 avril 2023.
L’un de ces opérateurs , de fort bonne réputation et responsable d’ailleurs de passionnantes activités, prévoit, sans que cela ne choque personne depuis plusieurs années (ce qui devrait également faire réfléchir chacun de nous), dans sa tarification sur son site internet, la possibilité d’infliger lui-même «des amendes » à certains de ses visiteurs. Ce qui nous semble illégal.
http://la-luc.blogspot.com/2023/04/art-nouveau-gaffe-une-amende.html

Dans l’attente de vous lire, nous vous prions de croire en l’expression de nos sentiments les plus cordiaux.

Bernard Hennebert,
Président de l’asbl « La Ligue des usagers culturels » (L.U.C.)
C’est quoi, la L.U.C.?
http://la-luc.blogspot.com/2018/12/definition-objectifs-et-activites.html


La première page de l’enquête de «Moustique» illustrée par Kanar.

Question 1 : « Poussière » au Ministère de la Culture?

Le sujet du «Code des usagers culturels» revient dans l’actualité.

En effet, la L.U.C. a réussi à apporter la preuve à notre ministre de la culture Bénédicte Linard que celui-ci était tellement devenu inopérant que la Direction Générale de la Culture n’accusait même pas réception d’une plainte qui lui avait été envoyée d’abord par courriel (+ rappel), puis en lettre recommandée à son « Bureau de conciliation », le 22 décembre 2021, au 44, Bd Léopold II à 1080 Bruxelles.

Malgré d’autres rappels bien plus tard, au moment où nous vous écrivons le présent texte (fin avril 2023), la L.U.C. n’a toujours pas été informée du fait que cette plainte aurait été traitée, et comment.

Il s’en est suivi des échanges entre le cabinet de la ministre et les services du Ministère de la Culture ainsi que ceux du Médiateur de Wallonie et de la FWB.

Leurs discussions ont heureusement permis de sauver l’existence même des 15 points concrets mentionnés dans ledit Code. Qui dit « sauver » laisse entendre qu’ils étaient pour le moins menacés. Mais subsistent plusieurs problèmes connexes.

Le résumé liminaire de l’enquête de «Moustique» indique : «Déçu par l’absence de votre œuvre favorite au musée? En tant que visiteur, selon le « Code », vous étiez en droit d’en être informé. Sauf que le « Code » prenait la poussière au ministère de la culture».

Ce Code des usagers culturels existe depuis 2006, comporte 15 points concrets et doit être respecté par plus de 3.000 organismes ou personnes aidés par la FWB, sous peine d’éventuelles sanctions pouvant aller, en cas de récidive, jusqu’à des diminutions de subventions.

Des plaintes sont résolues régulièrement par le simple échange de courriers entre opérateurs et usagers (en annexe 1, pour vous faire une idée concrète, quatre exemples parmi ces plaintes résolues).

Mais lorsque l’accord n’est pas possible entre eux, dans un deuxième temps, l’usager peut s’adresser au Ministère pour un arbitrage, via son Bureau de Conciliation.

Il n’existe pas de bilan du nombre et du contenu des plaintes les plus nombreuses, celles qui se concluent directement par un accord entre opérateurs et usagers.
Par contre, il serait logique que les archives du Ministère de la Culture soient bien plus loquaces en ce qui concerne le déroulement des réunions et des échanges du Bureau de Conciliation, même en gardant un anonymat des différents protagonistes.

L’enquête de l’hebdomadaire constate : «Les lieux culturels de la FWB seraient-ils parfaits? Non. On se rend compte que les inspecteurs prévus pour vérifier le respect du Code n’avaient pas fait grand-chose».

Il serait utile de savoir si, à l’avenir, ces inspecteurs vérifieront, par exemple, si les opérateurs placent bien à l’entrée ET à la sortie de leurs lieux des affiches qui permettent au public de découvrir ses 15 droits (c’est une obligation, selon le point 1 du Code).
Car, hélas, comme le laisse deviner «Moustique», la grande majorité du public ignore tout du contenu du Code, ce qui en atténue fortement l’usage.

Globalement, vous-même et le parti politique que vous représentez, souhaitez-vous concrètement ce « dépoussiérage » (terme utilisé par l’hebdomadaire qui pique)?
Et quels moyens envisagez-vous pour y parvenir, notamment lors de la prochaine législature?

La deuxième page de l’enquête a la bonne idée utile de synthétiser les 15 droits du Code
  
.

Question 2 : Faut-il arrêter à l’avenir les rapports annuels envoyés au Gouvernement?

Il existe bien peu de groupes de pression qui informent des droits du public culturel, à l’inverse de ce qui se passe pour les droits des créateurs, et pourtant les deux types de préoccupations se complètent.  

La Ligue des Usagers culturels est une asbl axée uniquement sur le bénévolat : aucun subside, aucun sponsor, pas de publicité, ni de placement de produit.

Le groupe de travail qui a préparé Le Code a donc trouvé utile d’informer fortement sur ce sujet particulier le gouvernement par le biais d’un rapport annuel préparé et remis CHAQUE ANNÉE au gouvernement par le ministère de la culture et le médiateur.

Selon «Moustique» : «Chaque année (depuis 2006), le ministère et le médiateur de la FWB devaient également remettre un rapport au gouvernement. Il y en a eu, tout au plus, trois. Depuis, plus rien».

Les usagers n’ont pas à eux-mêmes à traiter du fait que c’est le ministre ou/et le médiateur qui est/sont responsables de cette situation problématique. Par contre, sur l’affiche, le point C indique clairement l’existence de ce rapport annuel. Durant combien d’années (plus de 10 ans sans doute), les usagers ont-ils ainsi été mal informés pour le site culture.be, en ce qui concerne ce fait?

La Ligue des Usagers Culturels ne réussit pas actuellement à savoir combien de ces rapports annuels n’ont pas été remis au gouvernement, ni en quelles années. Elle n’a pas non plus accès au contenu de ceux qui ont vraisemblablement existé. Elle suppose que ces rapports indiquent le nombre de plaintes traitées par le Bureau de Conciliation.

Il est utile de constater qu’ici, on en est donc au stade où les usagers culturels n’ont pas connaissance de ce qui s’écrit à leur sujet alors que, paradoxalement, le Code oblige, notamment dans ses points 2 et 3, les opérateurs à respecter davantage le droit du public culturel à être mieux informé.

En 2022, le médiateur a relayé par courriel la déclaration suivante qui lui a été faite par l’AGC : «Le Bureau de Conciliation, prévu par le Code de respect de usagers culturels (2006), n’est actuellement pas actif. En effet, peu, voire pas, de plaintes, ont été déposées dans ce cadre depuis la création du Code».

Le « pas » (qui est faux et nous l’avons déjà démontré à plusieurs reprises) semble afficher un certain cynisme ou un autre sentiment négatif arbitraire dans une lettre pourtant officielle à l’égard de cette thématique des « droits des usagers » qui mérite tant d’être développée. Pourquoi donc l’AGC s’est-elle sentie obligée d’indiquer ce « pas » (qui est faux) au médiateur? C’est une question qu'il nous semble utile de poser.
D’où l’importance de connaître le contenu des (sans doute très rares) rapports annuels remis au gouvernement qui, probablement, indique le nombre réel de plaintes traitées par le Bureau de Conciliation.

D’autre part, un de ces rapports annuels explique-t-il au Gouvernement comment et pourquoi  le Ministère a décidé unilatéralement (à quelle date?) de supprimer ce Bureau de Conciliation (qui est composé à sa création de deux représentants d’associations d’usagers - le CRIOC et La Ligue des Familles - et d’une représentant du Ministère lui-même)?

Quant à nous, nous pouvons prouver que des plaintes ont bel bien été traitées depuis sa création par le Bureau de Conciliation (voir annexe 2).

Le texte complet du Code qui vient d’être réaménagé et envoyé par courriel aux opérateurs à la mi décembre 2023 fait silence sur l’existence de ce rapport annuel. Reste-t-il officiellement d’actualité?

S’il n’existe plus, comment nos autorités politiques seront tenues au courant des (éventuels) problèmes qui se posent aux usagers culturels en FWB?

S’il n’existe plus, c’est sans doute un recul dans le secteur culturel tout entier. Est-ce acceptable?

Les paroles de feu Henry Ingberg, ancien Directeur général de la Culture et Secrétaire général de la Communauté française, qui sont à l’origine de la création du Code, sont-elles devenues désuètes? «Le rapport à l’usager est un véritable enjeu. Jusqu’à présent l’autorité publique n’a pas pris en compte cette problématique de manière systématique et organisée. Il y a distorsion par rapport à une amplification des pratiques des loisirs par la collectivité».

A : Dans l’affiche de 2006, le public est informé de l’existence de ce rapport annuel : lire le point C
https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=098da72b12d4c32661de7b1a43adf980e223e601&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/code_usagers.pdf

B : Dans le texte remodelé en décembre 2022, l’annonce de l’existence de ce rapport annuel s’est évaporée :
Voici cette nouvelle présentation : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

Quid donc de ces rapport annuels?

Question 3 : Qui va imprimer les 6.000 affiches? Et avec quelle périodicité?

Cette question nous semble majeure pour l’avenir du Code qui vient d’être pérennisé.

En 2006, notre Ministère de la Culture a distribué auprès des diffuseurs des lots d’affiches en couleurs et de grand format (60 x 80 cm).

Déjà en 2007, Guy Duplat écrit de façon quasi prémonitoire dans «La Libre» du 20 janvier: «On sait que ce Code veut mieux protéger les droits des usagers. Alors, tout est-il parfait dans les meilleurs des mondes, ou est-ce un manque d’information des usagers qui ne connaissent pas leurs droits? Ne faut-il pas mieux afficher le Code des usagers à l’entrée des lieux?».

Donc ce journaliste bien connu et respecté par la profession laisse entendre dès 2007 que l’affichage à l’entrée et à la sortie des lieux commence déjà à laisser à désirer.

Contrairement à ce qui avait été clairement annoncé à l’époque par la ministre Fadila Laanan et par le Ministère de la culture lui-même, au cours des seize années qui ont suivi la création de ce Code, aucune nouvelle affiche n’a été conçue, imprimée et diffusée par la Direction Générale de la Culture.

D’ailleurs aucune autre promotion n’a non plus été faite. Par exemple, personne n’a célébré les dix ans de son existence pour en faire un bilan et construire son avenir, comme cela se pratique pour nombre de nouvelles pratiques sociales ou culturelles.

Quels lieux culturels affichent actuellement à l’entrée ET à la sortie de leurs lieux ladite affiche? Or, c’est une obligation.
Quel merveilleux moyen et si peu coûteux pour atteindre, jour après jour, année après année, la population concernée, et notamment sensibiliser régulièrement de ces avancées citoyennes les nouvelles générations des organisateurs et des usagers?

Il n’y a quasi plus aucune affiche pour informer le public dans ces plus de 3.000 lieux concernés. Et depuis de nombreuses années.

La grande majorité de ceux qui doivent appliquer le Code sont dans le même cas: l’ignorance.
«Moustique» donne deux exemples concrets.

1 : «Récemment, le coordinateur d’un grand théâtre bruxellois a réalisé une enquête sur le degré de connaissance du Code par son personnel. Aucun employé n’était au courant de son existence».

2 : «Même son de cloche du côté de Pierre Paquet, directeur des musées pour la ville de Liège. «On ne le savait pas et clairement, ce n’est pas normal. C’est une obligation imposée par la FWB et toutes les institutions culturelles doivent avoir connaissance de ce Code. Mais ça nous avait effectivement échappé (…)
Mais nul n’est censé ignorer la loi, donc on devait le savoir (…)
Cela fait partie d’une démarche louable et si certains estiment cela bénin, nous pas. Le Code est venu formaliser des dispositifs qui existent dans la plupart des musées et rappeler à certains qui n’avaient pas conscience de tous les points à respecter. Notamment l’affichage, qui est probablement le moins bien respecté.
Indiquer au visiteur qu’il peut se plaindre, c’est la moindre des choses.
Pour moi, ce Code ne coûte rien et n’est pas un caillou dans la chaussure des institutions culturelles».

Dans l’envoi par courriel, le 16 décembre 2022, par culture.be , aux opérateurs culturels, de la nouvelle version du Code, aucune indication n’est fournie aux opérateurs sur qui va imprimer ces affiches.
Pourtant le point 1 du Code reste obligatoire : l’organisateur doit « afficher le présent Code en évidence, à l’entrée ET à la sortie de tous les lieux où il accueille les usagers ».

Puisque c’est le silence (un silence bien embarrassant pour les diffuseurs qui ne savent pas ce qu’ils doivent faire : attendre un envoi de l’AGC avec un lot de nouvelles affiches ou s’organiser eux-mêmes pour imprimer l’affiche dans ce grand format et au moins en deux exemplaires), la L.U.C. est partie de l’idée que l’AGC va bientôt imprimer et diffuser ces affiches (comme elle fit en 2006) et a interrogé sur ce sujet le cabinet de la ministre Linard.

Si ce n’était pas le cas, il y aurait un recul significatif sur les droits acquis en 2006 par les usagers, et masqué par le silence à ce propos dans l’envoi du 16 décembre 2022 aux opérateurs.

Or, on l’a vu, le non réimpression d’affiches depuis 2006 a eu des conséquences dévastatrices. Va-t-on en tirer leçon? Apparemment, non. Au contraire.

De plus, maintenant, il faut absolument utiliser d’autres affiches car sur celles de 2066 l’adresse où le public peut déposer plainte est devenue inopérante puisque celle-ci vient de changer, fin 2022.
En 2023, la L.U.C. a déjà détecté deux lieux, à Bruxelles et en Wallonie, où des affiches de 2006 ont été ressorties et réaffichées, trompant ainsi le public avec cette adresse désormais caduque. Pour rappel, le L.U.C. a fait la preuve que le ministère n’accusait même pas réception d’une plainte envoyée en recommandé à cette adresse-là.

Le cabinet de la ministre nous a transmis la réponse suivante, le 13 février 2023 :
« La publication du Code à destination de ses plus de 3000 opérateurs  + de deux affiches pour l’afficher à l’entrée et la sortie de tous les lieux subventionnés est conséquent. Pour le moment, il n’est pas opportun de débloquer un budget (qui ne serait dès lors pas consacré aux politiques de création) ».

Implicitement donc: « Tous les millions d’aides (sans doute insuffisants d’ailleurs) pour la création? Et quasi rien pour les droits du public face à certains excès de notre industrie culturelle… ».
Excès d’ailleurs croissants dans le monde qui nécessitent donc davantage de prévention aux niveaux international, national, régional. Par exemple, que penser, côté musées, des tarifications souvent fort élevées des expositions immersives ou, côté musique, de la tarification dynamique (utilisée notamment par Bruce Springsteen pour sa tournée 2023)?

N’oublions pas que ces excès auront aussi bien souvent des répercussions négatives sur la vie économique de nos créateurs et organisateurs, du moins ceux qui ne sont pas les géants du secteur. Ce qui mènera, en bout de course, à l’appauvrissement probable de la diversité culturelle.

Est-ce à nos plus de 3.000 opérateurs qu’il revient d’organiser et de financer la matérialisation de cette obligation imposée par le ministère (le point 1 du Code, et chaque mot y compte) alors qu’ils ont dû affronter les effets économiques de la pandémie, de la guerre en Ukraine, des évolutions énergétiques et de l’actuelle inflation des prix?

La L.U.C. pense que la Direction générale de la Culture, en fonction de ses objectifs affichés, devrait continuer à coordonner le travail de médiatisation du Code sur le long terme, à l’égard tant des opérateurs que des usagers, d’autant plus qu’elle avait trouvé normal et possible de le faire auparavant.

Il lui semble souhaitable qu’une nouvelle affiche voit le jour non pas seize ans après l’impression de la précédente, mais que, par exemple, elle soit renouvelée tous les deux ans (nous pourrions préférer un  « tous les ans » mais faisons l’effort de ne pas trop charger la barque), pour tout simplement tirer les leçons de ce passé qui a failli passer au bleu ces 15 droits.

Et si elle s’y refuse, elle devrait au moins l’exprimer clairement aux diffuseurs, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Il faut, bien sûr, que les nouvelles affiches n’aient pas la dimension d’un timbre poste. Il convient de respecter l’esprit qui sous-tend le texte du Code. Ces affiches doivent inciter le public à prendre le temps de lire le texte dense qui définit chacun des 15 droits.
Bien entendu, il serait utile non pas de les remplacer par un QR Code mais bien d’y en ajouter un, ce qui n’est pas le cas actuellement.  

Extrait de la page 4 » de l’enquête de « Moustique».

Question 4 : Comment mettre fin à une « portée juridique limitée »?

André-Marie Poncelet, alors Administrateur général de la Culture, nous écrivait déjà le 3 mars 2016: « le Code des usagers a une portée juridique limitée puisque ce texte n’est pas approuvé par un arrêté et n’a donc, en soi, aucune force légale ».

La L.U.C. ne pense pas qu’une initiative au niveau du ministère ou au niveau politique  pour faire évoluer cette situation ait été prise durant les sept années qui ont suivi cette déclaration.

Voilà donc un problème majeur pour tous ceux qui souhaitent qu’on fasse vivre et s’épanouir durablement les droits du public culturel, sur le moyen et le long terme, dans notre Fédération.

Lorsque la L.U.C. a interrogé le cabinet de notre ministre de la culture sur ce sujet, voici la réponse qui lui a été faite le 13 février 2023 : « Cette réflexion devrait avoir lieu au sein du Conseil Supérieur de la Culture qui traite des orientations des politiques culturelles».

Pouvez-vous nous indiquer quel est le pourcentage de personnalités participants à ce Conseil Supérieur de la Culture qui sont des experts des droits des usagers culturels face à certains excès d’une industrialisation de la culture?

Et pour conclure

Pourquoi devrait-il exister en FWB une association d’usagers culturels d’envergure?

La fin de l’enquête de «Moustique» donne la parole sur ce sujet au président de la L.U.C.:

«Il faut inventer une sorte de contre-pouvoir contre les abus d’une trop grande industrialisation de la culture, qui la transforme en simple produit sans supplément d’âme. Ce qui est sain dans la vie sociale, c’est quand il y a Test-Achats, la Ligue des droits humains… Tout cela n’existe pas en culture. À chaque problème, on revient à zéro».

Il est difficile qu’une association d’envergure d’usagers culturels émerge en FWB.

Assez récemment, lorsque l’ancienne Médiathèque de notre Communauté, devenue «PointCulture », se cherchait de nouveaux objectifs, des objectifs novateurs, des objecteurs précurseurs pour la suite de ce siècle, nous avons proposé que l’une de ces évolutions soit justement la création d’un mouvement d’usagers culturels.
Nous avons consacré beaucoup d’énergie dans la préparation d’un dossier envoyé aux différentes instances concernées.
Nous n’avons même pas reçu une réponse écrite détaillée qui aurait, par exemple, démonté notre analyse.
Le débat contradictoire sur ce sujet précis semble, jusqu’à présent, pour le moins inopportun.
S’en rendre compte est peut-être déjà une toute première étape pour avancer.

Conclusion de l’article de «Moustique» en page 44.

ANNEXE 1

Concrètement, quels types de plaintes sont traitées et trouvent des solutions par des échanges entre usagers et opérateurs ?

Selon quelques recherches parcellaires menées par la L.U.C., il apparait que nombre de celles-ci concernent le point 2 du Code qui n’est, en fait, qu’une application à la culture de notre législation économique: avant achat, le vendeur est tenu d'expliquer clairement à l’acheteur ce à quoi il s’oblige et «tout pacte obscur ou ambigu s'interprète contre le vendeur».

À ce sujet, voici quatre exemples précis qui ont permis d’améliorer l’information des usagers culturels.

  1. Plusieurs plaintes ont été adressées, avec effets constructifs, à des musées qui pratiquent la gratuité «pour tous» du premier dimanche du mois. Cet avantage mensuel «pour tous» n’apparaissait pas dans leur tarification. Or, le public doit être au courant de celle-ci pour avoir le choix entre venir un jour payant ou un jour gratuit.

  2. Les réductions pour les seniors sont passées progressivement d’un âge unique (les plus de 60 ans) à, soit au maintien à 60 ans, soit 65 ans, ou même 67 ans.
    Il convient donc de préciser désormais l’âge choisi par l’organisateur dans les tarifications. Ce n’était pas le cas ni dans un cinéma, ni dans un musée.
    Des plaintes sur ce point ont permis à ces deux lieux de mieux détailler leurs tarifications. Plus d’info : http://la-luc.blogspot.com/search/label/Plaza%20Cinema
     
  3. Une plainte a été adressée à un théâtre qui proposait une pièce où des comédiens fument sur scène.
    Qu’indique la législation belge? Il est interdit de fumer dans les lieux couverts. Cela devrait donc être, en terme de santé publique, aussi le cas des salles de spectacles mais une dérogation a été donnée par le Ministère des affaires économiques au niveau fédéral afin que des comédiens puissent pratiquer cet acte sur scène, mais à condition que le public en soit informé.
    Un théâtre pris en défaut a tenu compte de la plainte qui lui a été adressée et s’est empressé d’indiquer sur son site, quelques jours avant l’événement : «Nous vous signalons que les interprètes fument sur scène pendant la représentation».
     
  4. Dans tel lieu culturel, il est permis de photographier. Pourtant, au dos du ticket et sur le comptoir à l’accueil, il est indiqué le contraire. Sur le site internet, c’est le silence.
    L’acteur culturel a été interpellé et a répondu par ces mots qu’il allait tenir compte de ladite plainte: «C’est aussi grâce aux retours visiteur comme le vôtre que nous pouvons nous améliorer». Voici les détails du déroulement de cette plainte : http://la-luc.blogspot.com/2022/10/y-photos-ou-y-pas-au-bam.html


Bien sûr, les autres points du Code suscitent d’autres réactions.
Il a donc permis, même en étant bien peu médiatisé, de résoudre déjà une série de problèmes mais il ne faut pas s’arrêter là.
La L.U.C. (qui est une asbl régie par le bénévolat et agissant sans subside, ni sponsor, ni publicité) demande que les exemples les plus significatifs de plaintes, abouties ou non, soient médiatisés régulièrement par le ministère tant auprès des organisateurs, des créateurs et du personnel politique que du public, via une newsletter ou avec l’aide des médias, afin que le «mieux vivre ensemble» culturel profite de ces enseignements et puisse plus facilement se généraliser, s’intensifier.

Extrait de la page 44 de «Moustique»

ANNEXE 2

Le Bureau de Conciliation reçoit-il des plaintes ?

Difficile pour le public de se faire une idée car le ministère ne communique pas sur ce sujet, la presse ne « suit » pas cette thématique, et... les personnes qui déposent plainte ne peuvent pas vraiment faire la publicité des résultats de leur action !

Et le président de la L.U.C. d’ailleurs est dans ce cas-là, ayant accepté le contenu du règlement pour voir ses plaintes acceptées d’être traitées par le Bureau de Conciliation.

En effet, les plaignants, s’ils veulent voir leur dossier étudié, doivent renvoyer signé, dans les 20 jours, un formulaire d’adhésion au règlement de 5 pages que lui a fait parvenir par voie postale le ministère.

L’article 7 de celui-ci indique que « les parties respecteront le caractère confidentiel de la conciliation ». De plus, « les membres du Bureau, en ce compris le Secrétariat, sont également soumis à la même obligation de confidentialité ».

L’article 9 prévoit que « l’Administration peut publier l’avis du Bureau sur le site www.culture.be, au plus tôt soixante jours après la date d’envoi de la notification de l’avis aux parties ». Mais... « l’avis publié doit être anonyme ».

Selon nos recherches (pas exhaustives), l’Administration n’a jamais concrétisé cette possibilité.

N’est-il pas curieux de constater que cette obligation de confidentialité et d’anonymat ne soit pas renseignée dans le texte, pourtant si détaillé, présenté sur l’affiche du Code ?
D’une certaine façon, ce faisant, le Ministère n’aurait pas lui-même appliqué l’esprit du point 2 ? À savoir : fournir aux usagers, avant qu’ils ne se décident à déposer plainte, une information la plus complète possible.

Le président de la L.U.C. ne peux donc pas dévoiler ici l’issue donnée aux plaintes qu’il a envoyées et citer les noms des opérateurs concernés. Et pourtant, il y a eu plusieurs  plaintes.

Par contre, il n’a signé aucune clause de confidentialité pour des plaintes émises par de tierces personnes.

Or, il se fait que le secrétariat du Bureau de Conciliation lui-même n’a pas respecté cette confidentialité, en lui envoyant la copie du procès-verbal d’une réunion où ont été traitées plusieurs plaintes, émises par lui-même et par une tierce personne. Au lieu de simplement lui faire parvenir uniquement la partie qui le concernait directement dans ce document !

Il peut donc indiquer ici que, dans au moins ce cas précis, le Bureau de Conciliation a pu aller jusqu’au bout de sa démarche.

Il a donné raison à un usager et sa décision a poussé la direction d’une institution à modifier l’un de ses comportements. Il s’agit d’un musée.

Nous tenons à divulguer ce fait pour démontrer l’efficacité du Code et de la médiation tout-à-fait constructive qui fut menée, en cas avéré de sa non-application.

Le 11 juin 2009, le Bureau de Conciliation a traité ainsi donc la plainte envoyée, le 5 mars 2009, par William M.
Il constate l’infraction suivante : le musée X qui «applique la gratuité, le premier dimanche du mois (et bénéficie pour cela d’une compensation de la Communauté française, Madame la Ministre s’étant engagée auprès de lui à compenser les frais occasionnés par cette même gratuité) n’en informe pas ses visiteurs (ce qui est un manquement au point 5 du Code)».
Il conclut «qu’un défaut d’information existe» et demande au musée de lui fournir «dans les 15 jours les pièces justifiant sa communication de la gratuité, le premier dimanche du mois, en priorité à l’entrée du Musée et sur son site internet, et, dans des délais raisonnables, sur tous ses supports».
Il y a donc matière là, en 2009, pour nourrir un rapport annuel destiné au Gouvernement.




vendredi 7 avril 2023

Art Nouveau: gaffe à une «amende»!

 


Conquérir la suppression d’un mot dans la tarification sur un site internet d’un organisateur culturel peut paraître un détail.
Mais ce mot peut symboliser en six lettres les excès d’une industrialisation à outrance de cette matière dite « à supplément d’âme »: dans le cas présent, un festival de visites d’immeubles Art Nouveaux à Bruxelles.

De quoi s’agit-il concrètement?
Ainsi par un seul mot, une association subsidiée s’arroge depuis plusieurs années déjà le droit de pouvoir donner «une amende», de déterminer unilatéralement le montant de celle-ci et de la facturer à certains de ses usagers, sans autre forme de procès, uniquement selon le libellé de son règlement imposé unilatéralement à son si cher public.
En toute impunité depuis plusieurs années? Dans l’indifférence des pouvoirs publics, de divers confrères de la profession culturelle, de quelques médias censés investiguer, et, hélas, de nous-même. Ne soyons pas manichéen. Heureusement qu’il y a des exceptions et c’est un artiste (dont nous prenons nous-même la décision de le protéger par la préservation de son anonymat afin d’éviter d’éventuelles sarcasmes, voire représailles) qui a tuyauté «La Ligue des Usagers Culturels» (L.U.C.), ce qui a permis à celle-ci de réagir.

Avant son évolution suite à notre plainte, voici le texte de la tarification que la « Ligue des Usagers Culturels » a contesté. Le trait rouge relève de notre initiative, bien sûr.


L’organisateur a répondu dès le lendemain de l’envoi d’une plainte par la L.U.C. et a immédiatement supprimé le mot et la phrase litigieuse qui l’incluait. Excellente et prompte initiative. Mais, si on lit attentivement sa réponse, on n’y trouve aucune excuse, aucune prise de responsabilité et l’aveu implicite d’un amateurisme navrant dans la façon dont était rédigé ce qui se présente au public comme une règle à observer.

En plus, la dernière phrase de son message est un bijou. Il indique que l’asbl n’a « jamais appliqué ce principe ». Quel bel argument! Cela n’enlève rien au fait que le texte a été écrit.
Cela permettrait-il d’imaginer que pareille phrase ne serait publiée pour faire peur? Est-ce le rôle d’un règlement? Ceci nous fait penser à cette autre phrase également illégale par son manque de nuance que d’autres organisateurs culturels osent écrire peut-être avec une intention analogue: « Nous ne remboursons pas et n’échangeons pas ce ticket ».

Voici cette ultime phrase reproduite telle qu’elle nous est parvenue : «Étant donné que nous n'avons jamais appliqué ce principe et que de consulter un avocat spécialisé serait onéreux, nous allons simplement retirer ce terme du site».

Il nous semble que les mécènes, les sponsors et surtout les autorités publiques qui accordent des subsides devraient être beaucoup plus attentifs au libellé des tarifications, et aussi au contenu des règlements à destination du public imposés par les opérateurs qu’ils aident.

Tout ceci n’entame pas la qualité de ces visites guidées «Art Nouveau», ni les efforts du personnel et des bénévoles qui mitonnent cette passionnante activité.
Le blog a publié le présent article après la fin du festival 2023 afin de respecter son déroulement.  

Remercions l’organisateur d’Explore Brussels d’avoir effectué les évolutions de texte dans toutes les langues dans lesquelles cette tarification est affichée sur son site.

Voici notre plainte et la réponse de la direction du Festival Banad.  

La plainte de la L.U.C.

Voici le texte de la plainte adressée le 15 mars 2023 par la L.U.C. à la direction du Festival Banad.

Monsieur, Madame, je me permets de déposer plainte auprès de votre organisation.

Un opérateur culturel peut-il légalement facturer ce qu’il appelle lui-même une « amende » à un client/usager?

Dans le monde culturel de haut vol et subsidié, on est censé connaître le sens des mots et éviter la surenchère verbale, non?

Le Festival BANAD qui se déroule actuellement, et jusqu’au 26 mars 2023, le revendique sur son site internet, ce terme amende.

Cette activité est réalisée avec le partenariat de plusieurs organismes officiels et/ culturels, le plus souvent de grande qualité, ce qui pose encore plus question!

Même donc le plus honorable de notre culture accepte pareille dérégulation…

Il s’agit de l’ARAU, de Pro Vélo, d’Arkadia et de Bruxelles Bavard.

Voici le texte qui pose question: «Réduction de 50% sur le tarif plein pour les étudiants de moins de 26 ans, les étudiants de la VUB et de l'ULB, les détenteurs de la carte Culture ULB, les personnes à mobilité réduite et les demandeurs d’emplois.
Nous avons développé une politique de tarifs réduits afin de rendre les visites d'intérieurs accessibles au plus grand nombre. Si vous réservez au tarif réduit, vous devrez être en mesure de prouver que vous y avez droit. Si vous avez réservé au tarif réduit alors que vous n'y avez pas droit, Explore.Brussels vous facturera la différence ainsi qu’une amende de 50% du montant total de votre commande».

Il faudrait avoir un avis d’un ou de plusieurs avocats sur l’utilisation de ce terme!

L’amende est, de façon globale, une sanction pécuniaire édictée par la loi en matières civile, fiscale, douanière ou pénale, consistant en une somme d'argent payable à l’État. Historiquement, il existait aussi une sanction pécuniaire à caractère disciplinaire infligée par un employeur à son salarié. Elle fut, le siècle dernier, d’abord partiellement prohibée, puis interdite.

Une activité culturelle est-elle un policier, un tribunal… ou le Conseil supérieur de l’audiovisuel (qui, lui, peut infliger des amendes, mais selon un règlement extrêmement strict décidé par le pouvoir politique)?

Mon avis personnel? Je suis pour la légalité, donc je soutiens le fait que le public n’utilise pas un avantage auquel il n’a pas droit. Mais de là à ce qu’un organisateur culturel déclare infliger une amende…

Que l’organisateur demande donc au moment de l’achat ou au contrôle à l’entrée de l’activité elle-même la preuve du droit à une réduction, c’est ce qui se passe habituellement.

Lorsqu’il s’agit d’une activité où le nombre de participants possible est restreint et que c’est complet, il est logique que la solution soit, au constat à l’entrée de l’activité, pour des achats fait sur la toile, l’obligation de payer le complément manquant. Mais ce n’est pas une amende!

L’étape suivante serait le casier judiciaire? De qui se moque-t-on? Du public, tant chéri dans les mots et les intentions affirmées, mais constatez ce type d’outrance dans la pratique quotidienne.

Dans l’attente de vos lire, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments distingués.

La réponse de Explore Brussels


Le 16 mars 2023, Julien Staszewski, Directeur de l’asbl «Explore Brussels» répond (sur le papier à lettre, est également mentionné après la signature : ARAU - Arkadia - Bruxelles Bavard - Pro Velo).

Cher Monsieur, merci pour votre retour et lecture attentive de notre site internet.

Vous avez tout à fait bien saisi la logique de l'idée: l'intention est d'éviter que le public utilise un avantage auquel il n'a pas droit.

Je suis désolé si le terme «amende» vous choque / ne vous semble pas légal. Nous ne l'avons en effet pas fait vérifié par un avocat spécialisé à l'époque où nous avons inscrit cette phrase (lors de la 1ère édition du BANAD de mémoire).

Etant donné que nous n'avons jamais appliqué ce principe et que de consulter un avocat spécialisé serait onéreux, nous alons simplement retirer ce terme du site: : https://www.banad.brussels/fr/infos-pratiques/tarifs

Bien à vous.

 


lundi 3 avril 2023

Liège ressuscite nos 15 droits culturels du public

Mars 2023 : à Liège, le Musée de la Boverie vient d’afficher à la caisse, dans son hall d’entrée, la nouvelle affiche « Engagements » qui détaille les 15 droits des usagers culturels.
Ainsi, il applique le point 1 du Code que doivent également appliquer plus de 30.000 diffuseurs subsidiés par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Tous ceux-ci (du centre culturel au festival d’été, en passant par les bibliothèques, les musées, les salles de spectacles, etc.) respectent-ils de façon analogue cette obligation d’affichage qui nous permet de découvrir nos droits de public?

 Le mois de mars 2023 aura été capital pour les usagers culturels en Belgique francophone.

Depuis dix-sept ans, quinze droits pour ceux-ci existent. Ils ont été précisés, le 3 février 2006. Ce jour-là, le « Code de respect des usagers culturels » était adopté par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ce qui veut dire que, depuis, plus de 3.000 diffuseurs culturels subsidiés par la Fédération Wallonie-Bruxelles sont obligés d’appliquer chacun des quinze points de ce Code: bibliothèques, salles de spectacles, maisons de la culture, théâtres, cinémas, festivals d’été, concerts, etc.

Étiez-vous au courant?
Un petit exemple concret parmi d’autres: le droit N°7 indique que l’organisateur doit proposer spontanément aux usagers le meilleur tarif qui leur est applicable. Ceci peut paraître normal à beaucoup. Sans doute pas à tout le monde. Et ici, à la différence par rapport à d’autres pays ou régions, c’est que ce n’est pas simplement une possibilité mais bien une obligation.

L’information de l’usager culturel

Le premier point du Code indique notamment que chaque diffuseur doit « afficher le Code en évidence, à l’entrée et à la sortie de tous les lieux où il accueille les usagers ».
C’est un point capital car ce n’est que si on connait ses droits qu’on est attentif à ce qu’ils soient appliqués, et que ces droits vont alors vivre et se développer.
Or, le public culturel, quasi dans le monde entier, n’est pas habitué à avoir des droits…
Il a surtout des devoirs à respecter, et les règlements à destination du public en fourmillent. Voici un de ces règlements particulièrement épicé : https://fine-arts-museum.be/fr/votre-visite/planifier-sa-visite/reglement-du-visiteur

Il est donc original et fort novateur de mettre en place ainsi des « droits » des usagers culturels.
Ceux qui ont préparé ledit Code (des représentants des usagers et des créateurs, des associations de consommateurs, des membres de la Direction Générale de la Culture) furent donc particulièrement attentifs à ce que le public découvre le contenu détaillé de ses droits.

Et pourquoi l’affiche doit-elle se trouver si précisément « à l’entrée ET à la sortie »?
À l’entrée pour que l’usager découvre ses droits dès son arrivée à l’activité, ce qui lui permettra d’être attentif à ce qu’ils soient respectés durant celle-ci.
Et à la sortie, pour le public qui aurait eu affaire à une difficulté. Alors, celui-ci sera bien content de relire les démarches à entreprendre pour la résoudre.

En 2006, le Ministère de la Culture a distribué auprès des diffuseurs des lots d’affiches en couleurs et de grand format (60 x 80 cm).

Le point 1 du Code ajoutait que cette affiche devait aussi être présentée sur les site internet de ces milliers de diffuseurs.

Voici cette affiche de 2006 :
https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=098da72b12d4c32661de7b1a43adf980e223e601&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/code_usagers.pdf

Guy Duplat écrit de façon quasi prémonitoire dans «La Libre» du 20 janvier 2007: «On sait que ce Code veut mieux protéger les droits des usagers. Alors, tout est-il parfait dans les meilleurs des mondes, ou est-ce un manque d’information des usagers qui ne connaissent pas leurs droits? Ne faut-il pas mieux afficher le Code des usagers à l’entrée des lieux?».

Donc ce journaliste bien connu et respecté par la profession laisse entendre dès 2007 que l’affichage à l’entrée et à la sortie des lieux commence à laisser à désirer.

Durant les seize années qui ont suivi la création de ce Code aucune nouvelle affiche n’a été conçue, imprimée et diffusée par la Direction Générale de la Culture.
Aucune autre promotion n’a été faite. Par exemple, personne n’a célébré les dix ans de son existence pour en faire un bilan et construire son avenir, comme cela se pratique pour nombre de nouvelles pratiques sociales ou culturelles.

Enfin, durant tant d’années, aucune évolution n’a été apportée aux quinze points du Code. Et pourtant il existe bien au moins une recherche fort instructive menée par Roland de Bodt.
Pendant près de quatre ans, celui-ci a développé une recherche et en a publié les résultats dans trois numéros de la revue «Repères»: les numéros 8, 9 et 10, publiés en version papier, de l’automne 2018 à l’été 2019, et téléchargeables gratuitement en version numérique : https://opc.cfwb.be/index.php?id=4036 ).
En expert de l’Observatoire des Politiques Culturelles, il y a cherché le bien fondé des 15 points du Code des Usagers culturels et a émis des propositions d’évolution. Dans son inventaire final, il en détaille 54 («Repère» N°10, pages 30 à 29).
C’est un travail préparatoire titanesque pour nous tous. À part un débat qui s’est déroulé à la «Bibliothèque 27 septembre» en sa présence, jusqu’à présent pas grand monde ne s’est emparé de cette somme d’informations et de réflexions.

Il a fallu trois livraisons de «Repères», en 2018 et 2019, pour développer 54 réflexions à propos des 15 points du Code. Quand serviront-elles enfin de base à un travail sur l’évolution et le développement des droits des usagers culturels?

Roland de Bodt, l’auteur de la recherche «Liberté culturelles & droits des usages».

Le Code continue

En 2022, après une longue enquête, la Ligue des Usagers Culturels (L.U.C.) a pu prouver à la Ministre de la Culture Bénédicte Linard qu’une toute petite minorité des diffuseurs et d’usagers connaissaient encore le contenu de ce Code.

S’en est suivi une rencontre (sans la L.U.C.) entre le cabinet de celle-ci, le Médiateur de Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Direction générale de la Culture.
Le cabinet de la Ministre a alors confirmé par écrit à la L.U.C., en juillet 2022, que le Code devait poursuivre sa route: «Ce texte, affiché dans de nombreux lieux culturels, donne un source de légitimité aux personnes lésées d’interpeller les organisateurs responsables, afin de régler d’éventuels problèmes. (…) Toucher plus et mieux les populations, les publics, dans leurs diversités et leurs éloignements est la priorité qui mobilise l’AGC, priorité validée par le Gouvernement».

La phrase du regretté Henry Ingberg garde donc ainsi toute son actualité. Celui-ci, lorsqu’il dirigeait notre ministère la culture, donna son feu vert à cette orientation inédite «usagers culturels» et présida à la naissance du Code. La voici : «Le rapport à l’usager est un véritable enjeu. Jusqu’à présent l’autorité publique n’a pas pris en compte cette problématique de manière systématique et organisée. Il y a distorsion par rapport à une amplification des pratiques des loisirs par la collectivité».

Mais concrètement, quels types de plaintes sont traitées?
Selon quelques recherches parcellaires menées par la L.U.C., il apparait que nombre de celles-ci concernent le point 2 du Code qui n’est, en fait, qu’une application à la culture de notre législation économique: avant achat, le vendeur est tenu d'expliquer clairement à l’acheteur ce à quoi il s’oblige et «tout pacte obscur ou ambigu s'interprète contre le vendeur».

À ce sujet, voici quatre exemples précis qui ont permis d’améliorer l’information des usagers culturels.

1: Plusieurs plaintes ont été adressées, avec effets constructifs, à des musées qui pratiquent la gratuité «pour tous» du premier dimanche du mois. Cet avantage mensuel «pour tous» n’apparaissait pas dans leur tarification. Or, le public doit être au courant de celle-ci pour avoir le choix entre venir un jour payant ou un jour gratuit.

2: Les réductions pour les seniors sont passées progressivement d’un âge unique (les plus de 60 ans) à, soit au maintien à 60 ans, soit 65 ans, ou même 67 ans.
Il convient donc de préciser désormais l’âge choisi par l’organisateur dans les tarifications. Ce n’était pas le cas ni dans un cinéma, ni dans un musée.
Des plaintes sur ce point ont permis à ces deux lieux de mieux détailler leurs tarifications. Plus d’info : http://la-luc.blogspot.com/search/label/Plaza%20Cinema

3: Une plainte a été adressée à un théâtre qui proposait une pièce où des comédiens fument sur scène.
Qu’indique la législation belge? Il est interdit de fumer dans les lieux couverts. Cela devrait donc être, en terme de santé publique, aussi le cas des salles de spectacles mais une dérogation a été donnée par le Ministère des affaires économiques au niveau fédéral afin que des comédiens puissent pratiquer cet acte sur scène, mais à condition que le public en soit informé.
Un théâtre pris en défaut a tenu compte de la plainte qui lui a été adressée et s’est empressé d’indiquer sur son site, quelques jours avant l’événement : «Nous vous signalons que les interprètes fument sur scène pendant la représentation».

Suite à une plainte, en 2021, le Théâtre de Namur a fait évoluer son site en y ajoutant la phrase mise en exergue au bas de la présente illustration.

4: Dans tel lieu culturel, il est permis de photographier. Pourtant, au dos du ticket et sur le comptoir à l’accueil, il est indiqué le contraire. Sur le site internet, c’est le silence.
L’acteur culturel a été interpellé et a répondu par ces mots qu’il allait tenir compte de ladite plainte: «C’est aussi grâce aux retours visiteur comme le vôtre que nous pouvons nous améliorer». Voici les détails du déroulement de cette plainte : http://la-luc.blogspot.com/2022/10/y-photos-ou-y-pas-au-bam.html

Bien sûr, les autres points du Code suscitent d’autres réactions. Il a donc permis, même en étant bien peu médiatisé, de résoudre déjà une série de problèmes mais il ne faut pas s’arrêter là. La L.U.C. (qui est une asbl régie par le bénévolat et agissant sans subside, ni sponsor, ni publicité) demande que les exemples les plus significatifs de plaintes, abouties ou non, soient médiatisés régulièrement par le ministère tant auprès des organisateurs, des créateurs et du personnel politique que du public, via une newsletter ou avec l’aide des médias, afin que le «mieux vivre ensemble» culturel profite de ces enseignements et puisse plus facilement se généraliser, s’intensifier.

Ce Code n’est pas du pipeau car les acteurs culturels qui ne le respecteraient pas peuvent encourir diverses sanctions: «S’ils n’en respectent pas les principes, les acteurs culturels reconnus et/ou subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui s’engagent à respecter le présent Code pourront être sanctionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles (…) Les sanctions appliquées seront proportionnelles à la gravité et la récurrence des manquements aux engagements (exemples de sanction : suspension temporaire d’une partie de la subvention accordée, suspension temporaire de la totalité de la subvention accordée, diminution de la subvention accordée, résiliation de la convention ou du contrat programme). La Fédération Wallonie-Bruxelles ne sanctionnera les opérateurs culturels défaillants qu’après un avertissement et un rappel à l’ordre».

Les 15 points du Code intéressent le Fédéral

Les 15 points du Code de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont en passe d’être repris ou adapté au niveau fédéral.
Dès leur mise sur orbite, déjà en 2007, ils ont marqué l’intérêt des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) qui rassemblent le Musée d’Art Ancien, le Musée Fin de Siècle, le Musée d’Art Moderne (fermé «provisoirement» depuis le 1er février 2011), le Musée Magritte, le Musée Meunier et le Musée Wiertz, comme l’indique la lettre que nous publions ici en photo.


D’autre part, dès sa nomination, en tant que Secrétaire d’État chargé notamment de la Politique Scientifique (dont les Musées fédéraux: en plus des MRBAB, ce sont le Musée des Sciences Naturelles, le Musée d’Art et Histoire, le Musée des Instruments de Musique, l’Africa Museum), Thomas Dermine a indiqué à plusieurs reprises par écrit à la L.U.C. sa volonté d’adapter les 15 engagements du Code des usagers culturels aux institutions qui le concerne: http://la-luc.blogspot.com/2020/11/le-secretaire-detat-des-musees-nous.html

Ceci prend un certain temps car il fallut d’abord restructurer BELSPO: https://www.belspo.be
Lorsque cette étape fut franchie, Arnaud Vajda, son nouveau Président du Comité de Direction, a accordé un long entretien à la L.U.C., le 6 février 2023, au cours duquel il a notamment confirmé son intention de concrétiser cette adaptation des 15 points du Code des usagers Culturels.

Le Secrétaire d’État Thomas Dermine souhaite adapter aux musées fédéraux les 15 points du Code de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Comment remédiatiser le Code?

À la mi-décembre 2022, La Direction générale de la Culture a envoyé une instruction aux plus de trois mille diffuseurs qui rappelle qu’ils doivent observer le Code.

Une nouvelle présentation de celui-ci est alors proposée.
Si les 15 points du Code demeurent, le reste du texte a évolué et une nouvelle adresse est indiquée pour le dépôt des plaintes des usagers. Il faut donc oublier l’affiche de 2006 et impérativement utiliser cette nouvelle présentation.

Voici cette nouvelle présentation : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

La bonne volonté du ministère est un fait. Dès que cette nouvelle présentation fut opérationnelle à la mi-décembre 2022 sur le site www.culture.be, la L.U.C. fit plusieurs propositions d’évolution et trois d’entre-elles furent acceptées et mises en place, début mars 2023.

Il serait utile d’ajouter sur cette affiche un QR Code.

Cet e-mail de Direction générale de la Culture omet pourtant d’indiquer aux diffuseurs si elle se charge elle-même d’imprimer et de leur envoyer ces grandes affiches comme elle le fit en 2006. Ce silence cache en fait son souhait de ne plus assumer elle-même cette tâche. Les plus grands diffuseurs peuvent probablement assez facilement imprimer eux-mêmes les grands formats en quelques exemplaires (par exemple en 60 x 80 cm comme ce fut le cas pour la première et seule affiche créée depuis 2006). Mais c’est sans doute bien plus compliqué pour les diffuseurs de plus petite taille. Est-ce à eux qu’il revient d’organiser et de financer la matérialisation de cette obligation alors qu’ils ont dû affronter les effets économiques de la pandémie, de la guerre en Ukraine, des évolutions énergétiques et de l’actuelle inflation des prix?

La L.U.C. pense que la Direction générale de la Culture, en fonction de ses objectifs affichés, devrait continuer à coordonner le travail de médiatisation du Code sur le long terme, d’autant plus qu’elle avait trouvé normal et possible de le faire en 2006.
Il lui semble souhaitable qu’une nouvelle affiche voit le jour non pas seize ans après l’impression de la précédente, mais que, par exemple, elle soit renouvelée tous les deux ans pour tout simplement tirer les leçons de ce passé qui a failli passer au bleu ces 15 droits.
Et si elle s’y refuse, elle devrait au moins l’exprimer clairement aux diffuseurs.

Il faut, bien sûr, que les nouvelles affiches n’aient pas la dimension d’un timbre poste. Il convient de respecter l’esprit qui sous-tend la rédaction du Code. Elles doivent inciter le public à prendre le temps de lire le texte dense qui définit chacun des 15 points.

Le président de « La Ligue des Usagers Culturels » présente l’un des derniers exemplaires de l’affiche de 2006 qui détaille les 15 points du Code ainsi qu’un «mode d’emploi» pour déposer plainte.Celle-ci doit être rapatriée dans ses archives. En effet, il ne faut plus jamais l’exposer car l’adresse pour déposer plainte a entretemps changé. Mais alors ainsi pourquoi la montrer? Pour rappeler sa taille (60 x 80 cm) … afin que des petites sœurs qui vont naître en 2023 soient aussi grandes ! Il faut que les usagers puissent bien lire sans loupe le texte qu’elle est chargée de médiatiser.

 
À Liège, La Boverie a affiché le Code des usagers culturels aussi à la sortie de son institution. Afin que le public, au terme de sa visite, sache où et comment déposer éventuellement plainte.  
C’est le directeur des musées de la ville de Liège, Pierre Paquet, qui a fait parvenir à la L.U.C. cette photo, la suivante ainsi que la première publiée dans cet article. Qu’il en soit remercié.

La ville de Liège commence à agir

La résolution récente en mars 2023 de la plainte adressée par la L.U.C. à un musée de la ville de Liège démontre l’utilité de ce Code. Ici, il s’agissait d’en respecter le point 2.
Voici les échanges de courriels avec la direction du Musée de La Boverie qui ont mené à une solution utile pour bon nombre de visiteurs : http://la-luc.blogspot.com/2023/03/la-boverie-doit-repondre-aux-plaintes.html

Lorsque Pierre Paquet, Directeur des Musées de la ville de Liège, a annoncé cette évolution à la L.U.C., la L.U.C. lui a fait parvenir la lettre suivante :

« Je vous remercie pour votre réaction. Elle vous honore. Nous venons de publier sur notre blog un article détaillé sur cette plainte et son aboutissement. Bien entendu, je vous invite à le diffuser sur vos réseaux.
http://la-luc.blogspot.com/2023/03/la-boverie-doit-repondre-aux-plaintes.html
Vous avez bien compris que le Musée de La Boverie n’est qu’un musée parmi d’autres qui sont sous l’autorité de la ville de Liège.
Pourriez-vous nous indiquer à quelle date ils auront tous mis en place complètement la concrétisation des points 1, 6, 13 et 14 du Code ?
À retrouver ici : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf
Liège serait ainsi sans doute la première ville wallonne à respecter dans ses multiples institutions (il y a aussi les bibliothèques, les salles de spectacle, les cinémas, les centres culturels, etc.) les droits des visiteurs, via ce Code des usagers.
Et pourquoi ne fêteriez-vous pas avec nous pareil événement?  Si vous cherchez des idées pour ceci, on peut en parler! Au plaisir de vous voir réagir».

Ensuite, Pierre Paquet, Directeur des Musées de la ville de Liège, lui répond le 20 mars 2023 en ces termes:

«Vous trouverez ci-joint les vues sur les affichages du Code au Musée de La Boverie.
Nous poursuivons la mise en place pour nos autres sites, en fonction du planning général de travail des collaborateurs, et nous ne manquerons pas de vous tenir informé lorsque ce sera le cas. Des exemplaires de ce code seront également mis à disposition des usagers qui le souhaitent sur nos différents sites. Bien à vous».

Deux « bravos » pour cette plainte au Musée de La Boverie

Remarquons d’abord qu’enfin une institutions culturelle remédiatise la toute nouvelle affiche du Code, et ce, avec ses moyens propres (puisque le Ministère de la Culture n’a pas imprimé lui-même celle-ci jusqu’à présent).

Et d’autre part, il faut constater que le tout nouveau processus pour déposer plainte a bien fonctionné. Ceci demande une explication.

Suite au constat en 2022 de l’état de quasi mort clinique du Code dénoncé par la L.U.C., le cabinet de la Ministre de la culture a organisé une réunion de travail avec le Ministère de la Culture et le Médiateur de Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Celle-ci a abouti au maintien des 15 points du Code pour le long terme, mais aussi à un évolution significative de la façon dont le Ministère de la culture traitera les nouvelles plaintes que lui feront parvenir les usagers.

Pour découvrir cette évolution: il suffit de comparer ce qui est mentionné dans la deuxième partie de l’affiche, après l’énoncé des 15 points.

 
Affiche de 2006:
https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=098da72b12d4c32661de7b1a43adf980e223e601&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/code_usagers.pdf

Affiche de décembre 2022:
https://www.culture.be/index.php?id=5235

Ce qui s’est passé au Musée de La Boverie montre que l’application de ce nouveau fonctionnement est un succès.

Le Code est un atout fondamental pour une amélioration de notre vie culturelle qui devra sans doute de plus en plus lutter non pas contre l’industrialisation de la culture, mais contre des excès de celle-ci, à un niveau régional, national et international.

Pour ne prendre que l’exemple de la musique, est-il normal qu’en quelques décennies, le démarrage de la prévente des tickets de spectacles se fasse de plus en plus tôt? En 1988: 6 à 9 mois pour les spectacles de Pierre Rapsat, de JJ Goldman ou de Michel Sardou. Actuellement: 18 à 21 mois pour ceux de Mylène Farmer ou de Stromae. Est-ce normal lorsque bien de ces activités sont très rapidement sold-out? Qu’en sera-t-il dans quelques années, si aucune régulation ne se met en place?
Ou que penser du développement actuel de la «tarification dynamique» au départ des États-Unis avec un Bruce Springsteen, par exemple?

N’oublions pas que ces évolutions rendent d’abord la culture de moins en moins accessible aux moins nantis d’entre-nous alors qu’elle est un bien essentiel pour tous.

Aussi ce Code en 15 points n’est bien sûr qu’un début. Il faudra le faire fructifier par d’autres mesures afin que le «supplément d’âme» de la culture ne soit jamais menacé mais s’amplifie.

Il est utile que le public lui-même soit attentif au respect de ses droits. Mais pour ce faire, il doit les connaître.

Beaucoup d’organisateurs culturels sont de très bonne volonté et prêts à respecter le mieux possible leurs usagers. À condition d’avoir connaissance notamment du contenu de chacun des points du Code.

Notre ministère de la culture doit donc, selon nous, veiller inlassablement, mois après mois, année après année, et avec imagination, au concret de cette mission d’information, et du public, et des médias, et des plus de trois milles diffuseurs culturels qu’il aide.



jeudi 16 mars 2023

La Boverie doit répondre aux plaintes


Enfin, la présente plainte a porté ses fruits en mars 2023.
Pour la troisième fois, le Musée de La Boverie était surpris, les doigts dans le pot de confiture, au fil des années, à propos d’une absence d’information, toujours la même, qui pouvait être trompeuse, voire manipulatrice, à l’égard de ses visiteurs.

Heureusement que ceci se passe en Fédération Wallonie-Bruxelles car les organisateurs culturels subsidiés y sont obligés de répondre dans les trente jours de manière circonstanciée aux plaintes écrites des usagers culturels.
C’est le thème du point 15 du Code des Usagers Culturels qui existe depuis 2016 et qui a été rappelée à ceux et celles qui reçoivent des subsides, à la mi-décembre 2022.

Comme la direction du Musée de la Boverie n’avait répondu ni à la plainte, ni à son rappel, le ministère de la culture est intervenu et le lien s’est alors rapidement établi entre ce musée de la ville de Liège et l’asbl « La Ligue des Usagers Culturels » (L.U.C.) qui a traité ce dossier.

Et il en ressort que les deux points qu’elle abordait étaient justifiés et que donc, très probablement, La Boverie va évoluer concrètement sur le long terme dans son quotidien, concernant ce sujet.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, le débat contradictoire entre usagers, organisateurs et créateurs est donc possible. Pareil fait est si rare dans notre vie collective qu’il mérite d’être souligné, apprécié… et utilisé, et tout particulièrement en faveur du bien commun.

Voici en quatre points (A, B, C, D), l’intégralité des échanges d’e-mails qui ont mené à ces deux changements concrets, utiles à tous les futurs visiteurs.

En espérant que beaucoup d’autres institutions culturelles évoluent de même.

« La famille Soler » de Picasso est un tableau imposant qui est classé « trésor » par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Il est l’une des oeuvres du Musée de La Boverie parmi les plus convoitées pour prêt par les expositions les plus prestigieuses du monde entier.
Si vous désirez voir entièrement ce tableau, regardez cette vidéo : https://www.rtc.be/video/culutre/muse/lige-chefs-d-oeuvre-la-famille-soler_1503041.html
Notre photo ne vous le fait que deviner et pourtant elle ne manque pas d’intérêt.
Elle a été prise de 5 septembre 2010. Ce jour-là, un groupe de visiteurs faisait la fête à la «gratuité du premier dimanche du mois». Or, il était interdit de photographier notamment cette peinture de Picasso. Et donc, en résistance ludique, ce n’est pas une photo de la toile elle-même qui a été prise, mais bien celle de cette bande d’amis qui s’agglutinaient devant.
Lire ici, le dernier paragraphe intitulé «Interdit, ou pas, de photographier» qui détaille cette action symbolique : http://www.consoloisirs.be/dimanches/100905.html

A : LA PLAINTE

Le 15 décembre 2022, est envoyé par le président de la L.U.C. une plainte en deux parties à la direction du Musée La Boverie de Liège :

À l’attention de Monsieur Pierre Paquet, Directeur - Copie à l’échevin de la culture Mehmet Aydogdu

Monsieur le Directeur,

Je me permets de déposer auprès de vous une double plainte concernant la façon dont La Boverie informe ses visiteurs avant qu’ils n’achètent leur ticket.

POINT 1 : Défauts d’information.

Jusqu’au 19 février 2023, plusieurs œuvres maîtresses de La Boverie sont exposées en Suisse au Kunstmuseum Basel, pour l’exposition «La modernité déchirée. Les acquisitions bâloises d'art dégénéré»: celles de Paul Gauguin, James Ensor, Marie Laurencin et Pablo Picasso.

Le 20 novembre 2022, la page de facebook laboverieliege l’a indiqué : «Les œuvres voyagent... Quatre œuvres majeures de la collection du musée, issues de la Vente de Lucerne, ont récemment été décrochées des cimaises liégeoises».

Mais cette information n’est pas suffisante. Nous avons reçu une plainte d’un visiteur qui souhaite conserver l’anonymat, plainte qu’il nous demande de porter ici.

La liste de ces œuvres momentanément non exposées et les noms de leurs auteurs n’est pas présentée aux visiteurs potentiels, ni sur le site du musée, ni dans son hall d’entrée (si possible sur, ou proche du comptoir), et ce, avant que ceux-ci ne paient leur ticket.

Par contre, sur le site du musée, dans le texte « Collection permanente », on découvre durant cette période de prêt des quatre œuvres un texte qui détaille un « moment fort du parcours est consacré aux œuvres achetées lors de la vente de Lucerne (Suisse) en 1939 ». À côté de ce texte, l’onglet très voyant « RÉSERVER » mène à l’achat du ticket, sans aucune annonce des titres de chacune de ces œuvres non accessibles pendant plusieurs mois: https://billetterie.laboverie.com/index-css5-laboverie-pg1.html

Cette double absence d’information au public ne respecte pas notre législation économique qui veut qu’avant achat, le vendeur est tenu d'expliquer clairement à l’acheteur ce à quoi il s’oblige et que «tout pacte obscur ou ambigu s'interprète contre le vendeur».

D’autre part, elle est également contraire au point 2 du Code des usagers culturels qui s’applique en Fédération Wallonie Bruxelles : «Fournir aux usagers - avant le déroulement de l’activité culturelle envisagée et si l’accès est payant, avant le paiement du billet d’accès - une information la plus complète qui ne porte pas d’indications ou de représentations susceptibles de les induire en erreur, notamment sur la nature, l’éventuel prix d’accès, la durée et la date de l’activité». Code que l’on peut découvrir ici : https://www.culture.be/index.php?id=5235

En Belgique, le Musée Magritte à Bruxelles n’avait pas non plus indiqué explicitement au public avant paiement du ticket les titres des œuvres non exposées momentanément de son fond permanent et il a été obligé par le Médiateur Fédéral de rembourser un ticket à un visiteur qui s’est plaint, suite à un combat de plusieurs années mené par la Ligue des Usagers Culturels (L.U.C.).
Voici le détail des étapes de ce combat :https://www.culture.be/index.php?id=5235

En France, la L.U.C. vient également de gagner un combat analogue. la Fondation Vasarely d’Aix-En-Provence nous écrit, le 2 novembre 2022, en réponse à notre plainte : «Nous avons bien pris en compte votre remarque dés votre premier envoi de mail en inscrivant la mention suivante : Chers visiteurs, l'alvéole n°6 est temporairement fermée pour cause de restauration. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour la gêne occasionnée. Cette mention est visible sur notre affichage tarifaire en billetterie / boutique et apparaît également sur notre site internet : https://www.fondationvasarely.org/horaires-et-tarifs/.».

Il se fait que l’institution culturelle établie à La Boverie, au fil des années, a été déjà prise en défaut à propos de cette thématique à plusieurs reprises (voir annexe 1).

Puisque les fêtes de fin d’années de 2022 approchent, pourriez-vous remédier rapidement à ce double manque (une information écrite à l’accueil pouvant sans doute se concrétiser plus rapidement qu’une évolution du site internet), afin de mieux respecter l’information adéquate de vos futurs visiteurs?

POINT 2 : Où sont les deux affiches obligatoires?

Nous constatons également que La Boverie ne respecte pas actuellement le point 1 du Code : «AFFICHER LE PRÉSENT CODE EN ÉVIDENCE, à l’entrée et à la sortie de tous les lieux où il accueille les usagers et sur son site Internet ».

Vous trouverez ici la liste des 15 points du Code à respecter :
https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

Historiquement, cette place (le point 1) n’a pas été suggérée par hasard par le groupe de travail préparatoire à la rédaction de ce Code. Il avait conscience que ce principe d’affichage était essentiel pour que le public découvre ainsi le contenu de ses droits, car pareille démarche était, et reste d’ailleurs, tout-à-fait inhabituelle pour ce dernier.
Et pourquoi si précisément « à l’entrée et à la sortie »?
À l’entrée pour que l’usager découvre ses droits dès son arrivée à l’activité, ce qui lui permettra d’être attentif à ce qu’ils soient respectés durant celle-ci. Et à la sortie, pour le public qui aurait eu affaire à une difficulté. Alors, celui-ci sera bien content de relire les démarches à entreprendre pour la résoudre.

Pourriez-vous trouver une solution rapidement à cet autre manquement?

ANNEXE :

Il y a donc au moins deux antécédents concernant ce manque d’information du public avant qu’il ne paie soin ticket.

EXEMPLE N°1

Extrait du livre « Les musées aiment-ils le public? » de Bernard Hennebert, publié aux éditions « Couleur livres », sous le sous-titre « Je retiens votre idée… » : http://www.consoloisirs.be/presentation/livre04.html

(…) L’exemple suivant peut induire que, pour certains conservateurs, toute évolution, même limitée par rapport à la problématique que nous venons de soulever, reste inconcevable. Et lorsque des promesses sont faites, elles ne seront pas tenues.

Le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain (MAMAC) situé dans le Parc de la Boverie à Liège détient neuf toiles de première importance acquises à la vente de Lucerne en 1939. Par son organisation, Hitler voulait voir ce qu’il considérait être « de l’art dégénéré » quitter les musées allemands.
Une œuvre majeure de Picasso ainsi acquise, La famille Soler, datant de 1903, fut notamment présentée à l’exposition Picasso et les Maîtres du 8 octobre 2008 au 2 février 2009 aux Galeries Nationales du Grand Palais à Paris.
Cette peinture, le « clou » du musée, et deux autres, n’étaient pas exposées lors de ma visite du 25 avril 1998. J’envoie la lettre suivante, quatre jours plus tard, à sa conservatrice, Françoise Safin-Crahay : «...C’est votre dépliant qui m’a donné envie de découvrir votre musée. Il reproduit notamment trois œuvres célèbres de votre collection permanente : « Les masques et la mort » de James Ensor, « la famille Soler » de Pablo Picasso et « Le sorcier d’Hiva-Oa » de Paul Gauguin. Hélas, ces toiles n’étaient pas exposées. Je peux comprendre que des peintures ne soient pas présentées temporairement. Par contre, je trouve tout-à-fait incorrect qu’un avis informant le visiteur de ce fait ne lui soit pas accessible avant qu’il ne paie son entrée (50 FB). Voici mes deux questions. Pourriez-vous m’indiquer s’il existe une pratique déontologique qui va dans ce sens, dans votre profession ? Pourriez-vous prendre l’initiative de mettre en place ce type d’information pour vos visiteurs ? Quand ? ».
Cette lettre et son premier rappel, un mois plus tard, restèrent sans réponse. Le 27 juin, je dus donc envoyer un second rappel en recommandé auquel me répondit la conservatrice, le 16 juillet 1998 : « Notre dépliant de présentation est destiné à donner une idée de nos collections mais pas nécessairement de ce qui est exposé. En effet, notre musée conserve plus de 1.000 œuvres dont seulement 100 à 200 sont exposées. Un roulement est effectué dans l’accrochage afin qu’un maximum d’œuvres soient montrées sur une année. De plus, certaines œuvres sont prêtées à des expositions temporaires, ou parties en restauration, ou sont remises en réserve pour faire place à d’autres. Je pense que c’est le cas de tous les musées et je n’ai pas connaissance de règles déontologiques à ce sujet. Je retiens votre idée de signaler l’absence d’œuvres (du moins celles qui sont dans le dépliant qui propose 22 œuvres, au comptoir d’entrée, afin d’éviter toute surprise au visiteur ».
Cinq mois plus tard, j’effectue une visite de contrôle décevante. Je réécris donc à la direction du MAMAC : « Ce 21 novembre, je découvre que vous ne signalez pas au comptoir d’entrée que les toiles suivantes présentées dans votre dépliant ne sont pas exposées : « Le sorcier d’Hiva-Oa » de Paul Gauguin et « La maison bleue » de Chagall. Or, cela fait plusieurs mois que ces deux toiles ne sont plus exposées dans votre musée : la première est présentée à la Fondation Pierre Gianadda de Martigny, du 10 juin au 22 novembre 1998 (cette œuvre illustre d’ailleurs l’affiche de cette exposition), et la seconde peut s’admirer à l’exposition consacrée à Marc Chagall dans la salle Féronstrée à Liège, du 25 septembre au 20 décembre 1998. J’aimerais donc savoir ce que signifie votre expression « je retiens votre idée de signaler... » ».

La conservatrice qui avait mangé son chapeau ne répondra ni à cette lettre, ni à ses deux rappels, le dernier étant à nouveau envoyé en recommandé.
Solide leçon sur le « non droit » absolu de l’usager actif d’un établissement à vocation culturelle. Et sur l’importance de conquérir un simple acquis qui constitue la base indispensable pour tout début de dialogue : le droit pour le public de recevoir une réponse détaillée. A fortiori pour des lettres qui ne se contentent pas d’être plaintives mais qui détaillent des propositions de solutions réalistes et peu onéreuses, utiles pour l’ensemble des visiteurs.

Quant à la problématique concrète soulevée, j’ai eu l’occasion à la mi-juin 2008 de la soumettre publiquement à deux personnalités françaises de premier plan, en participant à « Vive la Culture ! », le Forum du quotidien Libération organisé au Théâtre des Amandiers à Nanterre.
Au cours du débat « Jusqu’où ira le mécénat ? », Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la culture, puis directeur du Château de Versailles, et Françoise Cachin, directrice honoraire des Musées de France, constatèrent que de plus en plus d’œuvres étaient prêtées ou louées à des tierces institutions muséales. À ma question de savoir s’il ne devenait pas évident, dès lors que le public devrait être informé avant d’acheter son ticket de ce qui était réellement exposé, ils constatèrent qu’effectivement il n’était plus adéquat de simplement signaler, comme cela se pratique actuellement, ces décrochages à l’endroit où lesdites œuvres auraient pu être admirées et qu’il faudrait trouver à l’avenir le moyen d’informer, dès le hall d’entrée du musée, de leur accessibilité ou non, au moins pour les œuvres maîtresses.

Encore faudra-t-il passer des déclarations aux actes.

EXEMPLE N°2

Voir ici, le point 14 dans la partie B intitulée « 14 propositions pour le Prix Flop » :
http://la-luc.blogspot.com/2019/01/liste-complete-des-propositions-pour.html

Du 21 décembre 2018 au 18 août 2019 se tient à La Boverie de Liège l’exposition temporaire « Liège. Chefs-d’œuvre » qui se définit comme un voyage inédit à travers «  (…) 200 oeuvres-phares » de la collection du musée des Beaux-Arts de Liège.

À propos du nom «PICASSO» mentionné en deuxième position sur cette affiche, le directeur actuel du Musée de la Boverie : «À l’époque, la direction du musée était autre et nous aurions pu, en effet, privilégier l'ordre alphabétique à l’ordre aléatoire. Nous prenons bonne notre de votre suggestion».
Il s’agit que l’exposition temporaire « Liège. Chefs-d’œuvre » qui s’est déroulée du 21 décembre 2018 au 18 août 2019 à La Boverie de Liège.
Alors que la toile « La famille Soler », l’une des plus connues du musée, ne fut pas exposée pendant une partie de cette exposition, cette affiche est censée faire allusion à une autre toile de Picasso, petite et peu connue, de cette institution.
À quelle toile pensent donc les visiteurs en découvrant cette affiche?
Ceci pose le problème du droit à l’information de l’usager culturel. La communication a pris la place de l’information quasi partout, avec ses dérives.


La promotion (dépliants, affiches, site), propose une liste d’une vingtaine de noms de famille d’artistes exposés, en lettres majuscules. Ceux-ci ne sont pas présentés par ordre alphabétique mais apparemment par ordre d’importance. Le nom de PICASSO figure en deuxième position (après INGRES, et suivi par ENSOR, MONET, GAUGUIN et LÉGER dont les œuvres constituent depuis longtemps les « oeuvres-phares » de l’institution).

Est bien exposée une toute petite toile de Picasso, « Deux têtes », pas du tout mise en évidence puisque placée tout en haut d’un panneau, quasi invisible pour les visiteurs qui mesurent moins de 1m70, à moins qu’ils se promènent avec un escabeau, ce qui est sans doute interdit.

«Deux têtes»: toute petite toile de Picasso acquise par le Musée de La Boverie.

Il ne s’agit bien entendu pas de la fameuse œuvre de Picasso détenue par le musée, l’un de ses « must » célébré depuis son acquisition en 1939 dans tous les guides touristiques : « La Famille Soler ». L’une des toiles maîtresses de l’historique acquisition de la Ville de Liège lors de la vente d’art « dégénéré » (selon les nazis) à Lucerne : https://www.laboverie.com/les-collections/le-musee-des-beaux-arts/historique-des-acquisitions-de-la-ville-de-liege/les-acquisitions-de-la-ville-de-liege

En fait, cette toile n’est pas exposée, du moins durant les premiers mois de l’exposition « Liège. Chefs-d’œuvre » car ce tableau imposant qui est classé « trésor » par la Fédération Wallonie-Bruxelles a été prêté au Musée d’Orsay de Paris pour son exposition « Picasso. Bleu et rose »   (du 18/09/2018 au 06/01/2019).

Il ne s’agit pas ici de critiquer cette absence mais de dénoncer le fait que l’affichage et les dépliants peuvent laisser imaginer que « La Famille Soler » est bien exposée. Plusieurs gardiens de La Boverie ont d’ailleurs confirmé à un visiteur que plusieurs personnes leur avaient demandé où était placée cette toile et avaient regretté son absence.

Ce n’est pas respecter le visiteur que de ne pas placer un avis précis sur cette absence, notamment sur le comptoir à l’entrée, ce qui permet au public d’avoir connaissance du contenu de l’exposition avant d’acheter son ticket.

B : LE RAPPEL … AVEC UN MERCI !

Aucune réponse circonstanciée (et même pas un accusé de réception) n’est adressé dans les 30 jours (comme c’est obligatoire) à la L.U.C.

Le 18 janvier 2023, un premier rappel est envoyé sous la forme suivante.

Monsieur le Directeur,

Je suis très content que vous avez tenu compte concrètement du point 1 de notre plainte envoyée le 15 décembre 2023. Je vous en remercie vivement.

En effet, vous avez affiché à l’entrée un grand panneau avec photos qui indique quelles œuvres de votre collection permanente qui ne sont pas exposées momentanément.

Vous avez détaillé des informations analogues sur votre site, en évidence, avec les photos de quatre de vos œuvres, sur la page d’accueil et dans la rubrique « Votre visite » :
https://www.laboverie.com/les-collections/le-musee-des-beaux-arts/oeuvres-de-la-collection-permanente-actuellement-en-pret

Cependant, je m’étonne que, depuis plus d’un mois, vous n’ayez ni accusé réception, ni répondu à notre lettre. Pourtant le Code des usagers, dans son quinzième point vous y oblige :
https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

Pourriez-vous donc nous répondre, pas pour la forme, mais surtout pour aborder le point 2 de notre plainte pour lequel nous sommes sans réaction de votre part?

C :  FACE AU SILENCE, PLAINTE AU MINISTÈRE

Un mois plus tard, malgré ce rappel envoyé le 18 janviers 2023 (lire ci-dessus), aucune réponse n’est envoyée par la direction du Musée de la Boverie à la L.U.C.

La L.U.C. dépose alors plainte, le 21 février 2023, auprès du «Guichet Culture» de notre Ministère de la Culture, à l’adresse suivante : culture.info@cfwb.be

Le fait de ne pas répondre de façon détaillée à une plainte est grave et l’organisateur qui commet cette infraction peut risquer gros :
« Les sanctions appliquées par la Fédération Wallonie-Bruxelles seront proportionnelles à la gravité et la récurrence des manquements aux engagements. Exemples de sanction : «suspension temporaire d’une partie de la subvention accordée, suspension temporaire de la totalité de la subvention accordée, diminution de la subvention accordée, résiliation de la convention ou du contrat programme. La Fédération Wallonie-Bruxelles ne sanctionnera les opérateurs culturels défaillants qu’après un avertissement et un rappel à l’ordre».

À l’attention des responsables du « Guichet Culture »

Le 21 février 2023,

Madame, Monsieur,

Je me permets de déposer plainte auprès de vos service comme prévu par la Code des droits des usagers culturels :
https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

Pierre Paquet, le directeur du Musée de le Boverie de Liège, n’a ni accusé réception, ni répondu de manière circonstanciée, à ma double plainte adressée le 15 décembre 2022, puis à son rappel du 18 janvier 2023.

Ainsi, il ne respecte pas le point 15 du Code.

Je pense qu’il a bien reçu et lu ma lettre du 15 décembre 2022 puisqu’il a partiellement tenu compte d’une partie du contenu de celle-ci.

Pourriez-vous tenter de faire respecter par cet interlocuteur ce droit afin ce que je reçoive une réponse détaillée de sa part sur le deux sujets de ma missive?

Le site internet de La Boverie de Liège affiche le sigle de la Fédération Wallonie-Bruxelles :
https://www.laboverie.com

D : ENFIN, LA RÉPONSE DU MUSÉE « LA BOVERIE »

Le 9 mars 2023, soit une quinzaine de jours après la plainte adressée par la L.U.C. au « Guichet Culture» du Ministère, Pierre Paquet, le Directeur des Musées de la Ville de Liège (dont La Boverie) répond à la L.U.C. :

Monsieur,

Monsieur Jean-Louis Blanchart, Directeur général adjoint du Service général du Patrimoine, nous a bien transmis votre plainte concernant une situation non conforme au musée de La Boverie et le défaut de réponse à vos messages.

Nous sommes vraiment navrés de cette situation car nous mettons toujours un point d'honneur à répondre aussi vite que possible aux nombreux messages que nous recevons via divers canaux, à tout le moins à accuser réception. Un malheureux concours de circonstances fait que nous nous trouvons à vous répondre avec plus de deux mois de retard et nous vous prions d'accepter toutes nos excuses pour ces délais.

Pour répondre spécifiquement à votre plainte et aux remarques antérieures que vous avez formulées, voici ce dont nous souhaitons vous faire part.

Point 1

A : Le prêt de 4 œuvres à Bâle

En attendant de mettre en place le dispositif d'information affiché à l'entrée du musée concernant le prêt momentané de 4 œuvres à Bâle (4 sur les 9 acquises lors de la vente de Lucerne en 1939), il était prévu que les agents d'accueil en informent systématiquement les visiteurs au moment de l'achat du billet d'entrée.
Nous sommes désolés si l'agent a justement oublié de vous signaler ce point lors de votre visite.

Après le départ des œuvres (Picasso, Ensor, Gauguin, Laurencin), l'information a été diffusée via nos réseaux sociaux, le panneau d'information a été placé aux caisses puis l'information précisée sur notre site internet.
Nous reconnaissons que tout cela a pris un peu trop de temps en effet; les équipes en sous-effectif en sont, sinon une excuse, à tout le moins une explication.
Notons toutefois que, des achats de Lucerne, restaient néanmoins aux cimaises d'autres œuvres importantes : Kokoschka, Chagall, Pascin, Liebermann (le dernier, Franz Mark, est une œuvre sur papier, très fragile, et ne peut pas être exposée en permanence).

B : La présentation de la collection permanente sur notre site

Au niveau du site internet, la section consacrée à la collection permanente présente divers articles de fond sur une sélection de la collection. Parmi ces articles, certaines œuvres ont été retirées du musée pour en proposer d’autres.
Toutefois, après réception de votre courrier, nous avons pris bonne note des remarques et avons modifié le texte en conséquence (y compris le texte de présentation au niveau de la billetterie en ligne).


Suite à la plainte de la L.U.C., le Musée de La Boverie a affiché un grand panneau informatif annonçant le décrochage des cimaises de plusieurs toiles de son fond permanent. Il n’est pas possible pour un visiteur qui achète son ticket à la caisse, dans le hall d’entrée, de ne pas, ainsi, en être informé. Bravo!
De plus, le texte de cet avis fait indirectement la promotion de La Boverie puisqu’ainsi le public découvre que ses toiles sont appréciées par d’autres musées.



Ces deux photos ont été prises pendant le week-end des 11 et 12 mars 2023 par deux visiteuses actives liégeoises sensibles au travail de la L.U.C.
Mais ce jour-là, le musée n’avait pas encore placé à l’entrée et à la sortie de son institution (comme il est obligé de le faire) des affiches du «Code des usagers culturels» qui détaillent les 15 droits de ceux-ci. Elles reviendront…
Et les autres musées de la ville de Liège devraient bien sûr agir de même. Ainsi que les centres culturels, les salles de spectacles, les cinémas, les bibliothèques, les festivals d’été, etc. qui sont subsidiées par la Fédération Wallonie-Bruxelles à Liège (et partout ailleurs en Wallonie et à Bruxelles).
Voici cette obligation. C’est le point 1 : https://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=585202c32356d68ca00c6a9dc87a53e7df3a5974&file=fileadmin/sites/culture/upload/culture_super_editor/culture_editor/documents/Documents_utiles/Droits_des_usagers_et_publics_de_la_Culture/202211-A3-codeusagers-web.pdf

 

C : Problèmes similaires antérieurs

Concernant les deux plaintes antérieures mentionnées, si elles relèvent le même problème d'information aux visiteurs, l'un de ces incidents remonte à plus de vingt ans, longtemps avant la rénovation du musée. Le fonctionnement du musée a été modifié en profondeur depuis, tant sur le plan architectural qu'au niveau des équipes en place, de la direction et des conservateurs notamment.

Le deuxième point concerne l'exposition "Liège Chefs-d’œuvres" ; en effet, le dépliant y fait mention de Picasso parmi les artistes exposés : "La Famille Soler" étant en prêt au musée d'Orsay en début d'exposition, il a été décidé de mettre en valeur "Les deux têtes", une œuvre exceptionnelle qui venait d'arriver au musée pour un dépôt à long terme et que nous souhaitions mettre en évidence et la faire découvrir aux visiteurs. Il s'agissait donc, pour le musée, d'une œuvre importante.
Le dépliant citait plusieurs artistes de renom présent parmi ces chefs-d‘œuvres de nos collections.
À l'époque la Direction du musée était autre et nous aurions pu, en effet, privilégier l'ordre alphabétique à l’ordre aléatoire. Nous prenons bonne notre de votre suggestion.

 
Point 2 - Le code des usagers culturels

C'est en effet votre courrier qui nous a rappelé ce bon usage. Nous l'avons fait figurer au sein de notre site (onglet "infos pratiques" et il est affiché à l'accueil du musée/(https://www.laboverie.com/votre-visite/code-des-usagers-culturels). Il sera également affiché sur place.

Nous avons donc bel et bien reçu le courrier et tenté dans les plus brefs délais d'accorder une suite à ces remarques pertinentes, malgré le délai très tardif de réponse au mail que nous vous faisons aujourd'hui.

Sachez que nous tenons compte de votre message - comme d'ailleurs de ceux d'autres visiteurs - pour améliorer toujours notre accueil, la valorisation de nos œuvres et notre communication.

En vous remerciant de votre compréhension, veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de notre parfaite considération.

Pierre Paquet, Directeur des musées de la ville de Liège.