mercredi 19 janvier 2022

Éviter de répondre à la question !

La carte blanche suivante qui est publiée dans La Libre en 2011 dénonce déjà le fait que les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) ne permettent plus au public de visiter deux musées mais un seul dans leurs locaux sis rue de la Régence.

Et cela cause un problème financier pour les visiteurs.
En effet, il y avait un seul ticket qui permettait de découvrir dans le même bâtiment ces deux musées différents qui sont d’ailleurs de grandeur plus ou moins analogue (compter près de deux heures de découverte pour chacun d’eux).

L’offre est donc diminuée de moitié : plus qu’un musée sur deux.
Mais le tarif du ticket (unique du les deux musées) n’a pas été réduit, d’où le titre de cette carte blanche: « Un musée pour le prix de deux ».

À l’inverse, il existe des exemples de musées à l’étranger qui diminuent d’autant le prix de leur ticket lorsqu’ils ne peuvent rendre accessible momentanément une partie de leur institution (un étage ou un ensemble de salles, par exemple).

Voici cette carte blanche :  https://www.lalibre.be/debats/opinions/un-musee-pour-le-prix-de-deux-51b8cf53e4b0de6db9c04e10i

Au musée « Fin de siècle » : trois œuvres (une sculpture et deux peintures) d’un des plus grands sculpteurs belges du début du XXème siècle, Constantin Meunier.

 
Dix ans plus tard, en 2021, les MRBAB réitèrent exactement la même stratégie. La mauvaise habitude devient donc récurrente.

Le 29 avril 2021, notre « Ligue des Usagers Culturels » envoie une plainte sur cette thématique aux MRBAB.

Avec une question : si, à l’avenir, une troisième situation analogue se reproduisait, pouvez-vous nous affirmer dès aujourd’hui que vous ne reproduirez pas une nouvelle fois cette façon de faire ?

Il s’en est suivi huit mois d’échanges de courriers. Vous les découvrez ci-dessous.

Vous verrez combien les MRBAB ne veulent pas nous répondre, ou utilisent la langue de bois, et qu’il faut, à plusieurs reprises, l’intervention du Médiateur Fédéral pour qu’enfin ils s’exécutent avec des retards conséquents (dont ils s’excusent bien sûr, et on recommence la fois suivante… en espérant peut-être que leur interlocuteur lâchera prise).

C’est donc une non application à plusieurs reprises pour un même dossier (gênant?) de ce qu’ils indiquent pourtant clairement sur leur site : « Vous recevez d’abord un accusé de réception avec un numéro d’enregistrement unique et, dans les 30 jours, nous vous faisons parvenir : une réponse motivée, une rectification, une solution ».
https://www.fine-arts-museum.be/uploads/pages/files/folder_klachtenprocedure_fr.pdf

Ces échanges problématiques de courriers nous semblent néanmoins, et heureusement, fort instructifs car ils constituent un nouvel exemple concret qui permet d’illustrer l’utilité de concrétiser le plus rapidement possible la deuxième des quatre propositions contenues dans notre autre « carte blanche » publiée, cette fois, par Le Vif, le 11 octobre 2020, sous le titre « Quatre propositions pour mieux respecter les visiteurs des musées fédéraux » :

« (Au sein de chaque musée fédéral, veiller à) la création de la fonction d’une personne ressource dont le travail consistera à défendre en interne les droits des usagers de façon transversale, dans tous les départements, y compris auprès de la direction et du conseil d’administration.
Si l’intérêt pour le public est évidemment dans toutes les pensées des membres du personnel de ces institutions, la surcharge du travail, la priorité prise désormais presque partout par le besoin de faire de la communication ainsi que la recherche effrénée bien souvent d’une rentabilité immédiate ne permettent plus vraiment de concrétiser jour après jour cet intérêt.
Il convient donc de retrouver au sein des diverses institutions le moyen de rendre incontournable cette préoccupation».

Ensuite, le 12 janvier 2022, nous avons demandé au Secrétaire d’état chargé des musées fédéraux, Thomas Dermine, de réagir à ce dossier. Nous rendrons publique sa réponse dès qu’elle nous parviendra.

Ces échanges de courriers avec les MRBAB vous montrent que la non agressivité et la ténacité de l’usager culturel sont utiles et que le public peut faire appel au Médiateur Fédéral qui est un allié, dans toute son indépendance.

Que des médias s’emparent du sujet et qu’un élu (ici, un ou des sénateurs) suive l’affaire de près : voilà deux atouts pour parvenir  sans doute plus correctement à un traitement démocratique de pareille plainte.

Bonne lecture ! Courage, vous verrez : ce qui suit se lit un peu comme les neuf épisodes d’un même feuilleton… ou d’une même série.


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1 : le 29 avril 2021

Voici le texte de la plainte envoyée aux MRBAB (les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique) sous le titre «Un musée pour le prix de deux» par la L.U.C., le 29 avril 2021.

« Le 26 mars 2021, la VRT annonçait que la section Old Masters (en français: le musée d’Art Ancien) des MRBAB (les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique) ne serait pas accessible au public pendant six mois, donc jusqu’au 15 octobre 2021.
Les visiteurs ne pourront plus découvrir durant cette période d’innombrables chefs d’œuvres de Bruegel, Rubens, Jordaens, Rembrandt… et «La mort de Marat» de David.

Cette décision nullement contestée dans la présente plainte (et je suis solidaire de vos difficultés économiques) permet de rouvrir l’autre section sise dans le même bâtiment et inaccessible au public depuis le début de la pandémie, le musée Fin de siècle qui expose notamment Ensor, Khnopff, Spilliaert, Gauguin, Rodin, Seurat, Meunier, Frédéric, etc.

Avant la pandémie, les MRBAB avaient mis fin à la possibilité d’acheter un ticket pour visiter chacun de ces deux musées séparément et avaient opté pour la «vente couplée», que certains appellent «vente forcée»: les deux sections pour 10 € (+ diverses réductions).

Outre que cette option force la main du visiteur (on peut adorer l’art ancien, et pas du tout celui du début du XXème siècle, ou l’inverse), elle est sans doute peu pédagogique et anti contemplative, car les œuvres étant nombreuses, il faut aller très vite («Le ticket est valable une seule journée») et il est fatiguant de tout découvrir en quelques heures.

Le site internet des MRBAB indique que la tarification actuelle n’a pas évolué, le prix de base restant à 10 €.: https://www.fine-arts-museum.be/fr/votre-visite/planifier-sa-visite/tarifs

L’offre est donc diminuée de moitié mais le prix reste inchangé. Si votre boucher ou votre parfumeur agissait de même (et eux ne sont même pas subsidiés), resteriez-vous de marbre?

Il ne s’agit pas de critiquer un tarif mais le problème est différent : maintenir un prix « couplé » alors qu’on diminue de moitié l’offre.

À ceux qui penseraient que nous cherchons la petite bête en ces temps difficiles, nous répondrons que la pandémie a bon dos.
En effet, les MRBAB poursuivent cette stratégie tarifaire depuis bien longtemps.
En 2011, nous avions déjà publié dans La Libre Belgique une carte blanche pour la dénoncer: https://www.lalibre.be/debats/opinions/un-musee-pour-le-prix-de-deux-51b8cf53e4b0de6db9c04e10
En effet, en février 2011, le musée d’Art Moderne des MRBAB fut fermé pendant plus d’un an. Pendant ce temps-là, situé à la même adresse (au 3, rue de la Régence), le musée d’Art Ancien resta accessible aux visiteurs.

À l’époque, un seul ticket au prix de 8 € permettait de visiter ces deux entités muséales. Alors que la moitié de l’offre est supprimée, le prix de l’entrée du musée n’est pas passé de 8 à 4 €. Aucune explication sur ce qui s’apparente à une hausse tarifaire indirecte de 100% ne fut proposée aux visiteurs, dont les plus avisés furent plus que surpris.

Dans des cas analogues, d’autres institutions agissent bien différemment. En Bretagne, le musée des Beaux-Arts de Rennes fut en travaux de mars 2008 à février 2010. La fermeture a porté sur la totalité du 1er étage qui accueillait l’ensemble de la collection permanente des peintures (Georges de La Tour, Jordaens, Rubens, Gauguin, etc.). En période normale, le ticket aurait coûté 4,45 €. Durant les travaux, il fut ramené à 1,05 €.

N’est-il pas temps de prendre exemple à Bruxelles, dans nos musées fédéraux, sur pareille pratique plus démocratique? ».

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2 : le 3 mai 2021

Première réponse, le 3 mai 2021, sous forme d’accusé de réception type par les MRBAB de la plainte de la L.U.C.

« Nous avons bien reçu votre mail de plainte dans lequel vous exprimez votre mécontentement concernant votre expérience avec notre musée.
Nous faisons suivre vos remarques auprès du service concerné qui ne manquera pas de vous répondre prochainement.
Les commentaires de nos visiteurs nous aident toujours à améliorer nos services et nous espérons que votre prochaine visite au musée vous apportera plaisir et satisfaction ».

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3 : en juin 2021

Les 15 et 30 juin 2021, dépôt et rappel par la L.U.C. après du Médiateur Fédéral d’une plainte pour non réponse circonstanciée dans le mois par les MRBAB à sa plainte «Un musée pour le prix de deux».
Les MRBAB continuent à faire silence «Ce qui, bien sûr, leur permet, jour après jour, de faire payer leurs visiteurs sans doute le double de ce qu’il serait logique, en tant que service public, de pratiquer».

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Il pleut au Musée d’Art Ancien même quand « Le roi boit ». Est-ce un prétexte valable pour faire trinquer les portefeuilles des visiteurs?

 

4 : le 8 juillet 2021

Le 8 juillet 2021 : deuxième réponse des MRBAB à la L.U.C. :

« Nous avons bien reçu votre plainte dans laquelle vous exprimez votre mécontentement concernant votre expérience avec notre musée, et nous en sommes navrés.

Nous préférerions tout ouvrir, mais ce n'est malheureusement pas possible actuellement. Nous sommes bien en dessous de la limite pour garder toutes les collections ouvertes.
Comme vous le savez certainement, les coupes budgétaires successives ont durement touché les institutions fédérales depuis 2011. La situation n'est donc pas nouvelle. La pandémie de Covid-19 a exacerbé le problème. Le paradoxe de la crise c’est que nous devons mobiliser plus de personnel pour encadrer les mesures Covid, alors que nous avons de moins en moins de personnel.

Depuis le début de l'année 2019, nous avons perdu 35 membres du personnel : 20 agents de sécurité et 10 agents d'entretien, dont 5 au front-office.
Rien que pour le service de gardiennage/sécurité, il manque actuellement 19 agents de sécurité. Et ce, sans compter toutes les autres fonctions (billetterie, accueil, entretien, administration, etc.) nécessaires au fonctionnement du musée.

Après le premier confinement, nous avons ouvert (en mai 2020) le musée Old Masters, puis le musée Magritte en juillet. Le Musée Fin-de-Siècle n’a pas rouvrir en raison du manque de personnel.
Cela fait donc plus d’un an (mars 2020) que cette précieuse collection (avec plus de 120 artistes, plus de 400 œuvres d'art, 4 étages) n’était pas visible du public ! Les œuvres d’Ensor, Khnopff, Spilliaert, Mellery, Gauguin, Rodin, Seurat, etc. étaient inaccessibles.

La seule possibilité que nous voyons actuellement est d’ouvrir les collections en alternance (comme dans d'autres grandes institutions culturelles).
Cependant, la procédure de sélection est entamé pour engager 15 nouveaux gardiens et nous espérons donc pouvoir ouvrir l’ensemble de nos collections le 15.10.2021.
Pour tout complément d’information, nous restons bien entendu à votre entière disposition ».

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5 : le 31 août 2021

Insatisfaite par la deuxième réponse des MRBAB, la L.U.C.lui adresse un troisième courrier, le 31 août 2021:

« Nous vous remercions d’avoir indiqué à la fin de votre dernier courriel « Pour tout complément d’information, nous restons à votre entière disposition ».
Nous nous permettons donc de vous adresser quatre questions et nous vous demandons de ne pas y répondre globalement, mais bien question par question, pour mieux nous respecter.

QUESTION 1 :

Donc, vous admettez que les MRBAB ne diminuent pas la tarification prévue pour deux musées (le musée d’Art Ancien et le musée Fin de Siècle) alors que les MRBAB n’en proposent plus que la visite d’un des deux.
L’offre est donc diminuée de moitié mais le prix reste inchangé. Ce que nous résumons par l’appellation « Un musée pour le prix de deux ».

Dans vos réponses précédentes, vous développez énormément votre explication sur le pourquoi un musée est fermé pendant que l’autre est accessible, ce que nous savions bien avant de vous écrire (nous nous informons avant de vous contacter pour ne pas vous faire perdre votre temps), ce qui ne répond donc aucunement à la plainte précise que nous vous avons adressée.
Pouvons-nous savoir s’il s’agit d’un acte volontaire ou est-ce parce que vous n’avez pas lu notre plainte? Ou pour une autre raison comme noyer le poisson ou espérer que le plaignant ne va pas avoir l’énergie de poursuivre le contact afin de voir aboutir sa thématique?  

QUESTION 2 :

Dans toutes vos réponses, vous faites comme si nous n’avions pas écrit ce qui suit :

«  (…) À ceux qui penseraient que nous cherchons la petite bête en ces temps difficiles, nous répondrons que la pandémie a bon dos.
En effet, les MRBAB poursuivent cette stratégie tarifaire depuis bien longtemps. En 2011, nous avions déjà publié dans La Libre Belgique une carte blanche pour la dénoncer: https://www.lalibre.be/debats/opinions/un-musee-pour-le-prix-de-deux-51b8cf53e4b0de6db9c04e10
En effet, en février 2011, le musée d’Art Moderne des MRBAB fut fermé pendant plus d’un an. Pendant ce temps-là, situé à la même adresse (au 3, rue de la Régence), le musée d’Art Ancien resta accessible aux visiteurs.
À l’époque, un seul ticket au prix de 8 € permettait de visiter ces deux entités muséales. Alors que la moitié de l’offre est supprimée, le prix de l’entrée du musée n’est pas passé de 8 à 4 €. Aucune explication sur ce qui s’apparente à une hausse tarifaire indirecte de 100% ne fut proposée aux visiteurs, dont les plus avisés furent plus que surpris (…) ».

Nous écrivions ceci pour que vous ne nous répondiez pas que c’est à cause des pertes financières dues à la pandémie que vous forciez le public à payer « un musée pour le prix de deux ».

Vous ne pouvez pas répondre avec cet argument puisque nous vous prouvons que c’est une pratique habituelle dans votre institution car les MRBAB agissaient déjà ainsi en 2011.

Et voilà que vous semblez ne pas avoir lu cette partie de notre plainte et la seule explication que vous nous donnez consiste à parler justement de la pandémie, alors que nous vous prouvons qu’il s’agit d’une attitude structurelle.

Pourriez-vous enfin nous répondre à cette partie de notre plainte passée à la trappe jusqu’à présent.

QUESTION 3 :

Enfin, vous n’avez pas non plus réagi jusqu’à présent à cette autre partie de notre plainte : « (…) Dans des cas analogues, d’autres institutions agissent bien différemment. En Bretagne, le musée des Beaux-Arts de Rennes fut en travaux de mars 2008 à février 2010. La fermeture a porté sur la totalité du 1er étage qui accueillait l’ensemble de la collection permanente des peintures (Georges de La Tour, Jordaens, Rubens, Gauguin, etc.). En période normale, le ticket aurait coûté 4,45 €. Durant les travaux, il fut ramené à 1,05 €.
N’est-il pas temps de prendre exemple à Bruxelles, dans nos musées fédéraux, sur pareille pratique plus démocratique? (…) ».

En d’autre mots, si une situation analogue à celle de 2011 et de 2021 devait se reproduire ultérieurement, les MRBAB peuvent-ils s’engager aujourd’hui à ne plus avoir la même attitude qui consiste à faire payer au visiteur « un musée pour le prix de deux »?

Nous pouvons illustrer cette troisième question d’un nouvel exemple de « bonne pratique », cette fois-ci en Italie.

Un habitué de la page « La Ligue des Usagers Culturels » de facebook publie ce qui suit, le 31 juillet 2021 : « À noter : à Venise Ca d'Oro. Suite à la crise sanitaire, le 2e étage est fermé. C'est indiqué sur le site. On nous le signale à l'entrée et le prix du billet est réduit d'un tiers.
Plus précisément, parcours temporairement restreint (cour monumentale, jardin, itinéraire parmi les chefs-d’œuvre du premier étage et loggia sur le Grand Canal): billet à prix réduit pour tous à € 6,00 ».

Nous nous sommes penchés dans nos archives et avons découvert que, lors d’un voyage à Venise, nous avions déjà découvert ce musée le 21 avril 1997. Son 2ème étage ne peut pas être visité. Il y a aussi quelques travaux au 1er étage, mais on peut contempler quand même l’œuvre la plus connue de cette institution : le fameux St Sébastian de Mantegna :
https://en.wikipedia.org/wiki/St._Sebastian_(Mantegna)

À cause de ces travaux, l’entrée est gratuite pour tous les visiteurs.

Vous voyez donc qu’à Venise, il y a comme chez vous une « pratique » constante, mais son contenu est complètement différent.

QUESTION 4 :

Nous nous permettons de vous rappeler cet extrait de votre accusé de réception : « Les commentaires de nos visiteurs nous aident toujours à améliorer nos services ». Par rapport à notre présente plainte, allez-vous garder le statu quo à l’avenir ou ma plainte va-t-elle vous aider à améliorer vos services? Comment? ».

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6 : Octobre et décembre 2021

Le 5 octobre 2021 et le 6 décembre 2021, la L.U.C. envoie une nouvelle plainte, et son rappel, au Médiateur Fédéral pour non réponse des MRBAB à son troisième courrier envoyé le 31 août 2021.

Pourtant, sur leur site, les MRBAB indiquent à propos de l’envoi de plaintes : « Vous recevez d’abord un accusé de réception avec un numéro d’enregistrement unique et, dans les 30 jours, nous vous faisons parvenir : une réponse motivée, une rectification, une solution ».
https://www.fine-arts-museum.be/uploads/pages/files/folder_klachtenprocedure_fr.pdf

Le Médiateur Fédéral demande aux MRBAB à plusieurs reprises de répondre à nouveau à la L.U.C.

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7 : le 22 décembre 2021

Le 22 décembre 2021, les MRBAB répondent enfin au troisième courrier daté du 31 août 2021 de la L.U.C. :

« Nous avons bien reçu votre mail, et nous vous prions de nous excuser pour cette réponse tardive.
Comme demandé lors de nos précédents échanges, vous trouverez ci-dessous les réponses à chaque question posée dans votre mail.

 
1) Les tarifs des MrBAB sont fixés par arrêté ministériel, et ne peuvent donc pas être modifiés unilatéralement par les MrBAB. Une quelconque adaptation nécessite l’accord aussi bien de notre comité de direction, que celui de la commission de gestion de BELSPO, et le Secrétaire d’Etat de la Politique scientifique fédérale. Comme vous le savez certainement, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique sont une institution scientifique fédérale qui dépend de BELSPO, sa coupole administrative. Une demande d’adaptation doit donc faire l’objet de réflexion et d’une argumentation complète et être ensuite approuvée par les deux instances, ainsi que par l’inspecteur général des finances. Dans le cas du Musée Fin-de-Siècle, la fermeture était temporaire pour les raisons explicitées lors de nos échanges précédents et le musée s’est rouvert depuis le 15 octobre dernier, après engagement de nouveaux gardiens. Une demande d’adaptation des tarifs n’était, par conséquent, pas à l’ordre du jour.
Aujourd’hui, toutes les collections des MrBAB sont accessibles au public, à savoir : le Musée Old Masters Museum, le Musée Fin-de-Siècle Museum, le Musée Magritte Museum, le Musée Meunier Museum et le Musée Wiertz Museum.

 
2) Comme vous le savez, le Musée d’Art Moderne a dû malheureusement fermé ses portes en 2011, car le musée était dans un état vétuste et ne répondait plus aux normes d’hygrométrie, de sécurité et d’électricité (entretien et rénovation reportés et changement de direction). La stratégie de modernisation fut alors de redéployer les collections afin de les revaloriser et redynamiser. Force est de constater que, suite à la fermeture d’une partie de ses collections, le musée a fait face à des pertes financières importantes. Afin de remédier en partie à cela, le musée avait décidé alors de maintenir le tarif plein de 8 euro.

La collection d’Art moderne et contemporain (de 1914 à nos jours) est actuellement, il est vrai, inaccessible. Cependant, des expositions temporaires présentent régulièrement des sélections d’œuvres issues de cette collection, en attendant que celle-ci puisse investir un lieu adapté. Ainsi, nous avons récemment exposé quelque 150 peintures, sculptures, œuvres sur papier, installations et vidéos de la collection dans le cadre de l’exposition BE MODERN. En ce moment, d’autres œuvres de la collection d’Art moderne et contemporain des MrBAB sont visibles au sein de l’exposition EUROPALIA, Voies de la modernité.

Par ailleurs, les perspectives pour le Musée d’art moderne sont favorables. Thomas Dermine, Secrétaire d’État à la politique scientifique, dans sa note de politique générale présentée à la Chambre cet automne, mentionne :
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) seront l’objet d’importants travaux de rénovation qui imposeront leur fermeture durant plusieurs années. Afin de garantir l’accessibilité des collections et de redéployer leurs missions, une réflexion a été lancée dans le but de proposer plusieurs initiatives au gouvernement en 2022. […] Concernant le bâtiment Vanderborght, celui-ci est propriété de la Ville de Bruxelles. Beliris a prévu des moyens d’études relatifs à sa rénovation et à son exploitation. Une collaboration est à l’étude pour permettre de valoriser les collections d’art moderne.

 
3) Nous espérons en aucun cas nous retrouver face à une situation similaire à celle de 2011 (fermeture du Musée d’Art Moderne) ou de 2021 (fermeture temporaire du Musée Old Masters) à l’avenir, deux évènements qui se sont déroulés indépendamment de notre volonté.

Seulement, le Musée Old Masters Museum et le Musée Fin-de-Siècle Museum fermeront à nouveau leurs portes en 2023 pour effectuer les travaux de rénovation importants, longuement attendus.
Comme vous avez certainement pu le découvrir par le biais de la presse, les collections Old Masters et Fin-de-Siècle des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique devront en effet fermer pendant une période d’au moins deux ans afin de rénover les toitures du Forum et les salles du Balat (Régie de Bâtiments).

Un communiqué de presse suivra avec de plus amples informations sur le déroulement des travaux. Sachez toutefois que le Musée Magritte Museum et une sélection d’œuvres des œuvres des grands maîtres de nos collections resteront accessible au public, et que les MrBAB continueront à présenter leurs œuvres à travers des expositions aussi bien intra qu’extra muros.

4) Comme mentionné dans notre mail précédent, les commentaires de nos visiteurs nous aident toujours à améliorer nos services. Ainsi, nous vous confirmons que l’ensemble de vos remarques ont été prises en considération et que les solutions constructives sont toujours soumise à la direction, et dans la mesure du possible, intégrer dans le fonctionnement du musée. Nous prenons toujours en compte l’avis de nos visiteurs dans le souci d’améliorer l’expérience des visiteurs au sein des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Nous restons bien entendu à votre entière disposition pour tout complément d’information ».

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8 : Le 5 janvier 2022

Le Médiateur Fédéral qui a reçu copie de la troisième réponse des MRBAB envoie ses conclusions à la L.U.C. :

« Sauf meilleur avis de votre part, il me semble que cette réponse est explicite quant aux motifs qui ont conduit les MRBAB à ne pas revoir leur politique tarifaire malgré l’inaccessibilité de certaines de ses ailes. Je peux dès lors procéder au classement de votre plainte auprès du Médiateur fédéral en constatant que l’administration concernée a répondu à vos questions suite à nos interventions.

Je relève en outre que la décision d’adaptation des tarifs prévus par arrêté ministériel au regard de la « quantité » d’œuvres exposées appartient au secrétaire d’Etat et au ministre de la Politique scientifique ».

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9 : Le 7 janvier 2022

La L.U.C. répond au troisième courrier des MRBAB :

« Nous vous souhaitons nos meilleurs voeux pour 2022.
Voici nos deux remarques à propos de votre réponse du 22 décembre 2021.

1 : Nous  constatons qu’il a fallu attendre cette dernière réponse des MRBAB pour que vous nous indiquiez enfin que votre tarification est fixée par arrêté ministériel et ne peut donc pas être modifiée unilatéralement par votre institution (« Une quelconque adaptation nécessite l’accord aussi bien de notre comité de direction, que celui de la commission de gestion de BELSPO, et le Secrétaire d’Etat de la Politique scientifique fédérale (…) Une demande d’adaptation doit donc faire l’objet de réflexion et d’une argumentation complète et être ensuite approuvée par les deux instances, ainsi que par l’inspecteur général des finances »).

Comme le résume le Médiateur Fédéral dans un courriel qu’il nous a adressé le 5 janvier 2022: « Je relève que la décision d’adaptation des tarifs prévus par arrêté ministériel au regard de la « quantité » d’œuvres exposées appartient au secrétaire d’Etat et au ministre de la Politique scientifique ».

Il s’agit donc d’un « renvoi de la patate chaude » à Monsieur Thomas Dermine que nous allons donc contacter.

Ce qui est attristant, car cela a fait perdre beaucoup de temps (et d’argent) à votre administration qui manque tant de financements, c’est la rétention de cette information à notre égard pendant près de huit mois.
Les MRBAB auraient très bien pu nous indiquer cela dès sa première réaction, ce qui vous aurait épargné cette série de réponses.
Vous pouvez comprendre que vous nous avez ainsi également fait perdre beaucoup de temps et d’énergie, ce qui n’est guère sympathique dans votre fonctionnement à l’égard de vos visiteurs attentifs qui visent dans leur plainte l’intérêt collectif.

De plus, vos réguliers retards (plus d’un mois) de réaction à chacune de ces étapes de notre échange nous a contraint à monopoliser à plusieurs reprises l’attention du Médiateur Fédéral. Nous tenons ici à nous en excuser auprès de lui.

2 : Notre question 3 de notre courrier précédent qui vous a été adressé se résume ainsi : « Si une situation analogue à celle de 2011 et de 2021 devait se reproduire ultérieurement, les MRBAB peuvent-ils s’engager aujourd’hui à ne plus avoir la même attitude qui consiste à faire payer au visiteur « un musée pour le prix de deux »? ».

Votre réaction qu’on peut résumer ainsi « Nous espérons en aucun cas nous retrouver face à une situation similaire » vous permet de ne pas nous répondre par un oui ou par non à notre question.

Il nous semble donc que vous vous obstinez à contourner cette question qui constitue le sujet principal de notre plainte. Voilà sans doute une attitude dictée par une volonté de communication et non par un souci de débattre clairement d’enjeux économiques avec vos usagers.

Cette attitude est intéressante car elle constitue un nouvel exemple concret pour illustrer la deuxième proposition de la « carte blanche » de « La Ligue des Usagers Culturels » publiée par Le Vif L’Express, le 11 octobre 2020 sous le titre « Quatre propositions pour mieux respecter les visiteurs des musées fédéraux » :

« Deuxième proposition : (Au sein de chaque musée fédéral), la création de la fonction d’une personne ressource dont le travail consistera à défendre en interne les droits des usagers de façon transversale, dans tous les départements, y compris auprès de la direction et du conseil d’administration. Si l’intérêt pour le public est évidemment dans toutes les pensées des membres du personnel de ces institutions, la surcharge du travail, la priorité prise désormais presque partout par le besoin de faire de la communication ainsi que la recherche effrénée bien souvent d’une rentabilité immédiate ne permettent plus vraiment de concrétiser jour après jour cet intérêt. Il convient donc de retrouver au sein des diverses institutions le moyen de rendre incontournable cette préoccupation » ».