Le
16 janvier 2019, dès 19H, le jury siège pour décerner les Prix LUC
& FLOP 2018 aux meilleures et moins bonnes « pratiques » cultuelles
constatées en Belgique au cours de l’année 2018.
Il
devra choisir parmi les propositions suivantes qui sont classées
chronologiquement en fonction de leur découverte au fil de l’année 2018.
A : 22 propositions pour le Prix LUC
– 1 CINÉMA
Le
ciné Gedinne dans le Namurois a lancé un appel à obligation auprès des
spectateurs pour se rénover: «pour cent balles, on restaure un cinoche
de village».
– 2 MUSÉE
Élargir à un public jeune de plus en plus vaste la gratuité quotidienne.
À
Bruxelles, l’accès est désormais gratuit aux moins de 18 ans à
KANAL-Pompidou et aux musées fédéraux: Magritte, Musée d’Art et
d’Histoire, Musée des Instruments de musique, etc. Jusqu’il y a peu,
cette réduction quotidienne n’était destinée qu’aux moins de 6 ans
(comme c’est, hélas, toujours le cas pour le Musée des Sciences
Naturelles de Bruxelles).
Les
musées à mettre particulièrement sur le podium sont ceux appartenant à
la Ville de Liège qui ont adopté, eux, la gratuité quotidienne non pas
uniquement pour les moins de 18 ans, mais bien pour les moins de 26 ans.
– 3 SPECTACLE
L’habitude
d’indiquer les prix sur les affiches a largement disparu. Elle
permettrait pourtant en rue de comparer facilement les prix, ce qui ne
plait pas beaucoup à ceux qui pratiquent les prix les plus élevés. En
2018, quelques organisateurs vont à contre-courant: par exemple, le
festival Brossella Folk et Jazz de Bruxelles ou le spectacle «Gospel
Celebration» donné au Théâtre 140 à Bruxelles.
– 4 THÉÂTRE
Durant
sa saison 2017-2018, le Théâtre National de Bruxelles a réussi à
surtitrer tous ses spectacles en anglais (et parfois en néerlandais).
Selon son directeur Fabrice Murgia: «(…) Ainsi plusieurs représentations
ont attiré plus de 30% de spectateurs non francophones».
– 5 SPECTACLE
Le
11 juin 2018, la «Commission Infrastructure» du Parlement bruxellois a
voté à l’unanimité la proposition de résolution de Marc Loewenstein
(DéFI) qui oblige les organisateurs d’activités payantes (notamment
culturelles) dans la capitale et touchant plus d’un millier de personnes
à accorder la gratuité des transports en commun grâce à l’ «Event Pass»
(un code est prévu sur les tickets). Il s’agit d’un accès gratuit à
tout le réseau de la STIB durant la journée de l’événement, réseau de
nuit Noctis inclus. Avant cette décision politique, certains
organisateurs pratiquaient déjà cet «Event pass» de façon volontariste:
l’AB, Forest-National, le Théâtre National, etc. Pour «Couleur Café»,
sur les 60.000 entrées, on compte environ 10% d’usagers qui ont utilisé
cet avantage pour leur transport.
– 6 LIVRE
La
Foire du Livre de Bruxelles a permis d’asseoir pour l’avenir sa
gratuité quotidienne (avant l’entrée était payante), d’étoffer son
public (70.000 visiteurs en 4 jours) et surtout - fait nouveau - de
développer le nombre de ses exposants (de 198 à 235) notamment en
instaurant des frais de location plus attractifs pour les petits
éditeurs.
– 7 MUSIQUE
Enfin,
la Wallonie s’apprête à mettre en place des mesures contre le son trop
amplifié dans les salles de concerts et les festivals pour prémunir le
public d’un risque de lésion auditive irréversible. Une mesure similaire
est entrée en vigueur à Bruxelles en 2018, et en Flandre en 2012.
– 8 MUSÉE
«Toerisme Vlaanderen» s’oppose par lettre et clip à la censure artistique sur Facebook (notamment des nus de Rubens !).
– 9 MUSÉE
Deux
fois par an, le Musée d’Ixelles fait voyager dix toiles de sa réserve
pour s’exposer gratuitement chez des habitants d’un même quartier.
Ceux-ci «mettent en scène» chez eux l’œuvre qu’ils ont choisie et la
présentent à leurs proches le samedi, et à tout le public, le dimanche.
Cette activité est réalisée en collaboration avec «Patrimoine à
roulettes» et le personnel du musée apporte un soutien logistique aux
dix citoyens qui participent à cette action de démocratisation de la
culture.
– 10 MUSÉE
Le
21 mars 2018, a été adopté, à l’unanimité en commission, une résolution
initiée par Fabien Maingain, député bruxellois (DéFI), qui demande au
Parlement Bruxellois de considérer désormais que les diverses gratuités
des musées dans la capitale (musées gratuits tous les jours, gratuité du
1er mercredi du mois, gratuité du 1er dimanche du mois) soient
considérées comme un argument utile au tourisme et de mettre en place
une promotion récurrente de celles-ci.
– 11 FESTIVAL
Pour
entrer c’est 3 piles usagées ou 3 euros au «Festival Absolument Gratuit
2018» (3 et 4 août 2018) à Genk. Les bénéfices de l’opération servent à
planter des arbres.
– 12 FESTIVAL
La
ville de Gand a décidé d’interdire les gobelets jetables lors de ses
célèbres Gentse Feesten. Il s’agit d’un mouvement qui se développe en
Wallonie aussi: après La Semo, voici les Francos, Esperanzah!,
Ronquières, Verdur Rock.
Hélas,
il reste encore chaque année dans les festivals près d’un milliard de
gobelets jetés et des prairies dévastées car jonchées de gobelets
écrasés, enfouis sous plusieurs couches de terre ou mélangés à la boue.
Comme c’est parfois la commune ou la ville qui se charge de ramasser les
déchets, certains organisateurs n’ont pas intérêt économiquement à
passer au réutilisable, d’où l’importance de l’initiative de Gand.
– 13 FESTIVAL
L'ASBL
Be WaPP a sensibilisé les festivaliers à la pollution occasionnée par
les mégots de cigarettes en distribuant des cendriers de poche.
Rappelons qu’un filtre à cigarette abandonné se dégrade seulement au
bout de douze à quinze ans.
– 14 LIVRE
Régulièrement
le quotidien L’Avenir (édition pour le Luxembourg) consacre deux pages
(avec annonce en «une») à la présentation de nouveaux livres tout en
faisant une promotion intelligente des librairies. Les animateurs de
celles-ci commentent leurs trois sorties préférées et une photo les
présentent. Une librairie par ville: Marche, Bastogne, La Roche,
Libramont, Neufchâteau, Virton, Vielsalm. Et pour Arlon, deux
librairies.
– 15 LOCATION DVD
Les
loueurs de DVD ont la vie particulièrement dure mais ce ne sont
peut-être pas les plus commerciaux qui auront la vie sauve! À l’inverse
de ceux-ci, «Vidéo Express» (de St Gilles, Bruxelles), qui sélectionne
plutôt la qualité et la diversité, déploie petit à petit son public en
demandant à des personnalités de sélectionner 80 de leurs œuvres chéries
ou trouvailles. Les jaquettes de ces DVD sont placées en vitrine et mis
en location durant un trimestre. Ceci permet d’attirer de nouveaux
clients mais l’initiative aiguise souvent aussi la curiosité du public
qui fréquente déjà l’officine. L’asbl «Les amis de Vidéo Express» a
récolté des financements d’usagers sympathisants et achète les DVD
sélectionnés s’ils ne font pas déjà partie du patrimoine du loueur.
– 16 BIBLIOTHÈQUE
Contrairement
à ce que certains pourraient imaginer, les bibliothèques en Fédération
Wallonie-Bruxelles se portent plutôt bien. En presque dix années, on
constate une fréquentation en légère hausse et une prise en compte de
l’évolution des besoins des usagers (moins de prêts de livres et
davantage d’animations, développement d’espaces numériques, présence
accrue d’adolescents cherchant un lieu calme pour étudier, etc.).
– 17 LIVRE
Popularisation
par «Rent a Book» de la location du livre scolaire. Acheté par son
destinataire à 100% du prix, le retour du livre rapporte à celui-ci en
fin d’année scolaire s’il n’a pas été abîmé 65% du prix qui lui est
remboursé. Un ouvrage peut s’offrir quatre vies. L’association traite
ainsi près de 100.000 livres en une année surtout en Brabant wallon et
Hainaut.
Une
restriction, peut-être...: l’enfant ou l’ado ne découvre plus le chemin
qui l’aurait mené au libraire grâce à cet achat scolaire à faire mais
l’avenir du livre pour une nouvelle génération n’est-il pas d’apprendre à
bien utiliser internet?
– 18 CINÉMA
«L’Écran
des possibles» propose en Wallonie des mallettes dans lesquelles il y a
deux DVD (un long et un court métrage) de type «positifs» (comme le
film «Demain») axés sur l’agriculture et l’alimentation, l’éducation, la
mobilité, l’énergie, les déchets, etc.
Celles-ci
sont acheminées vers ceux qui organisent des projections (de la salle
de cinéma à la prison ou à la maison médicale!) via l’infrastructure de
PointCulture ou par la poste. Il y a également des fiches pour
documenter un accompagnement du film et la possibilité d’inviter des
experts-conférenciers. L’opération est gratuite car financée (pour un
an) par le Ministère Wallon de la Transition Écologique.
– 19 FESTIVAL
Des
tonnes de matériel en bon état (tentes, sacs de couchage, bâches, etc.)
sont abandonnés sur les sites des festivals d’été. Plutôt que de jeter
tout ceci (ce qui ne coûte souvent pas à l’organisateur mais à la ville
ou à la commune), L’After festival RECUP récupère et diffuse ce qui est
récupérable, après nettoyage, pour les moins nantis (cette opération
s’est déroulée notamment au Tomorrowland).
– 20 ENQUÊTE
L’Observatoire
des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles publie
une enquête menée par le directeur de recherche Roland de Bodt dans
trois numéros de la revue «Repères» (octobre, novembre et décembre 2018)
sur «Libertés culturelles & droits des usagers». Michel Guérin, le
directeur-coordinateur de l’Observatoire, dans l’avant-propos, espère
que cette somme deviendra «un réel instrument de travail pour progresser
dans la connaissance et les débats relatifs à la mise en œuvre concrète
des droits de toutes celles et de tous ceux qui participent à la vie
culturelle, leur vie culturelle». L’enquête est présentée gratuitement
sous une version numérique à télécharger: www.opc.cfwb.be (une version imprimée est également annoncée).
PROPOSITIONS COMPLÉMENTAIRES POUR LE PRIX LUC
(Jusqu’au 4/1/019, chacun pouvait émettre d’autres propositions)
21
: THÉÂTRE : Pour les fêtes de fin d’année 2018, le Théâtre de Poche a
proposé un « Pass Cadeau » qui permet au public de jeter des ponts entre
plusieurs disciplines : pour 35 euros, trois places de théâtre + une
place de cinéma + une entrée dans un musée + de la lecture avec un
numéro surprise de la revue « Médor ».
22 : MUSEES
: Le « MuseumPASSmusées » permet de visiter plus de 120 musées belges
pour 50 euros pendant un an. Son prix est réduit à 10 euros pour
quelques associations d’aide aux plus démunis.
Il
ne s’agit donc pas d’une gratuité muséale pour tous (quotidienne ou
mensuelle) mais d’une opération collective de réduction. La gratuité est
un droit acquis du public qui existe depuis plusieurs siècles dans de
nombreux pays et ce serait donc un recul pour les usagers d’ignorer
ceci.
En
Belgique, la « marche arrière » est déjà fort regrettable : dans les
plus grands établissements, on est passé de la gratuité quotidienne à un
jour de gratuité par mois pas pour tous (le 1er mercredi du mois) ou
pour tous (le 1er dimanche du mois). Nouveau recul : l’Africa museum de
Tervueren a supprimé en 2019 sa gratuité du premier mercredi du mois.
Ce
qui est intéressant dans ce MuseumPASSmusées, c’est qu’il constitue
pour les personnes qui vont déjà régulièrement aux musées une aubaine
économique qui peut les pousser à aller plus souvent dans des
institutions qu’ils ne connaissent pas encore et revenir régulièrement
dans celles qui leur sont déjà familières ou proches, par exemple pour
retrouver souvent une oeuvre qu’ils apprécient particulièrement.
Si
cette réduction sera sans doute lourde à digérer (l’institution
participante recevra 60% du prix du ticket) et à gérer pour certains
musées (quitte à augmenter la tarification habituelle?), il est vrai
également que, n’ayant plus à payer pour entrer dans l’institution le
jour de sa visite, des visiteurs seront davantage en situation
psychologique d’ouvrir leur porte-feuille pour se faire un plaisir
supplémentaire : payer le ticket de l’expo temporaire, fréquenter le
shop ou le café-restaurant.
Cette
initiative permettra-t-elle de trouver de nouveaux publics sur le long
terme? Ce pari n’est peut-être pas gagné. Il faut souligner qu’il faudra
bien souvent payer en plus pour découvrir les expositions temporaires (
pour le vaste public, souvent bien plus attractives que les fonds
permanents si peu médiatisés). Alors, si vous n’êtes pas riche, que les
musées ne sont pas (encore) votre tasse de thé, que vous n’avez pas de
voiture et que vous habitez une ville comme Bruxelles où il y a beaucoup
de musées participants, c’est peut-être encore jouable. Mais si vous
habitez par exemple à Arlon ou Coxyde, et tant d’autres villes ou
villages, il devient sans doute plus aléatoire que cette offre à
réduction vous tente.
B : 14 propositions pour le Prix FLOP
– 1 CINÉMA
La
ville de Mons (propriétaire des murs) et le conseil d’administration du
cinéma Plaza Art sont incapables de prendre leurs responsabilités par
rapport à la déliquescence de l’infrastructure de la salle, ce qui a
mené à sa fermeture qu’on espère que provisoire. «Un arbre qu’on coupe
en pleine vie» a constaté l’un des «frères» cinéastes, Jean-Pierre
Dardenne.
– 2 CINÉMA
Contre
les distributeurs de films qui ne prévoient pas de vision de presse ou
qui programment celle-ci pour que les articles dans la presse écrite ne
puissent sortir à temps.
Régulièrement,
en France, l’hebdomadaire Télérama signale minutieusement chacun de ces
cas à ses lecteurs. C’est moins souvent le cas chez nous. Avec des
exceptions. Exemple: comme le film «15H17» de Clint Eastwood est sorti
en France avant la Belgique, Fabienne Bradfer l’a vu en salle à Paris et
publie sa critique bien à temps dans «Le Soir» du 9 février 2018 en
notant: «En France, le film n’a pas été montré en amont à la presse. En
Belgique, la vision réservée aux journalistes est programmée la veille
du 22 février après-midi. Pourtant ce film est très attendu. La
stratégie du secret est souvent mauvais signe...».
– 3 MUSÉE
Le
nouveau musée bruxellois KANAL-Centre Pompidou largement subsidié et
pratiquant quotidiennement une tarification parmi les plus élevées de
Bruxelles ne prévoit aucune journée de gratuité mensuelle, alors que
pareil avantage destiné à tout le public est devenue une pratique
normale dans nos institutions muséales.
– 4 CINÉMA
L’augmentation
du ticket du complexe Kinepolis de Bruxelles est plus importante que le
niveau général des prix estimé par l’indice des prix. Il est vrai que
les salles de cinéma ont dû financer de lourds investissements en
matériel de projections mais dans ce complexe cinématographique cette
évolution de la tarification se double d’un prix très élevé pour la
nourriture et les boissons: «19,60 euros pour un Coca, 400 grammes de
bonbons et deux petits sachets de pop-corn».
– 5 MUSÉE
De
façon générale, est-il préférable que l’audio guide soit facultatif et
se loue en supplément au prix du ticket? Oui, parce qu’une partie non
négligeable de visiteurs préfère la visite d’un musée sans audio
guide.Mais il y a quelques exceptions où pratiquer l’inverse est
préférable, lorsque l’audioguide est vraiment indispensable à la visite
comme par exemple au Musée Hergé de Louvain-la-Neuve ou à la Maison de
l’Europe à Bruxelles. C’est également le cas du Musée des Instruments de
Musique de Bruxelles (MIM). L’audioguide permet d’ «écouter» les très
nombreux instruments exposés dans les vitrines. Une visite passée à
uniquement les regarder serait fort réductrice.
Jusqu’en
2017, le ticket du MIM comprenant l’usage de l’audioguide coûtait 8
euros. En 2018, l’usage de l’audioguide est devenu facultatif et sa
location coûte 2 euros (à ajouter au nouveau prix de 10 euros du
ticket).
Rendre
facultatif l’audioguide alors qu’il a toujours été considéré comme
indispensable nous semble être une faute grave. Il faut savoir que la
maxime du MIM mise en exergue sur son site a été retirée en 2017.
C’était «Vous allez voir ce que vous allez entendre». La responsabilité
de cette faute est à attribuer non pas au musée lui-même mais à la
ministre de la Politique Scientifique (à l’époque NVA) qui fixe la
tarification des musées fédéraux.
La
bonne volonté du service de communication du MIM lui-même se concrétise
par le fait qu’il a ajouté, lors d’une réimpression de ses flyers, à
côté du mot « audioguide » l’expression « conseillé - aanbevolen -
advised ».
– 6 FESTIVAL
Il
faudrait inscrire dans les dictionnaires une définition précise du mot
«senior». Par exemple, personnes âgées de 60 ans et plus. Au fil des
années, les activités socio-culturelles dévoient les droits de cette
catégorie d’usagers en leur réservant des avantages comme une réduction
non plus aux plus de 60 ans comme c’était de tradition, mais aux plus de
65 ans (Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique) ou même aux plus de
68 ans (BOZAR). De même, en 2018, les Francofolies de Spa ont fait
passer de 65 à 70 ans l’âge à partir duquel un avantage (entrée gratuite
dans une grande partie du site) était octroyé aux Spadois pour
compenser les inconvénients qu’ils devaient affronter dans leur
quotidien dû à l’affluence de ces festivités: bruits, rues barrées,
passage non autorisé de voitures, etc.
– 7 CINÉMA
Les
amateurs de salles d’art et d’essai bruxellois ne peuvent admettre un
régime de faveur outrancier, discriminatoire économiquement parlant, mis
en place par les autorités politiques pour une nouvelle salle, Le
Palace (inaugurée fin février 2018), qui risque de mener à la faillite
d’autres salles qui vivent difficilement, bien qu’elles aient réussi à
se fidéliser un public, année après année, avec des aides sans commune
mesure à celle accordée à la nouvelle venue. Il s’agit du Nova, du
cinéma Galeries, de l’Actor Studio, etc. En 2018, la ministre Greoli
(CDH) «trouve tout-à-coup 110.000 euros d’une enveloppe inconnue (pour
Le Palace) alors que les Galeries voient leurs subsides réduits de
15.000 euros» (La Libre, 18 janvier 2018). Et le Nova connaît un
problème analogue. Couper le ruban d’une nouvelle salle est merveilleux
mais cela ne doit pas signifier le risque d’envoyer trois autres
expériences qui n’ont pas démérité à l’abattoir. Quelques mois après
l’ouverture du Palace, l’Actor Studio a dû fermer ses portes (pour
plusieurs raisons dont sans doute celle-ci).
– 8 MUSÉE
Depuis
l’été 2018, de nombreuses toiles majeures habituellement exposées à ses
cimaises ont été prêtées par le Musée Magritte Muséum de Bruxelles au
SFMOMA de San Francisco.
Cet
acte n’a rien de répréhensible. Il fait partie de l’activité muséale,
sauf que la direction du musée a organisé sa communication afin que le
public ne puisse pas savoir combien de toiles seraient absentes à
Bruxelles, et n’a pas divulgué les titres de celles-ci.
Au
même moment, se déroulait une campagne de promotion de grande ampleur
dans le métro bruxellois où l’on voyait une reproduction de grande
taille de «L’Empire des lumières», l’emblème du musée, émigré aux USA!
De quoi induire en erreur les futurs visiteurs. Sans doute le musée ne
pouvait pas interrompre cette campagne qui se déroulait à une période
malencontreuse. Mais raison de plus pour indiquer au comptoir, au 3 rue
de la Régence (où s’achètent beaucoup de tickets) le nombre d’œuvres non
exposées et les titres de celles-ci, en guise d’avertissement. Ce qui
n’a pas été le cas. De plus, le musée a refusé de rembourser le ticket
d’un visiteur irrité par ce fait. Plainte a été déposé au Médiateur
fédéral (la décision de ce dernier est attendue).
– 9 CINÉMA
La
moitié des cinémas en Wallonie imposent la version française doublée
des films en langue étrangère. 12 sur les 22 salles les plus importantes
(d’Arlon à Mouscron) programment celle-ci au public. Le Soir (30 mai
2018): «(...) Les cinéphiles migrent désormais vers Bruxelles (...)
Dommage que nos cinémas n’aident pas la Belgique à casser son image de
cancre en langue étrangère».
– 10 EXPOS
BOZAR
trompe? «Klimt, et surtout les autres à Bozar»: ce titre de l’article
de L'Avenir (24 septembre 2018) est explicite, surtout quand la
journaliste Marie-Françoise Gihousse détaille: «Un thème un peu
trompeur. L'exposition met en avant par son titre Beyond Klimt, et son
affiche, un artiste connu du grand public. C'est de bonne guerre mais,
autant savoir, il y a très peu d'œuvres de Klimt, de Schiele ou encore
de Mucha à Bruxelles». Ce n’est pas la première fois que Bozar utilise
ce procédé pour «vendre» ses expos.
PROPOSITIONS COMPLÉMENTAIRES POUR LE PRIX FLOP
(Jusqu’au 4/1/019, chacun pouvait émettre d’autres propositions)
11
: EXPOSITION : Des expositions qui sont accessibles en semaine
seulement jusqu’à une heure où il est impossible pour la population
active de s’y rendre et qui pratiquent durant les week-ends un tarif
plus élevé qu’en semaine font de la discrimination à l’égard de plus de
la moitié de la population : les travailleurs et les étudiants qui
d’ailleurs ont parfois, voire souvent, bien du mal à boucler leur fin de
mois.
C’est
le cas depuis le 22 septembre 2018 et jusqu’au 2 juin 2019 à Liège pour
l’exposition « Gereration 80 expérience » d’Europa Expo dans le cadre
de la gare de Calatrava.
C’est
également d’actualité du 10 octobre 2018 et jusqu’au 27 janvier 2019
pour l’exposition « Van Gogh : The Immersive Experience » dans les
locaux de la Bourse, à Bruxelles.
12
: TARIFICATION : S’il est regrettable mais sans doute justifié que
l’âge auquel la réduction « senior » s’adapte à cause de l’évolution de
l’espérance de vie, les excès de zèle en cette matière sont
inadmissibles. Alors qu’un certain nombre d’acteurs culturels sont
passés de 60 à 65 ans, il est très regrettable que BOZAR ose faire
cavalier seul en pratiquant le « + de 67 ans ».
13
: EXPOSITION : Plusieurs visiteurs sont irritées par la tarification de
l’exposition « Van Gogh : The Immersive Experience » qui se déroule
dans les locaux de la Bourse, à Bruxelles, du 10 octobre 2018 et
jusqu’au 27 janvier 2019. Le tarif plein y est fixé à 14 euros 50 en
semaine, et à 16 euros 50 en week-end.
14
: EXPOSITION : Le présent point est sans doute à ajouter au point 8
(qui aborde la même thématique à propos du musée Magritte museum).
Du
21 décembre 2018 au 18 août 2019 se tient à La Boverie de Liège
l’exposition temporaire « Liège. Chefs-d’oeuvres » qui se définit comme
un voyage inédit à travers « (…) 200 oeuvres-phares » de la collection
du musée des Beaux-Arts de Liège.
La
promotion (dépliants, affiches, site), propose une liste d’une
vingtaine de noms de famille d’artistes exposés, en lettres majuscules.
Ceux-ci ne sont pas présentés par ordre alphabétique mais apparemment
par ordre d’importance. Le nom de PICASSO figure en deuxième position
(après INGRES, et suivi par ENSOR, MONET, GAUGUIN et LÉGER dont les
oeuvres constituent depuis longtemps les « oeuvres-phares » de
l’institution).
Est
bien exposée une toute petite toile, un nouveau prêt, de Picasso,
« Deux têtes », pas mise en évidence puisque placée tout en haut d’un
panneau, quasi invisible pour les visiteurs qui font moins de 1m70…
Il
ne s’agit bien entendu pas de la fameuse oeuvre de Picasso détenue par
le musée, l’un de ses « must » célébré depuis son acquisition en 1939
dans tous les guides touristiques : « La Famille Soler ». L’une des
toiles maîtresses de l’historique acquisition de la Ville de Liège lors
de la vente d’art « dégénéré » (selon les nazis) à Lucerne : https://www.laboverie.com/les-collections/le-musee-des-beaux-arts/historique-des-acquisitions-de-la-ville-de-liege/les-acquisitions-de-la-ville-de-liege
En
fait, cette toile n’est pas exposée, du moins durant les premiers mois
de l’exposition « Liège. Chefs-d’oeuvres » car ce tableau imposant qui
est classé « trésor » par la Fédération Wallonie-Bruxelles a été prêté
au Musée d’Orsay de Paris pour son exposition « Picasso. Bleu et rose »
(du 18/09/2018 au 06/01/2019).
Il
ne s’agit pas ici de critiquer cette absence mais de dénoncer le fait
que l’affichage et les dépliants peuvent laisser imaginer que « La
Famille Soler » est bien exposée. Plusieurs gardiens de La Boverie ont
d’ailleurs confirmé à un visiteur que plusieurs personnes leur avaient
demandé où était placée cette toile et avaient regretté son absence.
Ce
n’est pas respecter le visiteur que de ne pas placer un avis précis sur
cette absence, notamment sur le comptoir à l’entrée, ce qui permet au
public d’avoir connaissance du contenu de l’exposition avant d’acheter
son ticket.
La
direction actuelle du ce musée qui est situé dans le Parc de la Boverie
semble avoir oublié que lorsque leur institution se dénommait « Musée
d’Art Moderne et d’Art Contemporain » (MAMAC), la toile « La famille
Soler » (1903) avait déjà beaucoup circulé et fut notamment présentée à
l’exposition « Picasso et les Maîtres » du 8 octobre 2008 au 2 février
2009 aux Galeries Nationales du Grand Palais à Paris. À un visiteur
irrité de n’avoir pas été informé en temps utile (avant l’achat de son
ticket) de cette absence des cimaises liégeoises, la conservatrice de
l’époque, Françoise Safin Crahay, avait répondu le 16 juillet 2009 : «
(…) Je retiens votre idée de signaler l’absence d’œuvres (du moins
celles qui sont dans le dépliant), au comptoir d’entrée, afin d’éviter
toute surprise au visiteur ».