mardi 5 avril 2022

Le Musée de l’Armée refuse votre monnaie

En janvier 2016, le Musée Royal de l’Armée de Bruxelles (MRA) abandonne sa gratuité quotidienne et fixe son entrée à 5 €.

Une simple feuille de papier est affichée sur la porte d’entrée de cette institution : «Cher visiteur, les paiements au comptoir d’accueil se font uniquement par carte bancaire. Cette mesure a été introduite en 2016 pour des raisons de sécurité. Ne disposant pas de caisses enregistreuses, le personnel d’accueil n’est pas en mesure d’accepter de l’argent liquide».


Charmant accueil à la porte d’entrée.


Les visiteurs sont refoulés s’ils ne peuvent présenter une carte bancaire à l’entrée.

Lors d’une de nos visites, le préposé à la caisse nous a confirmé un pourcentage de 15 à 20% des visiteurs à qui cette situation posait problème.

Ceux qui soutiennent les droits au respect du public trouvent cette situation intolérable. Mais ceux qui défendent les intérêts de l’institution devraient être du même avis puisque cette aberration économique engendre une diminution de la fréquentation ainsi que des rentrées financières.

On peut même estimer que cette particularité de paiement est illégale si on la compare à celle des distributeurs de billets de stationnement à Bruxelles exclusivement alimentés par carte de banque. Celle-ci fut assimilée à une pratique commerciale déloyale en 2016 par le SPF (Service Public Fédéral) Économie.

En haut lieu, la situation est connue. Une question parlementaire est posée par Gautier Calomne (MR) début 2017 au ministre Didier Reynders (MR), ministre de la Défense. Elle n’a abouti hélas à une aucune évolution concrète.

Et au shop?  

Plutôt Kafka que surréaliste! La bureaucratie atteint un sommet «historique» quand le visiteur découvre, à moins de quinze pas du guichet «argent liquide interdit», dans le vaste hall du MRA, l’entrée du shop... où tout (sauf le ticket d’entrée) peut s’acheter en liquide (voir photo prise le 24 mars 2022).


À moins de 2 mètres du comptoir, on peut payer en liquide au shop.

À Anvers, lors de notre visite du 26 décembre 2018, nous avons découvert une situation presque analogue au « Red Star Line Museum ».

Là non plus, au comptoir, on ne peut se procurer son ticket avec de l’argent liquide... À un détail près : le personnel ne vous refoule pas comme c’est le cas au Musée Royal de l’Armée, mais vous aiguille, si vous avez oublié votre téléphone ou votre carte bancaire (ou si les banques vous refusent l’octroi d’une carte bancaire), vers le shop où vous pourrez acheter votre ticket avec votre monnaie.

 
Une œuvre exposée au « Red Star Line Museum » d’Anvers. Là, le shop a trouvé une solution, à l’inverse que ce qui se passe au Musée Royal de l’Armée à Bruxelles.

Silence dans le dépliant

Enfin, on peut parler du désintérêt flagrant pour une information utile des visiteurs de la part du service de communication du MRA.

Depuis que le musée a introduit son entrée payante début 2016, il a distribué un peu partout en Belgique son dépliant de présentation plutôt luxueux où sa tarification est clairement détaillée mais où ne figure pas l’indication qu’il est indispensable de se munir d’une carte bancaire pour pouvoir admirer ses galeries d’armes anciennes, ses avions ou monter par ascenseur au sommet des Arcades du Cinquantenaire pour y découvrir l’un des plus beaux panoramas de la capitale.

Cette information fallacieuse du public a duré plusieurs années jusqu’à ce qu’un nouveau dépliant tienne enfin compte de notre plainte faite à ce sujet.

Le 1er avril 2022, la L.U.C. dépose plainte

Le 24 mars 2022, lors d’une visite, nous découvrons que la feuille sur la porte d’entrée du musée a été enlevée.

À la caisse, ce jour-là, la tarification indique que le visiteur ne peut pas payer son ticket en liquide.

Le tableau de la tarification du Musée Royal de l’Armée photographié le 24 mars 2022.


Voilà donc plus de six ans que l’institution annonce qu’elle va remédier au problème mais qu’elle n’arrive pas à acheter une caisse enregistreuse pour accueillir l’argent liquide, et ce malgré des plaintes répétées et des réponses qui annoncent qu’une solution est en vue. Quel irrespect pour le public !

Nous avons déposé plainte au Musée Royal de l’Armée en 2009. À l’époque, Michel Jaupart, Directeur général ad interim du Musée Royal de l’Armée, nous a répondu par écrit à notre interpellation .

Lire ici le point n°10 : https://www.entreleslignes.be/humeurs/consoloisirs/pub-rtbf-au-menu-des-négociations

Notre visite faite le 24 mars 2022 sur les lieux nous prouve que rien n’a changé, et ce, malgré le fait que Monsieur Jaupart nous avait écrit que : « La direction du War Heritage Institute est consciente que le paiement uniquement par carte bancaire peut gêner certains visiteurs ».

La Ligue des Usagers Culturels a donc été obligée de déposer plainte, le 1er avril 2022, auprès du Service de la Protection des Consommateurs.


Le 24 mars 2022, à l’entrée du Musée Royal de l’Armée, trois enfants.