Ne pas rembourser si la pièce de théâtre ou le concert s’interrompt après s’être déroulé à moitié?
Cette règle absurde qui consiste pour le public de ne pas avoir droit à découvrir, d’une façon ou d’une autre, l’entièreté d’un spectacle existe, parfois bien installée dans la mentalité de certains organisateurs.
Quand l’activité se déroule à l’extérieur, c’est bien plus fréquent. Dans La Libre du 8 août 2002, AdH note, à propos du Théâtre des Galeries de Bruxelles : « Ceux qui n’ont pas vu 50% du spectacle peuvent assister à la séance de rattrapage. Mais un spectacle vu à 55% est considéré comme vu, et on n’a pas droit au jour de relâche ».
Heureusement, certains responsables de spectacles de théâtre de plein air se sont organisés face à la pluie. Ils prévoient en général, chaque semaine, un ou deux jours de relâche qui peuvent être transformés en journées de remplacement et les spectateurs qui ne seraient pas libres ces jours-là pourront se faire rembourser.
Clarifier ce qui peut prêter à confusion
Mais tout le monde n’agit pas avec autant de mansuétude. Voici une des « Conditions générales de vente » du Théâtre National Wallonie-Bruxelles, à respecter lorsque la météo est à la pluie lors d’un spectacle en plein air : « En cas d’interruption d’une représentation après la première moitié d’un spectacle, les billets ne peuvent être ni repris, ni échangés pour une autre date, ni remboursés ».
Au spectateur qui marque son étonnement car il comprend, à la lecture de ce texte des conditions générales, que cette règle pourrait s’appliquer aussi pour des interruptions de spectacles donnés dans ses salles, la directrice des relations avec les publics explique par courriel, le 28 janvier 2020, qu’il n’en est rien. Puisque cette interpellation de ce spectateur laisse penser que le texte de la règlementation peut donner lieu à confusion, elle veillera « à apporter de la clarté à ces stipulations dans un proche avenir ». Elle indique également: « Sachez qu‘en cas de difficulté éventuelle, nous agissons toujours afin de tenter en priorité de satisfaire la demande des spectateurs, nous avons bien sûr à cœur d’avoir les meilleures relations possibles avec nos publics ».
Il a fallu envoyer plusieurs rappels durant la pandémie de la Covid pour que l’évolution des textes soit effective. Il est vrai qu’il y a eu aussi des changements de personnes au sein du personnel de cette institution et, finalement, un nouveau directeur mis au courant de ce contentieux « textuel » chargea une de ses collaboratrices de prendre à bras le corps le dossier. Le 22 septembre 2022, une solution est trouvée pour que la distinction dans le texte entre spectacles en plein air ou en salle ne supporte plus aucune ambiguïté.
« La formulation nous semblait claire »
Cependant, une nouvelle phrase semble à nouveau imprécise. Il s’agit de : « Dans une telle hypothèse (interruption après la moitié de leur déroulement pour les spectacles donnés en salle), le Théâtre National proposerait une autre date de représentation ou à défaut le remboursement du billet ».
La direction du Théâtre est alors à nouveau questionnée : « Que ce passe-t-il, dans ce cas de figure, si votre théâtre propose effectivement une autre date de représentation et que celle-ci n’agrée pas le spectateur? Par exemple, il a déjà prévu une autre activité à cette date. Ou, touriste, il est reparti entretemps sur ses terres, etc. Cette situation n’est pas prévue dans votre texte. Dans ce cas-là, le spectateur, vous le remboursez ou vous ne le remboursez pas? Nous vous remercions beaucoup pour cette clarification ».
Dès le lendemain, vient la réponse: « Dans une telle hypothèse le Théâtre National Wallonie-Bruxelles proposerait, selon la préférence du spectateur, une autre date de représentation ou le remboursement du billet ». Notre interlocutrice tire ainsi enseignement de ces différents échanges: « Je vous avoue que la formulation me semblait claire et précise (…) Il est toujours intéressant de mettre en contraste ce que nous pensons être évident et la perception qu’en a une personne extérieure à notre maison. C’est de cette manière que nous pouvons évoluer. Je vous souhaite une belle journée ».
D’autres règlements de salles de spectacles ou de musées peuvent poser également question aux usagers.
D’où cette proposition : que tous les organismes culturels qui rédigent pareilles directives qui définissent leurs liens avec leur public (dont bien souvent de nombreuses interdictions ou restrictions) fassent donc vérifier leur copie par des experts des usagers culturels afin de découvrir leurs remarques, pour éventuellement en tenir compte, avant de donner leur feu vert pour publication et mise en application.