« La
Libre » a publié le 2 janvier 2019 des extraits d’une carte blanche de
Bernard Hennebert, l’un des administrateurs de la L.U.C.
Voici l’intégrale de ce texte que le quotidien a dû réduire quelque peu (et bien) pour des raisons techniques.
Le
titre initial était : « Ce 1er janvier 2019 : un musée fédéral ose
assez discrètement doubler le prix de son entrée, et pire… ».
L’entrée
du musée de l’Armée, ce 1er janvier 2019, n’est pas ajustée en fonction
de l’évolution du coût de la vie mais augmente de 100% : le billet
plein passe de 5 à 10 euros, et ce, abruptement, comme un fait du prince
(ou du général?), puisque sur le site internet aucune explication, ni
excuse ne sont proposées aux futures visiteurs.
Il
parait que ce qui différencie les initiatives culturelles des autres
activités économiques serait leur supplément d’âme. On en est loin…
Comment se positionne par rapport à ce fait notre nouveau Ministre de la
Défense Didier Reynders (MR)?
Un musée qui n’affectionne pas la gratuité pour la jeunesse !
Ceci
est d’autant plus inacceptable que, lorsqu’on détaille davantage la
tarification 2019 de ce musée situé sur le plateau du Cinquantenaire, on
constate, en ce qui concerne le jeune public, que la gratuité
quotidienne n’est prévue que pour les enfants de moins de 6 ans alors
que les jeunes de moins de 18 ans entrent gratuitement dans la majorité
des autres musées fédéraux : musée Magritte, musée d’Art Ancien, musée
Fin de Siècle, musée d’Art et d’Histoire, musée des Instruments de
Musique, etc. Cette mesure bruxelloise n’a d’ailleurs rien d’extravagant
puisqu’elle est bien en de ça de celle qui est pratiquée à Liège où
tous les musées de la ville offrent la gratuité quotidienne aux moins de
26 ans.
Illégal ?
Depuis
janvier 2016, Le musée de l’Armée interdit qu’on paie son entrée avec
de l’argent liquide. Il faut impérativement recourir à une carte
bancaire. Cette situation est totalement inédite dans le secteur des
musées.
Depuis
le début 2016, plusieurs doléances à ce sujet ont été adressées auprès
du Service de coordination des plaintes du musée. Les réponses furent
vagues, en langue de coton jusqu’à ce positionnement beaucoup plus
précis, le 2 janvier 2017 (il y a donc près d’un an), du
Lieutenant-Général ( e.r. ) Oger Pochet, Directeur a.i. MRA : « J’ai
bien reçu votre plainte relative au seul mode de paiement actuellement
disponible au musée pour l'achat de tickets d’entrée (…) Il est dans
notre intention d'offrir à notre clientèle la possibilité d'un paiement
en espèces. Soucieux de la sécurité de notre personnel et de la tenue
d'une comptabilité efficace et efficiente, nous envisageons
l'acquisition d'un système automatisé (caisse automatique
billets/monnaies) via la procédure d'un marché public. Ce mode
d'acquisition nécessite de nombreuses démarches administratives et du
temps. Etant soumis par ailleurs à l'avis de l'Inspecteur des Finances,
un premier projet de marché en ce sens a été récemment interrompu en
2016, entre autres pour des raisons de prudence budgétaire. Ce projet de
marché lui sera représenté dans le courant de ce mois (…) ».
Depuis,
rien n’a changé pour les visiteurs qui continuent d’être refoulés s’ils
ne peuvent présenter une carte bancaire à l’entrée. Lors d’une de mes
visites, le ou la préposé(e) à la caisse m’a confirmé un pourcentage de
15 à 20% des visiteurs à qui cette situation posait problème. Et
pourtant, on peut estimer que cette particularité de paiement soit
illégale si on la compare à celle des distributeurs de billets de
stationnement à Bruxelles exclusivement alimentés par carte de banque.
Celle-ci fut assimilée à une pratique commerciale déloyale en 2016 par
le SPF Economie.
En
haut lieu, la situation est connue. Une question parlementaire posée
par Gautier Calomne (MR) début 2017 au ministre des Armées n’a pas
aboutit non plus jusqu’à présent à une évolution concrète.
Plutôt
Kafka que le surréalisme! La bureaucratie atteint un sommet «
historique » (on est dans un musée!) quand le visiteur découvre qu’à
moins de quinze pas du guichet « argent liquide interdit », débouche,
dans le vaste hall du musée, l’entrée du shop où tout peut s’acheter
avec des pièces de monnaies ou des billets!
Non information du public
On
peut parler de désintérêt total pour les visiteurs, voire de mépris,
lorsqu’on constate ce fait supplémentaire : depuis deux ans, le musée de
l’Armée distribue sans vergogne un peu partout en Belgique son dépliant
de présentation plutôt luxueux où les prix d’entrées sont clairement
notés mais où ne figure pas l’indication qu’il est indispensable de se
munir d’une carte bancaire pour pouvoir admirer ses armes, ses avions ou
monter par ascenseur au sommet des Arcades du Cinquantenaires pour y
découvrir l’un des plus beaux panorama de la capitale.
Bernard Hennebert,
administrateur à la « Ligue des Usagers Culturels » (L.U.C.),
auteur du livre « Les musées aiment-ils le public? » (Editions Couleur Livres).
https://www.lalibre.be/debats/opinions/le-musee-royal-de-l-armee-a-double-ses-tarifs-signe-d-un-profond-mepris-pour-le-visiteur-5c2b91a6d8ad586739ca078f?fbclid=IwAR2HD0Qb-sY9jCD30r9bOSUerSv0ga_mw3uqPLDQgw7A08PPIIj1jlX-VfQ
https://www.lalibre.be/debats/opinions/le-musee-royal-de-l-armee-a-double-ses-tarifs-signe-d-un-profond-mepris-pour-le-visiteur-5c2b91a6d8ad586739ca078f?fbclid=IwAR2HD0Qb-sY9jCD30r9bOSUerSv0ga_mw3uqPLDQgw7A08PPIIj1jlX-VfQ